Colère au 104, en réponse au projet "Outrage et rébellion"

Publié le par la Rédaction

Colère - En réponse au projet «Outrage et rébellion», des spectateurs non réconciliés

Ce samedi 27 février une trentaine de personnes se sont invitées à la projection de Outrage et rébellion au 104, exigeant la gratuité ou le prix libre de cette projection dont l’argent de la recette devait être reversé au comité de soutien et au technicien qui assurait la projection. Deux motifs, entre autres, furent évoqués :
1. Le comité de soutien n’existe pas et s’il existe, c’est nous et nous choisissons d’inviter tous les spectateurs !
2. Le 104 subventionné annuellement à hauteur de 8 millions ne peut-il assurer le paiement d’un technicien en dehors de l’argent des recettes d’une projection «politique» dont tous les films furent réalisés gratuitement ?

Après discussion avec les caissières, les organisateurs et la régisseuse de salle qui menaçaient d’annuler la projection, le directeur (démissionnaire) convoqué sur place, ouvrit la projection à prix libre, tout en rappelant les tarifs en vigueur qu’il ne connaissait pas bien : «5 euros pour le tarif normal et 3 euros pour les cas … qui ne sont pas normaux» (sic).

Un texte qui contextualisait cette séance (
ci-dessous) a été lu en ouverture suivi du texte «Colère». Après un départ houleux, les films furent projetés puis le débat commença dans l’indifférence des organisateurs et réalisateurs pour les premiers concernés par les évènements du 8 juillet à Montreuil. Ce qui donna lieu à une interruption pour tenter de changer les termes de la discussion. Très vite l’organisateur mit fin à la discussion, suivi d’une partie de la salle et de la plupart des réalisateurs, qui visiblement prirent peur de cette confrontation avec le réel. Ce qui s’échangea par la suite, fut fort intéressant et donnera lieu à un compte-rendu détaillé, plus tard…

Contact
CIP-IDF, 1er mars 2010.

Le texte «Colère» a été écrit suite au projet de Nicole Brenez et Nathalie Hubert exposé sur médiapart dans sa totalité : quarante films, un par jour, quarante images sur lesquelles nous pouvions cliquer à loisir, choisissant librement l’icône favorite. La présente projection au 104, ce samedi 27 février, était alors annoncée comme l’avant-première de ce film collectif Outrage et rébellion dans sa version totale soit 180 minutes. Une autre projection intégrale le 29 avril à l’Institut de l’image à Aix-en-Provence était également annoncée, ceci a changé depuis. Nous ne doutions pas alors de la volonté de faire événement avec ce film. Le site du film en atteste également. «Colère» fut écrit pour refroidir cette ardeur évènementielle.
De même, il fallut, cet été, couper court aux dépêches AFP qui inondaient les journaux de leurs mensonges. Nous avons regardé tous ces films la première fois comme ils se proposaient d’être partagés avec le public, l’accumulation rendant vite ineptes formes et propos, annihilant toute tentative de pensée. Ce projet accumulatif et sincère nous semble au lieu de solidarité véritable et d’expérience partagée se gargariser de sa propre existence, s’annonçant comme l’exploit d’un renouveau du cinéma militant, un événement sur l’événement. Les réalisateurs, par leur geste, répondirent sans doute à l’impuissance politique des temps présents «je peux enfin faire quelque chose». Peu semblent avoir questionné la pertinence ou l’ineptie de l’ensemble. Que cette projection dite d’avant-première se tienne au 104, morgue culturelle de la politique de Bertrand Delanoë, nous apparaissait tout aussi symptomatique.
Un des quartiers les plus pauvres de Paris s’est vu offrir le cadeau le plus luxueux, le plus coûteux et le plus vaste … «de la beauté avant toute chose» clame son réalisateur. Au nom de cette beauté la plus-value a grimpé, on a relégué les pauvres de la rue d’Aubervilliers dans des banlieues plus lointaines et le nettoyage, on n’en doute pas, ne fait que commencer. Le projet d’aménagement du 19e qui détruit au passage les espaces associatifs comme le 45 rue d’Aubervilliers ou la Coordination des intermittents et précaires, augure d’un paysage dont nous ne voulons pas.

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