Communiqué de La Brique à propos de la soirée du 14 janvier au CCL

Publié le par la Rédaction

 

Vendredi 14 janvier, au cours de la soirée de La Brique qui se déroulait au Centre Culturel Libertaire (CCL), une altercation a servi de prétexte à un exercice de harcèlement grandeur-nature : 53 personnes arrêtées, plus de 15 heures de garde à vue, jamais on n’a autant «embarqué» d’un coup. Rétablissons la vérité face aux versions policière, journaliste et fasciste qui circulent à propos de cette soirée.

 

On organise une fête hip-hop. Le début de soirée se passe bien. Les DJ et les rappeurs assurent, l’ambiance est bonne. Au delà des habitué-es du lieu, plein de personnes viennent pour la première fois.

 

À l’extérieur, une banale embrouille comme on en voit tous les week-ends dans n’importe quel bar ou discothèque débouche sur l’arrivée de deux flics qui, comme à leur habitude, font dégénérer la situation en voulant embarquer des gens au hasard. La lacrymo est utilisée une première fois. Tout le monde se retranche dans le CCL. En bas, la fête continue. Certains ne sont toujours pas au courant de ce qui se passe en haut.

 

Avec une étonnante rapidité, les flics se jettent comme des enragés sur les lieux et assiègent le local fébrilement barricadé. Pour nous faire sortir, ils envoient du gaz lacrymogène par les extrémités de la porte d’entrée et par une fenêtre qu’ils ont cassée. L’atmosphère devient irrespirable.

 

Asphyxiées, les premières personnes tentent de sortir mais sont directement frappées à coups de tonfa, jetées à terre, insultées, menottées. Les flics regazent un coup alors que l’on continue de sortir. L’intervention est d’une brutalité hallucinante. Nous sommes ensuite embarqués dans les fourgons, et on se retrouve toutes et tous dans les geôles du commissariat central de Lille-Sud.

 

À ce moment l’incompréhension est totale. Les flics se défoulent. La violence atteint des sommets tristement ordinaires dans les geôles de France : injures racistes, sexistes, homophobes, humiliations, coups, mauvais traitements, pas d’eau ni d’alimentation pendant des dizaines d’heures, non assistance aux personnes évanouies ou suffocantes…

 

Au départ, le «pronostic vital» d’un flic serait engagé. Comme à leur habitude, les larbins de la presse régionale s’empressent de relayer la version policière, trop contents de semer le doute sur un graffiti «à caractère raciste et injurieux», et de taper sur notre journal et le CCL. Aucun policier n’«a été entraîné de force dans les locaux et molesté». Au final, un flic serait en état de choc, sans même un ongle retourné. Conclusion : 53 arrestations, deux procès pour «jet de projectiles» et «violences sur agent»… pour rien.

 

Tous ces faits ne sont pas si exceptionnels. Surtout ici, à Wazemmes, dans ce quartier populaire et vivant attaqué depuis quelques années par une entreprise de nettoyage social menée conjointement par les flics, les urbanistes, la mairie et ses supplétifs sociaux. Le Centre Culturel Libertaire (CCL) fait partie des indésirables qu’il convient de faire déguerpir. Tout comme le raid policier organisé rue Jules Guesde il y a quelques mois, ce qui nous est arrivé vendredi soir est malheureusement récurrent à Wazemmes et dans les autres quartiers populaires lillois. Il s’ajoute à une présence policière continue dans le quartier et aux contrôles d’identité intempestifs…

 

Moins banal en revanche, c’est la rafle, le fichage, la rétention de plus de 50 personnes d’un seul coup, la réquisition d’affiches, brochures et littérature au sein d’un lieu politique. C’est dans un but politique, de contrôle et d’intimidation que cette opération a été menée.

 

Bien évidemment, nous apportons tout notre soutien aux inculpés. Mais nous témoignons également notre soutien total aux personnes du quartier qui pourraient s’estimer blessées par des tags idiots [Pour que les choses soient claires, un individu pose depuis plusieurs années «cochon» sur tous les murs de la métropole, y compris ceux de magasins tels que les kebabs ou autres épicerie arabes. Une signature salement inopportune dans une société raciste qui stigmatise sans relâche les musulman-es.], pour lesquels le CCL et La Brique déclinent toute implication.

