À Montreuil
Expulsions, tirs de flashball, manifs, blocages, camions de police, à Montreuil jour de guerre
Les deux maisons occupées rue de la demi-lune ont été expulsées ce matin, une dizaine de camions de police ont envahi la rue et alentour. Les pelleteuses suivaient derrière pour immédiatement détruire les deux maisons.
Les flics sont arrivés vers 7h, ils venaient d’expulser un autre squat à quelques rues de là. Une grande journée opération policière, plusieurs squats à expulser et déballage policier dans toutes les rues.
Au même moment, la police municipale et les agents de la «tranquillité publique» (sécurité mairie) essayent de faire sortir une personne squattant depuis un mois un bâtiment de la mairie sur le boulevard de La Boissière. Hier, les agents de la mairie entrent avec un maître chien et lui disent de dégager, ils lâchent le chien qui mord aussitôt la personne. Comme il occupe les lieux, il a les clés de toutes les portes, et s’est enfermé à l’intérieur. Depuis un vigile et son chien reste devant en attendant qu’ils sortent, ce matin les agents de la mairie soudent la plupart des portes pour l’empêcher de circuler et le pousser à sortir. Il tient encore le siège.
Au même moment, les lycées de Montreuil sont en grève et sont bloqués, par les lycéens. Plusieurs camions de CRS sont envoyés là-bas pour les dégager, grande journée répression. Les flics ont tiré au flashball à l’intérieur des locaux, un lycéen est touché au visage. La police a chargé sur le blocage, la personne touchée est plongé dans le coma aux dernières nouvelles.
Au même moment, 6 personnes sans-papiers expulsés d’un squat tôt ce matin, pas loin de la Demi-Lune, sont en garde à vue. Des personnes dans les rues autour de la Demi-Lune sont arrêtées et mises en garde à vue.
L’expulsion de la Demi-Lune a été longue, du temps pour vider les affaires, et surtout, une habitante est enceinte de 9 mois, les pompiers arrivent pour la sortir et l’emmener.
Rassemblement à 13h devant la Mairie en soutien aux lycéens, d’autres rassemblements dans la journée à Montreuil sans doute.
En réponse à l’expulsion des Demies Lunes de Montreuil, à l’expulsion simultanée d’un squat de sans-papiers dans cette même ville, ainsi qu’à la répression corollaire (un lycéen de Jean-Jaurès s’est pris un coup de flashball dans la tête : rassemblement de soutien devant la mairie de Montreuil à 15h.
Deux expulsions dans la même journée, une charge, des tirs de flashball, des arrestations, horreurs des grandes journées policières tout ça ne se passera pas sans bruits, sans colères. Nous ne partirons pas de Montreuil, de la rue, d’une maison occupée ou du blocage d’un lycée.
Indymedia Paris, 14 octobre.
JEUDI 14 OCTOBRE :
[12h52] Suite
L’assemblée lycéenne donne rendez-vous devant la mairie de Montreuil à 13 heures pour aller ensuite à Jussieu, puis sans doute devant Medef, avenue Bosquet, Métro École militaire.
Un lycéen arrêté aurait été libéré.
[11h08] Suite
Les habitants de la Demie Lune et leurs amis appellent à un rassemblement à la mairie cet après-midi à 15 heures.
La police a chargé au lycée Jean Jaurès, à coups de tonfas, lacrymos et flash ball, un lycéen blessé à l’hôpital.
Assemblée en cours à Jean Jaurès.
[10h22] Expulsion à Montreuil et face-à-face police/manifestants au lycée Jean-Jaurès à Montreuil
L’action commune des n’importe qui, la disponibilité des lycéens et des précaires inquiètent le pouvoir. La police a expulsé ce matin la maison occupée de la rue de la Demie Lune à la Boissière à Montreuil. Un concert y était prévu demain soir. Des nouvelles suivent…
Les habitants de cette maison occupée venaient de commencer à manifester avec les lycéens de Jean-Jaurès. Aujourd’hui, l’occupation du lycée a été décidée mais la police mobilisée en nombre cherche à empêcher d’agir les centaines de lycéens qui y sont rassemblés. Des nouvelles suivent…
Courriel.
Montreuil ce matin : Expulsion du squat de la Demi-Lune
7h00, les téléphones sonnent. La Demi-Lune se fait expulser. Les flics sont rapidement dans les deux maisons. Expulsables depuis un an, les occupant-e-s ne s’attendaient plus à une expulsion, surtout à quelques jours de la trève d’hiver (même si on doit rappeler qu’il est d’usage seulement de l’appliquer aussi pour les squats).
Arrivée sur les lieux. Les affaires s’entassent dehors, portées par les gens eux-mêmes. Une quinzaine de bus de CRS, beaucoup de keufs. On sort les poussettes, on porte les enfants dehors. Une habitante est enceinte, au neuvième mois. L’accouchement à la maison était prévu dans les jours qui arrive. Cela fait au moins vingt personnes dehors, dans ce petit matin froid. Quelques keufs ont le sourire aux lèvres : ils se réconfortent dans les rangs, histoire de faire passer la pilule.
À l’heure qu’il est 8h40, les soutiens sont devant le lieu. Il y aurait eu des arrestations plus tôt, de gens du lieu et d’autres. Un mégaphone s’entend dans l’immeuble juste à côté, des cornes de brume. Un autre squat de La Boissière, «le Garage», aurait aussi été expulsé du même coup.
Les Rroms, les squats… Si l’État s’en prend aux vieux outils abstraits de solidarité (comme les retraites, l’assurance-chômage, la sécu), il n’hésite pas non plus sur les solidarités concrètes, au jour le jour.
