Il était une fois... la privatisation de La Poste

Oui, la privatisation de La Poste est une longue histoire qui a commencé il y a presque 20 ans avec la réforme Quiles et ses ribambelles de restructurations qui ont progressivement introduit des règles de gestion de droit privé, avec le consentement, voir les signatures de la plupart des syndicats, qui plus tard dénonceront avec ferveur les conséquences désastreuses des mesures qu’ils ont eux-mêmes signé !!!
Nous en avons fait l’expérience dernièrement avec «Facteur d’Avenir» au moment de sa mise en place. Ceux qui osaient désapprouver et lutter contre ce projet étaient traités d’utopiques et d’irresponsables… Les syndicats «représentatifs» ont signé ou n’ont pas fait valoir leur droit d’opposition (à l’exception de SUD). Aujourd’hui, tous les syndicats dénoncent «Facteur d’Avenir» et ses dérives (sécabilité généralisée à toute la semaine, à tout l’été, les lundis bleus, les RTT déplacés, l’autoremplacement même pour absence non-inopinée, etc.) qui étaient prévisibles et incontournables.
La Poste s’apprête aujourd’hui à franchir un pas décisif dans ce processus de privatisation, en changeant son statut pour en faire une société anonyme avec ouverture du capital. Sa privatisation conduira à réduire encore plus et encore plus vite ses missions de service public, elle conduira également à accroître le rythme des pertes d’emploi avec en prévision les futurs plans de licenciement que les patrons nous préparent. Ce sera toujours plus de recherche de rentabilité à tous prix sauf évidemment pour les cadres dirigeants qui, eux, profiteront de plus en plus personnellement du système pour s’enrichir à nos dépends (voir la dernière affaire des voitures de fonction BMW pour 900.000 Euros).
Pour nous, comme à France-Telecom, ce seront les délocalisations, les mutations, les déclassements et les reclassements, les objectifs non accessibles et les charges de travail à vous faire plier l’échine jusqu’à la sciatique ou le lumbago (combien de suicides leur faudra-t-il pour qu’ils comprennent qu’il ne s’agit pas de «mode», comme le dit le directeur de France-Telecom, mais de maltraitance au travail).
Le combat pour nos conditions de travail, nous devons le mener.
Cependant, les luttes sociales du printemps dernier n’ont apporté aucun résultat concret malgré une mobilisation exceptionnelle des salariés qui aurait pu conduire à une grève reconductible et générale.
Pourquoi ? Parce que la lutte à coups de journées d’action espacées a largement et depuis longtemps montré ses limites.
Aussi, la CNT PTT propose à tous les syndicats de La Poste sans exclusive de se réunir en intersyndicale et de préparer la suite de la grève du 22 septembre.
Grève le 22 septembre, oui.
Mais si c’est pour en refaire une le 22 octobre, ce n’est pas la peine. Donc préparons en intersyndicale un mouvement reconductible pour espérer vraiment gagner sur la privatisation, sur «Facteur d’Avenir» et toutes les restructurations dans les centres de tri et les bureaux de Poste.
Grève le 22 septembre.
CNT-PTT 66, 18 septembre 2009.
Mobilisons-nous contre la privatisation de La Poste
Pas de cadeaux pour le capital !
Le gouvernement a décidé de privatiser la Poste à l’automne, en la transformant en société anonyme. Que les dividendes des actions soient destinés à des propriétaires publics dans un premier temps, privés demain, ne change rien sur le fond. La logique d’une société en action est de dégager le plus de profits possible pour distribuer des dividendes attractifs aux actionnaires.
Cela signifierait forcement une dégradation majeure des conditions de travail pour les travailleuses et les travailleurs de la Poste, comme une intensification des cadences, plus de pression à la vente et au chiffre d’affaire, mais aussi, de nouvelles suppressions d’emplois.
Cette dégradation toucherait également les usagers, particulièrement les plus pauvres, avec la fermeture des bureaux non rentables en zone rurale et dans les quartiers populaires, la marchandisation de services encore rendus gratuitement et l’augmentation du prix de tous les services payants.
Comme pour chacun des services publics, la privatisation de la Poste serait une nouvelle victoire pour les patrons. Cela serait un nouveau secteur d’activité livré à leur rapacité, des perspectives d’exploitation et de bénéfices qui s’ouvrent encore devant eux. Ce serait une défaite pour nous, car ces bénéfices seront fait sur le dos des travailleurs et des classes populaires. Cela ferait également reculer l’idée que les intérêts collectifs et les choix de société nous appartiennent, en faisant le jeu d’une minorité d’actionnaires qui déciderait.
La lutte contre la privatisation nous concerne toutes et tous. À nous tous d’appuyer les grèves de postier-es, d’élargir les manifestations pour imposer aujourd’hui à l’État l’abandon du projet de loi de privatisation. Soutenir les postiers aujourd’hui et lutter avec eux, c’est défendre nos intérêts immédiats face à ceux d’une minorité de patrons et de dirigeants, c’est défendre nos intérêts de classe pour contrer ce nouveau recul social orchestré par le gouvernement.
En plus de répondre au mauvais coup que représente la privatisation, si nous voulons défendre durablement nos intérêts, nous ne devons pas nous satisfaire de la gestion des services publics par l’État. Loin d’être le garant de l’égalité, il est la force organisatrice des inégalités au service du capitalisme. C’est l’État qui est à l’initiative de la rentabilisation à marche forcée de la Poste, pourtant acquise par la suppression de 50.000 emplois depuis 2002 et par la fermeture de plusieurs centaines de bureaux de proximité. C’est lui qui organise le glissement vers le marché, de l’ensemble des activités vitales pour la société, santé, éducation, énergie, culture, communication. C’est lui organise pour les classes dirigeantes, économique et politique, le hold-up social sur le dos de la population.
Pour une réelle égalité et pour la satisfaction des besoins de tous, nous devons promouvoir une gestion collective non-étatique des services publics. Pour rompre avec les inégalités, à la Poste, comme dans tous les domaines de la société, nous militons pour que les travailleurs et les usagers gèrent directement la production des biens et services ainsi que leur répartition égalitaire.
Coordination des groupes anarchistes, 20 septembre.