Banalità di base

Publié le par la Rédaction

Internazionale situazionista no 1, luglio 1969.
Traduction par la section italienne de l’I.S. de la première partie de l’article de Raoul Vaneigem «Banalités de base», qui avait paru en avril 1962 dans le numéro 7 de la revue Internationale situationniste.


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«Si vous manquez de place, “Banalités de base” peut être publié en deux fois, comme dans la revue française : ce qui offre l’avantage de garder son “résumé”, en tête de la deuxième partie, qui était une belle parodie du style des romans populaires en feuilleton.»
Lettre de Guy Debord
à Gianfranco Sanguinetti, 13 mars 1969.


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Note sur les erreurs de la présentation du «Vaneigam»
(pages 2-3-5, et dernière page de couverture)

— Le congrès d’Alba se tint en 1956.

— En 1957, il n’y eut pas «una mostra» à Turin, mais la conférence de fondation de l’I.S. à Cosio d’Arroscia, village complètement perdu dans la montagne, sans aucun témoin extérieur.

— Je me trouvais en contact avec Jorn depuis 1955 [Précédé d’un échange épistolaire en novembre 1954.]. Il s’était adressé au bulletin Potlatch que nous éditions alors à Paris. Ces contacts se développèrent en 1956 (mais je n’étais pas au congrès d’Alba).

— Je ne crois pas être philosophe, mais il est sûr que je n’ai jamais été «communiste». Voilà la plus déplaisante invention.

I.S. 11 date, bien sûr, de 1967. Toujours l’intention de nous faire passer pour morts depuis longtemps.

— Le siège du mouvement à Strasbourg ! Amusant.

— Le slogan «L’imagination au pouvoir» n’est évidemment pas de nous (mais presque tous les autres en mai, oui). Celui-ci provient de crétins pro-I.S. du «22 mars».

— Il est extravagant de marquer le copyright de l’I.S., alors que nous n’en avons pas ; ce qui serait justement la seule excuse de Fantinel-De Donato quand ils se permettent de nous publier en Italie. Déjà une «traduction» si mauvaise est inacceptable, mais en plus ils se donnent l’air de l’avoir négociée avec nous !

— (Dernière page de couverture.) Ici le congrès d’Alba passe de 1955 à 1957. Il s’agit en fait de la Première Conférence de l’I.S., dont ils ignorent le lieu.

Lettre de Guy Debord
à la section italienne de l’I.S., 27 mai 1969.


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L’éditeur De Donato semble vouloir nous gratifier de son attention empoisonnée. En mai de cette année, l’article «Banalités de base» de Raoul Vaneigem (paru pour la première fois dans I.S. no 7, avril 1962) a été publié, sous le nom de Vaneigam, dans la misérable collection «Dissensi», en même temps que deux articles tirés du numéro 6 (1961) de la revue française («Commentaires contre l’urbanisme» et «Programme élémentaire du bureau d’urbanisme unitaire»).

