Bribes de la révolte - Des centaines de tués en Libye - 19 février

Publié le par la Rédaction

Répression sanglante en Libye, les Bahreïnis dans les rues

 

Les émeutes ont continué samedi de secouer des régimes autoritaires du monde arabe, avec des dizaines de morts dans la répression policière en Libye, l'occupation par des milliers de Bahreïnis du centre de la capitale et des manifestations violentes au Yémen et à Djibouti.
 La contestation a également frappé la Mauritanie et l'Algérie, deux pays du Maghreb où est né le mouvement de révolte qui a chassé du pouvoir le président Zine el-Abidine Ben Ali, le 14 janvier en Tunisie, et Hosni Moubarak, le 11 février en Égypte.

 


Une ville libre en Libye : d'Ajdabiya 

 

Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, s'est dit «profondément inquiet» des informations «sur la violence inacceptable utilisée contre les manifestants en Libye, à Bahreïn et au Yémen» et a qualifié d'«effroyables» les violences en Libye.

 

Dans ce pays, gouverné par le colonel Mouammar Kadhafi depuis 42 ans, la répression a fait au moins 77 morts depuis le début de la révolte mardi, selon un bilan de l'AFP établi à partir de sources libyennes.

 

Al-Bayda

 

La contestation semble se transformer en insurrection dans l'est, surtout à Benghazi, bastion des opposants à 1000 km à l'est de Tripoli, où samedi 12 personnes au moins ont été tuées et de nombreuses autres blessées quand l'armée a repoussé à balles réelles les manifestants qui prenaient d'assaut une caserne, selon le journal Quryna proche du réformiste Seïf el-Islam, fils de Mouammar Kadhafi.

 

Les protestataires ont notamment lancé des cocktails Molotov contre cette caserne, déjà attaquée trois fois depuis mardi, selon la même source.

 

Vingt-quatre personnes avaient péri vendredi dans les heurts avec la police à Benghazi, selon des sources hospitalières et le journal Quryna.

 

L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a, quant à elle, fait état d'un bilan global de 84 morts, dont 55 à Benghazi.

 

L'agence de presse officielle Jana, citant des sources «sûres», a annoncé samedi l'arrestation d'un «réseau» de dizaines de personnes, «entraînées pour nuire à la stabilité de la Libye, à la sécurité de ses citoyens et à leur unité nationale» qui seraient «de nationalités tunisienne, égyptienne, soudanaise, palestinienne et syrienne», ainsi que «turque».

 

Elles ont été «chargées d'inciter à des actes de pillage, de sabotage, comme d'incendier des hôpitaux, des banques, des tribunaux, des prisons, des commissariats de la police et de la police militaire, ainsi que d'autres bâtiments publics et des propriétés privées», a ajouté Jana.

 

Commissariat de police de Zintan en flammes

 

Dans le Golfe, le petit royaume de Bahreïn qui sert de quartier général à la Ve flotte des États-Unis était toujours secoué samedi par des manifestations réclamant une libéralisation du système politique, dominé par la monarchie sunnite et dont la majorité chiite de la population se dit exclue.

 

 

Manama

 

Des milliers de manifestants sont revenus sur la place de la Perle à Manama, épicentre de la contestation, après le retrait des chars de l'armée, demandé par l'opposition principalement chiite.

 

Le prince héritier, Salman ben Hamad Al-Khalifa, a ordonné à la police de «rester à l'écart des rassemblements» et a demandé aux manifestants de se disperser. Son offre de dialoque a été rejeté par l'opposition qui exige la démission du gouvernement.

 

Les syndicats ont appelé à une grève générale à partir de dimanche. Depuis lundi, six manifestants ont été tués à Bahreïn.

 

Au Yémen, des heurts entre opposants et partisans du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans et allié des États-Unis dans la lutte contre Al-Qaïda, ont tourné à la bataille rangée dans la capitale, Sanaa.

 

 

Sanaa

 

Ils ont éclaté après que des partisans du régime ont tenté de prendre d'assaut le campus de l'Université. «Le peuple veut la chute du régime», scandaient les étudiants.

 

Un journaliste de l'AFP a vu un étudiant s'effondrer, atteint d'une balle au cou et noyé dans son sang, et ses compagnons criant : «il est mort».

 

Selon le ministère de l'Intérieur, cependant, «un certain nombre de manifestants ont été blessés» mais «il n'y a pas eu de mort».

 

Aden

 

À Aden, dans le sud, les protestations ont continué après une nuit d'émeutes. Un adolescent a été tué par une balle perdue, selon une source hospitalière. Trois personnes ont été blessées, dont deux filles de 9 et 11 ans, quand la police a ouvert le feu pour disperser un rassemblement de plusieurs centaines de personnes, selon des témoins et des sources médicales.

