Belfort : Un dépôt bloqué et des bus gratuits toute une journée

Publié le par la Rédaction

 

Des agents de la Communauté de l’agglomération belfortaine, de la Ville de Belfort et des cheminots ont bloqué le dépôt de bus Optymo hier matin. Échange musclé avec le président du syndicat mixte des transports en commun. Et, in fine, une solution trouvée.

 

 

Ils étaient sur le pont de bonne heure. Dès 5 heures. Équipés de pneus et de palettes, le tout bientôt enflammé. L’objectif : bloquer les trois entrées du dépôt de bus Optymo à Danjoutin.

 

Sur place : les éboueurs qui venaient de décider en assemblée générale de reconduire leur mouvement de grève, des cheminots et des agents de la Ville et du conseil général. Une centaine de personnes, au total.

 

Résultat : aucun bus urbain (lignes 1 à 7) n’a pu quitter les lieux en tout début de matinée (lire ci-contre). Bref, une opération coup de poing, histoire de «rallier à la lutte d’autres salariés et de maintenir la pression» contre la réforme des retraites.

 

L’ambiance, bon enfant, a radicalement changé vers 6h30 quand est arrivé Christian Proust, président du syndicat mixte des transports en commun (SMTC) du Territoire de Belfort. L’échange, sur le bitume, a rapidement pris un tour, disons… viril.

 

 

Premier acte. Christian Proust, par ailleurs conseiller municipal et communautaire (MRC) ne mâche pas ses mots : «C’est une action gauchiste, totalement irresponsable, une action purement minoritaire. Chaque jour 35'000 personnes prennent les transports en commun dans le Territoire, vous allez les emmerder. Vous allez emmerder les gens qui n’ont pas de voitures, les plus pauvres. Vous prenez en otage la population. Vous allez retourner contre vous l’opinion publique qui est majoritairement pour le mouvement !»

 

Même position de Jean Siron, président de la régie, arrivé lui aussi sur place : «Vous discréditez le mouvement. Vous faites le jeu du gouvernement !»

 

Réaction vive, en face. Le contre argumentaire fuse du groupe des manifestants : «Minoritaires ? Nous avons décidé de cette action en intersyndicale !» «Nous ne sommes pas des jusqu’au-boutistes ni des preneurs d’otage, s’indigne Mazouz Benlazeri, représentant CGT des cheminots. Depuis le début du mouvement, nous n’avons mené aucune action de ce type mais le gouvernement ne veut pas discuter, il ne veut pas retravailler la réforme. Que faire sinon durcir le mouvement ?»

 

Le même argument revient sous plusieurs formes. «Nous n’avons pas le choix, explique un enseignant. La situation est bloquée, on est obligé d’agir.»

 

«Provocation»

 

Christian Proust, lui, martèle qu’il y a d’autres solutions, d’autres modes d’action. Lesquels ? «Pourquoi vous n’allez pas bloquer l’A36 ?», lance l’élu.

 

«On sait qu’on perturbe, ça ne nous amuse pas, mais si on ne fait rien, ce sera pire, explique Claude Paufert, cheminot (Sud rail). Les gens subiront de nouvelles réformes.»

 

Le ton est devenu acide. Christian Proust explique qu’il soutient le mouvement, qu’il est «de toutes les manifestations, de tous les combats» : «Je n’ai de leçon à recevoir de personne». En face de lui, les manifestants, eux parlent de «provocation» : «Nous traiter de gaucho ! Nous menacer de sanctions juridiques !» «Ils sont décevants, les hommes politiques», lâche une femme, en retrait.

 

Il est presque 7h30, la situation paraît bloquée : les manifestants qui envisageaient de lever le camp dans la matinée ne veulent plus paraître céder après cette confrontation verbale. Il y a pourtant un deuxième acte. Christian Proust revient vers eux avec une proposition : si le blocus est levé rapidement, il est prêt à ce que les bus soient gratuits toute la journée. Accord immédiat et enthousiaste des présents. «Bravo, lance un homme. Ça, c’est une idée de gauche !» «Vous voyez, glisse sotto voce un autre. Les actions de ce type sont le seul moyen de se faire entendre.»

 

Leur presse (Le Pays), 22 octobre 2010.

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Colère ouvrière

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