Plus de nouvelles plus tard.
Indymedia Paris, 14 octobre.
Un lycéen blessé par un tir de flashball à Montreuil
Des heurts ont éclaté entre la police et des lycéens qui manifestaient contre la réforme des retraites en Seine-Saint-Denis. Vidéo.
Un lycéen de 16 ans a été blessé à la joue par un tir de flashball d'un policier. Les affrontements se sont déroulés près du lycée Jean-Jaurès à Montreuil (93), lors d'une manifestation contre la réforme des retraites. L'adolescent a été évacué à l'hôpital André-Grégoire de Montreuil.
Selon la préfecture, le lycéen a été «légèrement blessé au visage par un tir de flashball intervenu suite aux jets de projectile contre les forces de l'ordre».
L'Inspection générale des services (IGS) a été saisie par le préfet de police, à la demande de Christian Lambert, préfet de Seine-Saint-Denis.
Devant le lycée Jean-Jaurès, un lycéen choqué raconte :
«Vers 8h20 ce matin, il y a eu un blocus devant le lycée. Les CRS sont arrivés, on ne sait pas qui les a appelés. C'était calme mais eux, ils avaient des flashball.
Au départ, ils nous observaient puis quelqu'un a commencé à enlever les poubelles et CRS lui a tiré dans la tête. Il est tombé par terre, des amis sont allés l'aider et un CRS leur a demandé de partir. Mais mes camarades ne voulaient pas partir alors les CRS ont tiré partout.
Moi, je me suis caché derrière une voiture. Il y avait des fumigènes, les gens couraient, ça partait vraiment dans tous les sens.» (Témoignage recueilli par Zineb Dryef)
Sur la vidéo des affrontements du lycée Jean-Jaurès ci-dessous (non filmée par Rue89), un jeune semble avoir été blessé. On se sait pas s'il s'agit du lycéen de 16 ans hospitalisé. (Voir la vidéo)
À 12h30, Dominique Voynet, maire de Montreuil, a diffusé un communiqué de presse condamnant les violences policières contre les lycéens :
«Il y a un peu plus d'un an, un jeune homme de Montreuil perdait un œil à la suite d'un tir de flashball lors de la dispersion par la police d'une manifestation.
Ce matin, et comme hier à Meaux, il apparaît que le même usage immodéré de la force ait été utilisé contre des lycéens manifestant contre la réforme des retraites.
[Dominique Voynet] condamne avec une extrême fermeté cette provocation dont on peut penser qu'elle vise à provoquer des incidents et à transformer le nécessaire débat démocratique en spirales de violences et d'affrontements.»
Zineb Dryef, journaliste de Rue89 sur place, a interrogé plusieurs lycéens et un professeur, qui affirment que les tirs de flashball ont eu lieu à l'extérieur du lycée.
Véronique Bourdais, adjointe à la sécurité de la ville, évoque sept tirs de flashball en début de matinée. Un chiffre non confirmé par les autorités.
10h56, nous recevions ce premier e-mail d'un riverain :
«Ma fille lycéenne à Jean-Jaurès à Montreuil m'informe que la police et les CRS sont intervenus ce matin à l'intérieur du lycée et ont tiré au flashball sur les élèves, et aussi lâché les chiens [personne d'autre n'a fait allusion à des chiens ou à la présence de la police dans l'établissement, ndlr]. Situation de terreur sur des enfants. Manifestation prévue cette après-midi.
La mairie est informée.»
À 11h30, deuxième message :
«Le lycée Jean-Jaurès à Montreuil a été bloqué par les élèves, en lutte pour les retraites, avec un renfort du collège Condorcet. Les policiers ont pénétré dans l'établissement en force avec matraque et flashball pour disperser les manifestants. Ils ont tiré au flashball au sein de l'établissement et blessé plusieurs élèves, dont un a été hospitalisé et d'autres mis en garde à vue.
Il y a une volonté politique de briser l'énergie et l'envie de manifester des jeunes en utilisant la violence au sein des établissements scolaires. Ils ne font qu'engendrer de la haine des jeunes vis-à-vis de la police et du pouvoir.»
«À partir du moment où des lycéens bloquent des établissements, nous ne pouvons plus répondre de leur sécurité, car certains blocages risquent de dégénérer en début d'émeutes urbaines», a déclaré à l'AFP l'inspecteur d'académie, Daniel Auverlot. Il a précisé qu'une douzaine de lycées étaient bloqués dans le département.
M. Auverlot a demandé aux chefs d'établissements de prévenir les familles des lycéens :
«Des éléments incontrôlables, qui n'appartiennent d'ailleurs souvent pas à l'établissement, profitent des blocages pour jeter des projectiles et commettre des dégradations. Et c'est regrettable.»
Des heurts ont également eu lieu devant le lycée Paul-Éluard à Saint-Denis.
Dans le Val-de-Marne, une quinzaine de personnes ont été interpellées pour des jets de pierre ou des dégradations ce jeudi matin en marge des manifestations lycéennes, a annoncé la préfecture du Val-de-Marne.
Selon le ministère de l'Éducation nationale, 342 lycées étaient «perturbés à des degrés divers» ce jeudi matin en France, soit 7,9% des 4 302 lycées du pays. Le syndicat UNL compte de son côté 500 établissements «mobilisés», dont la moitié sont «bloqués» en signe de protestation contre la réforme des retraites.
Leur presse (Rue89), 14 octobre - 13h00.