 

Douze personnes ont été tuées au Yémen, dont 10 à Aden, depuis le début de la semaine.

 

Taez

 

En Algérie, des centaines de personnes ont tenté de se rassembler dans la capitale aux cris de «Algérie libre et démocratique», «Pouvoir assassin», «Le peuple veut la chute du régime», et ont été repoussées par d'importantes forces de sécurité.

 

Une dizaine de manifestants ont été blessés, dont deux grièvement, selon la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD).

 

Un député du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Tahar Besbas, a été grièvement blessé par la police, selon des membres de son parti.

 

La direction de la protection civile d'Alger a cependant affirmé que le député n'avait «absolument rien».

 

En Mauritanie, des manifestations contre le manque d'eau et la hausse des prix dans une ville du sud-est, Vassala, ont été sévèrement réprimées vendredi, a annoncé samedi l'opposition qui a fait état de blessés et d'arrestations.

 

À Djibouti, un policier et un manifestant ont été tués vendredi lors de heurts après un rassemblement de l'opposition qui réclame la fin du régime du président Ismaël Omar Guelleh. Trois chefs de l'opposition ont été arrêtés samedi. Deux d'entre eux ont été libérés dans la soirée, selon la télévision d'État.

 

Leur presse (Agence Faut Payer), 19 février 2011.

 

 

 

Libye : les mercenaires de Kadhafi, payés 30'000 dollars/jour, tuent des manifestants

 

Le mouvement de protestation s’est étendue, samedi, à plusieurs villes libyennes, notamment Benghazi, Darna, El Beïda, Ajdabia, El Kouba, Kabarka, Zenten, Tripoli, Tajoura, Sedrata, Ifran et Jado. Les manifestants ont incendié la station de radio locale de Benghazi et ont investi l’aéroport de la même ville. Des comptes-rendus de presse rapportent que le nombre de morts ne cesse d’augmenter au fil des heures. Selon l’ONG, Human Rights Watch, le nombre de personnes qui sont tombées sous le feu des policiers et de l’armée a atteint les 84 morts.

 

 

Les hélicoptères tirent sur les manifestants

 

Selon CNN, des tireurs ont ciblé les manifestants à partir des hélicoptères de l’armée libyenne à Benghazi, ce qui a occasionné des dizaines de blessés graves, selon des témoins. Des sources médicales libyennes ont indiqué que les hôpitaux sont saturés et sont incapables de recevoir de nouveaux blessés. À cela s’ajoute un manque criard de médicaments, d’autant plus que les établissements hospitaliers libyens sont connus pour leur peu de moyens humains et matériels,  à cause de la politique de Mouammar Kadhafi qui a fait chuter plusieurs secteurs.

 

Le fils de Mouammar Kadhafi pourchassé à Benghazi comme un rat

 

Un journal libyen a rapporté que Al Saâdi, le fils du numéro un libyen a été encerclé par des dizaines de manifestants dans la ville de Benghazi. La même source a indiqué qu’Al Saâdi était à l’hôtel Ouzo, qu’il a quitté sans être vu par les manifestants, mais qu’il était pourchassé à Benghazi par les dizaines de manifestants en colère. Le même journal a rapporté qu’une unité de l’armée guidée par le gendre d’Al Kadhafi s’est rendue à Benghazi spécialement pour le sauver et le ramener à Tripoli avant qu’il ne tombe entre les mains des manifestants qui jurent de le lyncher.

 

Benghazi, El Beïda et Darna entre les mains des manifestants

 

Plusieurs sources ont rapporté que la ville de Benghazi, deuxième plus grande ville du pays après Tripoli, est tombée samedi soir entre les mains des manifestants. En effet, des témoins ont affirmé que les manifestants, environ 10'000, ont incendié, ces deux derniers jours, la direction de la Sûreté, des postes de police et les sièges des Comités révolutionnaires. Des témoins, ont assuré, pour leur part, que les différents services de sécurité ont abattu aux moins 40 personnes dans la nuit de vendredi à Benghazi. Des sources locales ont, par ailleurs, indiqué que les autorités libyennes ont recruté des prisonniers pour commettre des actes de sabotage pour ternir l’image de la révolte libyenne en contrepartie d’importantes sommes d’argent. Le site de la chaîne qatarie Al Jazeera a rapporté que la ville d'El Beïda, Tabarka et Darna sont également tombées entre les mains des manifestants auxquels se sont joints des éléments de la police locale.