Il s’agit de limiter le dommage que peuvent nous faire les erreurs et les mensonges à répétition de ces contrefaçons patentes. Il s’agit pour nous de répondre, toujours, aux falsifications qui sont normalement effectuées sous diverses formes dans la diffusion de nos thèses. Nous ne posons pas le faux problème de distinguer entre leur légèreté et leur caractère délibéré, s’agissant d’une légèreté professionnelle et d’un caractère délibéré spontané absolument identiques et rétribués par un même salaire. Ce qu’en revanche nous assurons, c’est qu’il n’y a rien de vrai dans l’introduction. «Le mouvement situationniste a de lointaines origines, pas étrangères à l’Italie et surtout à la peinture informelle» (!), cette phrase n’est que le point de départ culturel d’un étalage de fausses informations. Le congrès d’Alba ne s’est tenu ni «en 1955» ni «en 1957», mais en 1956. En 1957 n’a pas eu lieu à Turin «une exposition» du «Mouvement international pour un Bauhaus imaginiste», mais la conférence de fondation de l’I.S. à Cosio d’Arroscia, et aucun «Laboratoire expérimental pour un Bauhaus imaginiste [n’est devenu] le Laboratoire expérimental de l’Internationale situationniste». Guy Debord a été en relation avec Asger Jorn à partir de 1955, mais il ne se trouvait pas à Alba en 1957. Debord ne pense pas être un «philosophe», mais il n’a certes jamais été un «ex-communiste», parce qu’il a toujours été communiste. Le numéro 11 de l’I.S. ne date nullement de 1965, mais de 1967. On peut reconnaître ici l’intention commode de nous faire passer pour disparus depuis longtemps. Depuis ce numéro, trois livres écrits par des situationnistes sont parus, et il y a eu notre activité dans le mouvement des occupations. En 1969 ont été déjà publiés le numéro 12 de la revue de la secion française, un supplément au numéro 2 de la revue de la section scandinave et les numéros 1 des revues italienne et américaine. Que «le siège du mouvement» ait été transféré «à l’université de Strasbourg» n’est qu’une invention sans imagination. Le slogan «L’imagination au pouvoir !» n’est évidemment pas de nous (alors que le sont presque tous les autres de mai 68) : il est le produit de l’impuissance de quelques prosituationnistes du «22 mars». En notre présence, le fieffé menteur a notamment nié avoir écrit qu’il avait été marqué par les situationnistes, jusqu’au moment où on l’a mis devant sa phrase «il a été notamment marqué par les situationnistes». «Il est peut-être inutile de vouloir a posteriori préciser les traits d’une pensée» dont les invraisemblables contorsions, dans leur monotone intention, suggèrent plutôt l’idée d’une dégradation ignoble et incurable. C’est à un improvisateur impénitent que nous avons affaire, qui écrit : «une période d’activité idéologique intense, dans laquelle se situe la naissance de la revue Internationale situationniste» ; «les situationnistes repoussent le concept même d’idéologie» ; «l’intérêt pour ces thèmes de réflexion, plus que dans leur originalité, leur clarté, leur rigueur, est à rechercher dans leur impact et dans leur dynamique». Ce n’est pas la peine de parler de Marx ni de la rigueur de cet imbécile. Mais en ce qui concerne la nôtre, «l’intérêt pour ces thèmes est à rechercher dans leur impact», telle l’intervention pratique qu’il n’a pu esquiver. Comme il le dit lui-même : «Il est de fait que leur nature tranchante ne peut pas ne pas frapper.»

Quant à la «traduction», elle est encore pire que celle de la Société du spectacle. Valerio Fantinel est sans nul doute incapable de comprendre ce qu’il lit, mais, de plus, nous avons toute raison de penser qu’il a des difficultés dans sa propre langue. Avec sa désinvolte ignorance de Hegel et de Marx, même lorsqu’il manipule la terminologie la plus cohérente, lorsqu’il omet des phrases entières, qu’il se permet des interpolations personnelles et qu’il commet des bévues ridicules, ce triste individu n’est après tout qu’un imbécile. Signalons, simplement à titre d’exemple, dans la première page, ces «faits d’une extrême banalité, qui, dépouillés de leurs accessoires magiques (…), donnent vie tout seuls (…) à un nombre toujours croissant de gens» ; à la page 17, les «révoltes inexplicables (…) des habitants de Kronstadt (…) et des grèves sanglantes», là où il s’agit des «révoltes inexpiables (…) de Kronstadt (…) et des grèves sauvages» ; ou encore le «nouveau prolétariat qui découvre son dénuement dans l’abondance consommable», et qui se trouve découvrir au contraire «sa propre identité dans l’abondance consommable» ; etc. ad libitum. On en vient à penser que, son travail terminé, Fantinel a dû inévitablement conclure que les auteurs n’étaient que des imbéciles auxquels il avait assujetti son génie. Mais c’est sous le poids de sa créativité que son complice a pu faire allusion dans l’introduction à «des expériences qui ont du mal à trouver des formulations plus claires».

Note jointe à la traduction de la première partie de «Banalités de base» dans la revue Internazionale situazionista en juillet 1969, retraduite par Joël Gayraud et Luc Mercier (Écrits complets de la section italienne de l’I.S., Contre-Moule, Paris, 1988).


Publié dans Debordiana

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