 

Pour finir, le collectif de La Brique aurait un conseil à donner à celles et ceux que ça ne dérange pas de colporter l’image d’un collectif qui ne prendrait pas la mesure, voire qui en rajouterait, dans le racisme ordinaire et la guerre entre les pauvres : apprenez à lire et demandez-vous à qui servent ces amalgames trop faciles. Bien sûr, et comme tout le monde, on n’est pas sauvé-es de certains déterminismes sociaux. Et on est prêt-es à en discuter. Mais surtout, vous observerez dans nos pages qu’on a toujours défendu les enfants de colonisés stigmatisés par l’État et une presse aux ordres, qu’on s’est toujours positionné du côté des femmes — voilées ou non —, des quartiers populaires, des victimes de bavures, des émeutiers, des engeôlé-es, des vandales, des crève-la-dalle…

 

Encore une fois : plus de hip-hop et moins de flics — dans la rue des Postes comme dans toutes les autres.

 

Allez, salut. 

 

La Brique, 18 janvier 2011.

 

 

Interpellation de 50 militants à Lille : le CCL dénonce un «amalgame injuste» 

 

Les militants d'extrême-gauche nient formellement être liés à l'agression d'un policier dans la nuit de vendredi aux abords du Centre culturel libertaire (CCL) situé rue de Colmar. Une cinquantaine de personnes avaient été interpellées. Deux d'entre elles seront bientôt jugées.

 

Que s'est-il réellement passé dans la nuit de vendredi, aux abords du Centre culturel libertaire (CCL), situé rue de Colmar à Wazemmes, à une centaine de mètres seulement de la très passante rue des Postes ? Au CCL, centre autogéré par des militants d'extrême-gauche, se déroulait un concert de hip-hop. Mais tout va basculer vers 4 heures du matin, avec l'intervention massive des policiers. Des affrontements vont avoir lieu avec un bilan de 52 personnes placées en garde à vue, et un fonctionnaire qui aurait été frappé.

 

Difficile de connaître les faits exacts tant les versions divergent. La police est appelée par des riverains, alors qu'un individu tague des voitures, des façades de maisons et des commerces le long de la rue des Postes. En voulant l'interpeller, l'homme se serait jeté sur l'un des policiers. Plusieurs individus qui seraient sortis du CCL lui auraient prêté main forte en voulant traîner le fonctionnaire vers le centre. Il aurait été dégagé par son coéquipier à l'aide de gaz lacrymogène. Rapidement, un important dispositif de renfort investit les lieux. Une cinquantaine de personnes qui participaient à la soirée finiront en garde à vue.

 

Injurieux ?

 

Cette version est vertement démentie par les membres du centre culturel, qui martèlent qu'à aucun moment, des militants d'extrême-gauche se sont mêlés à cette affaire. «Le concert se déroulait tranquillement, raconte l'une des membres du centre. La porte était fermée, d'un seul coup, il y a eu une charge de flics qui a débarqué. On a été gazé.» Certains ont été pris de panique. Selon cette militante, le CCL n'a été à aucun moment, d'une façon ou d'une autre concernée. Alors qu'est-ce qui aurait conduit les policiers, intervenant pour une interpellation rue des Postes, à s'engouffrer au centre de la rue Colmar ? Les personnes impliquées dans les échauffourées pouvaient-elles être présentes dans la salle ? «C'est un lieu libre et ouvert à tous, nous n'avons pas contrôlé qui se trouvait à l'intérieur», explique-t-on.

 

De plus, les tags en question étaient qualifiés d'injurieux, voire «islamophobes». Il s'agissait du mot «cochon» qui a été tagué un peu partout, notamment sur un rideau métallique d'un snack hallal. «Comment on peut être lié à un tag islamophobe, alors qu'on refuse toutes les réflexions à caractère sexiste, raciste, islamophobe, au mépris des classes ?», s'indigne-t-on au CCL.