 

Mouammar Kadhafi prive les blessés de médicaments et brouille le réseau téléphonique

 

Des temoins ont indiqué samedi que le numéro un libyen a ordonné aux hôpitaux de ne pas recevoir des blessés parmi les manifestants. Ainsi, l’état de santé de plusieurs blessés s’est dégradé, notamment ceux qui ont perdu beaucoup de sang. Dans le même contexte, l’ONG Amnesty International a affirmé samedi que la majorité des blessés admis à l’hôpital El Jalaâ de Benghazi sont atteints par balles à la tête, la poitrine et le cou. Mouammar Kadhafi a ordonné, par ailleurs, de bloquer l’accès à Internet et de brouiller les réseaux téléphoniques dans le pays.

 

Leur presse (Toumi Ayad El Ahmadi,
Echorouk Online), 19 février.

 

 

Dans une ville de l’est de la Libye, la police se serait rangée du côté des manifestants

 

Depuis trois jours, les villes libyennes de Benghazi, Derna et Ajdabia défient l’autorité de Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans. Notre Observateur affirme qu’à Al-Baïda, la police locale a rallié les manifestants pour chasser de la ville des forces envoyées par le régime. 

 

Benghazi, la ville frondeuse, le 18 février 

 

L’appel au «jour de la colère» lancé sur Facebook le 28 janvier dernier a d’abord fait écho le 16 février à Benghazi, bastion de la révolte libyenne. D’autres villes du nord-est du pays ont ensuite rejoint la fronde. Selon plusieurs sources, Derna, Ajdabia et Al-Baïda seraient passées, le 18 février, sous contrôle des manifestants anti-gouvernementaux. Le guide suprême a toutefois promis une «riposte foudroyante».

 

Les comités révolutionnaires, piliers du régime déployés dans tout le pays, ont déjà ouvert le feu sur les manifestants les 17 et 18 février. Selon un premier rapport de l’organisation Human Rights Watch, vingt-quatre personnes ont été tuées dans la seule journée du 17 février à travers le pays dans des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.

 

Sur Twitter, les internautes libyens parlent de connexions Internet difficiles, de leur peur d’avoir leur ligne téléphonique surveillée et du manque de moyens médicaux dans les hôpitaux des villes frondeuses du nord-est. Nombreux espèrent que "l’effet domino de la liberté" emportera aussi Tripoli, la capitale.

 

Hassan Al-Djahmi, Libyen exilé en Suisse depuis 10 ans, est le créateur de la première page Facebook qui a appelé à une «journée de colère» jeudi 17 février. Il publie des informations sur les manifestations grâce à son réseau de contacts dans différentes villes du pays.

 

«Saif al Al-Islam Kadhafi [le fils de Mouammar Kadhafi] a donné l’ordre de réprimer les manifestations à Al-Baïda. Il a fait appel à ses forces les plus fidèles, qui ont tiré dans la foule pour la disperser. Je sais que les médias parlent d’une dizaine de morts, mais au moins trente manifestants ont été tués [les agences donnent un bilan d’au moins quatorze morts, NDLR]. Mais au cours de la journée [le 17 février], les policiers locaux se sont ralliés aux manifestants. Ils les ont protégés des hommes de Saif al-Islam et leur ont promis d’assurer leur sécurité.

 

Sur Twitter, des internautes se sont inquiétés

du manque de moyens médicaux à l'hôpital d'Al-Baïda

 

Des mercenaires ont été recrutés en renfort par Saif al-Islam Kadhafi. Comme ils sont noirs, je pense qu’il pourrait s’agir d’Africains [Mohammed Ali, vice-président du Front national pour le salut de la Libye, basé à Londres, affirme que des mercenaires d’origine tchadiennes et mauritaniennes étaient présents à Al Baïda jeudi 17 février]. 
Mais les manifestants et les policiers étaient plus nombreux que les mercenaires et les forces pro-Kadhafi. Ils ont réussi à les faire fuir hors de la ville. On m’a dit qu’ils se seraient réfugiés dans la forêt [la forêt d’Alwasaitah se situe à moins de cinq kilomètres d'Al-Baïda]. 
Les manifestants anti-gouvernementaux ont pris le contrôle d’Al-Baïda [Gioumma el-Omami, de l'organisation Solidarité et défense des droits de l'homme et Fassi al Warfali, du Comité libyen pour la vérité et la justice, ont confirmé à l’agence de presse Reuters que le régime de Kadhafi avait perdu le contrôle de la ville]. En fin d’après-midi, les manifestants ont pénétré La-Abraq, l’aéroport d’Al-Baïda, qui sert de terrain d’atterrissage pour l’armée. Ils ont mis le feu à la piste pour empêcher que des avions envoyés en renfort par le gouvernement puissent atterrir. Aujourd’hui encore, l’aéroport est complètement hors service.»

 

À l'hôpital d'Al-Baïda, les corps des victimes

sont mis dans des frigidaires


Leur presse (Hassan Al Djahmi,
France 24), 18 février.

 


Publié dans Internationalisme

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