La police politique travaille

Après plus de 72 heures de garde à vue, les proches présumés de Julien Coupat n’ont pas été mis en examen.
Christophe, Clément et Fatima, les trois Rouennais placés en garde à vue lundi matin par les policiers parisiens de la Sous-direction antiterroriste (SDAT), ont été remis en liberté hier en milieu d’après-midi.
«Ils sont sortis après plus de 72 heures de garde à vue sans avoir été mis en examen. Si le juge voulait juste recueillir leur témoignage (concernant l’affaire des sabotages de lignes TGV et leurs relations avec Julien Coupat, le principal suspect dans ce dossier qui a éclaté à l’automne dernier, NDLR), il n’avait qu’à les convoquer. Trois jours en isolement, avec des procédés aussi violents, cela fait quand même un peu beaucoup !», plaide Me Dominique Vallès, du barreau de Rouen, l’avocate de Christophe. Me Philippe Lescène, le défenseur de Clément et Fatima, s’insurge lui aussi : «Cela prouve que nous sommes dans la paranoïa et la démesure totale. Presque quatre jours d’interrogatoires, c’est sandaleux. Honteux !»
Me Vallès a vu hier matin les trois Rouennais, à leur 72e heure de garde à vue, comme la loi l’exige en matière de terrorisme, dans les locaux de la direction centrale du Renseignement intérieur, à Levallois. «Je suis aussi allée à Nanterre, où Clément et Fatima avaient été transférés.» Physiquement, Christophe et Clément, titulaires tous les deux d’une licence de sociologie et respectivement âgés de 28 et 24 ans, étaient «marqués». En fait, «ils étaient tous les trois très fatigués. Ils ont subi des auditions jour et nuit. Christophe a été entendu à près de quinze reprises. Lumière blanche violente durant la nuit, pressions du style : “Je vais faire venir ta copine”… Tout a été fait pour que leur résistance cède. Incroyable ! Anormal !», plaide Me Vallès.

Leur presse (Jane Hitchcock, Paris Normandie), 22 mai 2009.
Sabotages SNCF :
Trois personnes remises en liberté
Aucune charge n’a été retenue contre eux par les policiers antiterroristes qui tentaient de définir quels liens les unissaient à Julien Coupat, toujours incarcéré.
Les trois personnes interpellées lundi à Rouen (Seine-Maritime) et dans ses environs dans le cadre de l’enquête sur les dégradations commises contre la SNCF, qui a vu l’incarcération de Julien Coupat, ont été remises en liberté jeudi 21 mai dans l’après-midi, a-t-on appris de source proche de l’enquête. Aucune charge n’a été retenue contre elles.
Ces deux hommes et cette femme âgés de 25 et 26 ans avaient été placés en garde à vue par les policiers de la Sous-direction antiterroriste (SDAT) en charge de l’enquête.
Ces derniers cherchaient à établir la teneur de leur relation avec Julien Coupat, principal mis en cause dans ce dossier, et certains de ses proches.
Ils étaient soupçonnés de s’être rencontrés lors d’une manifestation à Salonique (Grèce) en septembre 2008 où ils auraient été au contact d’Allemands membres de la mouvance autonome.
Leur presse (Le Nouvel Observateur), 21 mai.
Sabotages SNCF :
Un avocat juge les gardes à vue «démesurées»
«On utilise la garde à vue pour faire pression sur des témoins», affirme l’un des avocats des trois Rouennais placés en garde à vue pendant trois jours puis libérés sans qu’aucune charge n’ait été retenue.
Un avocat s’est insurgé vendredi 22 mai contre «la démesure» de la procédure utilisée envers les trois Rouennais placés en garde à vue pendant trois jours, puis libérés sans qu’aucune charge n’ait été retenue dans l’enquête sur les dégradations contre des lignes TGV. «C’est de la démesure. On utilise en réalité la garde à vue pour faire pression sur des témoins. C’est un détournement de procédure», a affirmé à l’AFP Me Philippe Lescène, avocat de deux des trois Rouennais remis en liberté. «Rien ne peut être retenu contre nos clients et on le savait avant leur placement en garde à vue», a-t-il souligné.
Neuf mises en examen
Me Philippe Lescène estime que les trois Rouennais ont été notamment interrogés par la Sous-direction antiterroriste sur un voyage en Grèce qu’ils auraient effectué «à la même époque» que Julien Coupat, le seul mis en examen encore incarcéré dans cette affaire. «S’il fallait mettre en détention tous ceux qui sont allés en Grèce à la même époque, on n’aurait pas fini», a ironisé l’avocat.
Au total, neuf personnes âgées de 22 à 34 ans ont été mises en examen en novembre 2008 dans ce dossier pour «destructions et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste». Elles sont soupçonnées d’appartenir à un groupe ultragauche à l’origine de sabotages contre des lignes TGV.
Leur presse (Le Nouvel Observateur), 22 mai.
Tarnac : Deux nouveaux «coups de filet»,
tous les interpellés sont libérés
Cette semaine, la police a procédé à deux opérations d’envergure. L’une à Rouen, l’autre à Forcalquier. La première liée directement à l’affaire de Tarnac, la seconde sur des menaces présumées envers le patron du renseignement intérieur, Bernard Squarcini.
Résultat : les huit interpellés sont tous ressortis libres. Au moment où les rumeurs de libération prochaine de Julien Coupat se multiplient, selon nos informations.
David Dufresne - MediaPart, 22 mai.