 

Le gérant du snack Agadir, situé dans la rue des Postes, visé par ces inscriptions, évoque juste un acte de stupidité et n'y voit aucune arrière pensée. «C'est juste un mec qui devait être bourré», sourit l'homme avant d'affirmer qu'il n'a jamais eu aucun problème avec les militants d'extrême-gauche basés à deux pas de son commerce.

 

Aujourd'hui, les militants s'insurgent contre la pénétration des policiers dans leurs locaux, à qui ils reprochent de les avoir «saccagés», d'avoir «retourné tables et chaises». Des documents de nature politique auraient aussi été emportés.

 

Ce week-end, les membres du CCL ont donc demandé la libération de la cinquantaine de personnes, arrestation qui est le fruit selon eux, d'un «amalgame injuste». Progressivement, ils ont tous été remis en liberté dans la soirée de samedi. Sauf deux individus âgés d'une vingtaine et d'une trentaine d'années. Hier, ils ont été placés sous contrôle judiciaire et seront jugés le 2 février prochain. Ils sont notamment poursuivis pour violences ayant été suivies d'une incapacité de travail inférieure à huit jours, commises en réunion, en état d'ivresse et contre une personne dépositaire de l'autorité publique. C'est ce qu'indiquait hier soir le parquet de Lille. Le centre culturel libertaire regrettait quant à lui d'avoir été sali dans cette affaire. 

 

Leur presse (Morad Belkadi,
Nord Éclair), 18 janvier.

 

 

Affaire du CCL : le «Cochon» n'était pas islamophobe

 

Il s'appelle «Cochon», un tagueur qui sévit depuis quelque temps à Lille. Tagueur qui pourrait bien être à l'origine de l'interpellation d'une cinquantaine de personnes dans la nuit de vendredi. Explications.

 

Il continue son irrésistible ascension dans les rues de Lille. Celui qui se cache derrière la signature «Cochon» est passé par la rue du Faubourg de Roubaix qui a fait les frais de son «blaze». Hier encore, on pouvait y voir des dizaines de tags, parfois la simple inscription du nom du mammifère, suivi de la mention EL 07. Sur d'autres murs, c'est carrément la tête de l'animal qui y est dessinée. Qui est ce nouveau tagueur des rues lilloises ? En quelques semaines, «Cochon» est devenue la bête noire de la société Stop-Graff, chargée par la ville de supprimer les inscriptions.

 

«Sa signature est apparue il y a environ un mois et demi, deux mois, explique un employé. On l'a d'abord vu apparaître dans le quartier de Saint-Maurice, puis ça s'est très vite répandu dans le centre, certaines zones du Vieux-Lille, et les passages très fréquentés.» Chez Stop-Graff, on pense que l'individu pourrait être originaire de Saint-Maurice, et proche d'une autre grande signature du tag lillois, qui répond au doux nom de «San Momo». Enfin bref, si ce tagueur fait autant parler de lui, c'est bien parce qu'il pourrait être à l'origine d'un gros imbroglio dans la nuit de vendredi à samedi, rue des Postes.

 

Une cinquantaine de personnes ont été interpellées (nos éditions précédentes). Vers 4 heures, des riverains composent le numéro de police secours, alors qu'ils aperçoivent un accro de la bombe à peinture sévir sur des voitures, des façades de maisons et de commerces. Partout le mot cochon. Sauf que le tagueur a eu la mauvaise idée de s'en prendre à un snack hallal, et certains ont cru à une insulte à caractère… islamophobe. Deux policiers arrivés sur place vont tenter de l'interpeller, et pour des raisons qui sont encore floues, des affrontements vont avoir lieu avec des personnes qui assistent à un concert au Centre culturel libertaire (CCL), à une centaine de mètres plus loin dans la rue de Colmar. Bilan : une soirée interrompue et une cinquantaine de gardés à vue. Une longue liste d'interpellations où ne figurerait pas le tagueur en question. Il aurait pu prendre la fuite. Et retaguer de plus belle. Le cochon ! 

 

Leur presse (Morad Belkadi,
Nord Éclair), 19 janvier.

 


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<br /> <br /> Bal tragique à Lille : un policier égratigné, 53 interpellations: http://www.lille43000.com/content/view/387/1/<br /> <br /> <br /> <br />
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