Et si on reprenait ce qui nous appartient ?
Si la crise financière est bien une réalité pour chacun et chacune d’entre nous, le capitalisme — en tant qu’idéologie et système dominant — semble, lui, se porter plutôt bien. Conforté dans sa position par les sommes colossales que les États à sa botte se sont empressés de débourser afin de maintenir à flot une économie qui coulait à pic, il bénéficie aujourd’hui d’une conjoncture qui lui laisse le champ libre pour accélérer sa course au profit et compresser davantage le coû t du travail. Tout juste aura-t-on entendu dire qu’il faudrait penser à «moraliser» le capitalisme pour éviter les dérives spéculatives… Et pourquoi pas tenter de rendre «éthique» la peste bubonique tant qu’on y est ?
La crise, ce sont les travailleurs qui la prennent de plein fouet et qui la payent. 47.000 chômeurs de plus en octobre, 64.000 en novembre, et combien de centaines de milliers d’autres dans les mois à venir ? Avec la baisse du pouvoir d’achat, ce sont évidemment les effets les plus visibles de la crise. Mais ne négligeons pas la queue de la comète…
Lapidation de nos acquis sociaux, privatisation de nos services publics, précarisation de nos emplois, contrôle accru de nos existences, répression de nos résistances … sont les manifestations, légitimées par cette crise, d’un capitalisme qui tente de parachever sa mainmise sur la gestion de nos vies.
Ainsi nous assistons actuellement, entre autres choses, à la destruction minutieuse de l’hôpital public qui cédera la place à un système de soins privatisé. La fusion ANPE-ASSEDIC, donnant naissance au «pôle emploi», annonce la mort programmée du service public de l’emploi — précarisant au passage les personnels des deux établissements — et un traitement expéditif des dossiers de chômeurs. Et comme il faut bien protéger les nantis de la «délinquance» inévitablement générée par une société de plus en plus inégalitaire, le «bon sens» gouvernemental élabore de nouveaux instruments de répression afin de punir la jeunesse des «classes dangereuses».
Le capitalisme a montré une fois de plus qu’il ne connaissait pas de limite et qu’il s’auto-alimentait de la misère qu’il sème à travers le monde. La crise n’est en aucun cas le résultat d’un système qui se serait emballé et serait devenu fou, elle est inhérente au capitalisme.
Ce n’est donc pas dans les aménagements visant à lui donner un «visage humain» qu’il faut fonder nos espoirs. C’est plus que jamais vers une transformation radicale de la société, solidaire, autogestionnaire et égalitaire, qu’il faut maintenant se tourner. Construisons donc dès aujourd’hui, par la grève et dans les rues, une risposte sociale d’envergure et reprenons enfin ce qui nous appartient !
Tout pour tou-te-s !
La Sociale no 11, hiver 2009
Bulletin de la Fédération CNT des travailleur-se-s
de la santé, du social et des collectivités territoriales.