Caen : Quand la presse locale joue à la chapelle

Publié le par la Rédaction

 

La Chapelle Saint Pie-X, lieu de culte des intégristes catholiques de Caen, est recouverte de tags d’inspiration anarchiste dans la nuit du 29 au 30 août. Le dommage est découvert jeudi. Le lendemain, 3 septembre, les «jeunes» du Calvados du Parti de la France, parti récent, scission du Front National (1,5% aux Européennes de 2009, 3% aux Régionales de 2010), publient un billet sur leur blog qu’ils envoient aux journaux locaux.

 

 

Ainsi dans son édition du lundi 6, Ouest-France, dans ses pages pour Caen, publie un petit article «Tags sur la chapelle Saint-Pie X, quartier du Vaugueux» qui décrit les faits en reprenant les inscriptions : «“Ni Dieu, ni maître”, “Ni curés, ni patrons, ni nantis” peut-on lire sur la façade du bâtiment sur laquelle a également été tracée une croix renversée.» Et de rajouter : «La chapelle accueille les catholiques intégristes de la Fraternité Saint-Pie X, également implantée à Gavrus et Saint-Manvieu-Norrey. Le Parti de la France, classé à l’extrême-droite, sélève contre ces “inscriptions haineuses” et la “christianophobie galopante”.» On ne fait que reprendre les propos principaux et les plus «tendres» du PdF. Ouest-France reprend la première photo de la série publiée par les fascistes en la recadrant sur les tags recouvrant cet ancien atelier.

 

 

Quant aux lieux d’implantation, ces communes à l’ouest de Caen accueillent un «prieuré», en fait une grande maison familiale abritant le clergé et la catéchèse pour la première, un manoir servant d’institution uniquement pour les filles, école évidemment non conventionnée par l’État, pour l’autre. La Fraternité, ou plutôt l’asso La Porte Latine regroupant la plupart des membres de ce culte, revendique aussi à St-Julien-de-Mailloc, près de Lisieux, un culte mensuel à la chapelle où est enterré Simon de Laplace, le scientifique donnant son nom au lycée public caennais.

 

Dans la même journée du 6, La Manche Libre, la maison-mère de Tendance-Ouest, publie un entrefilet «Une église taguée» sur Internet : «Il sagissait de tags à caractère politique et religieux. Parmi les inscriptions, la phrase “Mort aux fachos” ou encore le signe de la croix à lenvers synonyme de christianophobie.» Tout le charme des raccourcis d’un esprit idiot.

 

Le jeudi 9, publication de Liberté et de Tendance-Ouest. Dans l’hebdo à un euro, l’article «Une chapelle taguée, à Caen», on décrit en prenant : «Le sigle anarchiste, une croix renversée et des slogans tels que “Ni dieu, ni maîtres” ou “mort aux fachos” ornaient l’entrée des lieux.» En fait, il n’y a pas de s à «Maîtres». Liberté récupère la même photo qu’Ouest-France en la recadrant sur l’ensemble de la porte ; on y voit une pile de chaises du restaurant voisin. Puis description du temps de découverte et de la communauté. Puis «Dans un communiqué, les jeunes du Parti de la France, parti d’extrême-droite, appelle “lopinion à sélever contre la christianophobie galopante”». Même la première partie, sans guillemets, fait partie de la phrase du communiqué ; la faute d’accord est une coquille de Liberté. La phrase complète est trop longue et on coupe dans la parole des fascistes le soutien à la jeunesse catho de tradition et la condamnation appelant les «activistes» à se demander «où ont lieu les exactions et les privations». Là où il y a des imbéciles qui s’y croient, messieurs les fafs ; à question bête de débiles, réponse bête de l’évidence.

 

Bien qu’il soit gratuit, «Torchon Ouest» surnommé par les premiers, a mené l’investigation. Il donne les dates des «propos injurieux sur la chapelle Saint Pie X» (titre de l’articulet) «tels “Ni curés, ni patrons, ni nantis” ou encore “Mort aux fachos”.» La même photo est recadrée comme Liberté sans le bas de la porte et sous-titrée : «“Ni Dieu ni maître” pouvait-on lire.» Mais le canard a appelé le responsable de Gavrus «attristé» d’avoir «découvert les tags le lendemain soir avant une messe» dit-il ; on a retenu juste cela. Mais TO ne l’a pas interrogé seul : «“Des tags politisés et christianophobes” a même souligné un fidèle indiquant la présence d’une croix inversée.» «Politisée» : quel étrange euphémisme dans la bouche d’un extrémiste de droite ; il n’est pas présent dans le texte du PdF.

 

Mais merci à la presse de ne pas avoir repris leur discours d’être victime de discrimination, de croire à un contre-nazisme comme à une contre-révolution d’une révolution. Mais elle omet aussi ceci du PdF : «Les jeunes calvadosiens du Parti de la France promettent de tout mettre en œuvre, puisque les “faiseurs dopinion” semblent sen contrefiche, pour retrouver les auteurs de cette ignominie.» Faire justice soi-même, d’autres camarades cambots d’une coterie au nom classieux sur leur feuille de chou numérique accusent d’après le seul tag non cité («Macho T KO» dans un repli du seuil) une fraction féministe alors qu’un Pierre s’en accuse et ils semblent y croire !

 

Quel dommage que ce monde ne soit pas déterminé à contempler dans son coin que cela n’est en fait que l’œuvre déterminante de leur Dieu tout-puissant ! (s’il existe, bien sûr) !

 

ProfMérins - Racailles no 56, 20 septembre 2010.

 


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