Répression et transfert de prisonniers à Oaxaca
En France, on a inventé la double peine ; au Mexique ils ont créé la double répression… pour s’assurer que tu sortes pas vivant de leurs centres de réprime social : invention de charges délictives (112 ans de prison cumulés pour un companero d’Atenco luttant pour conserver ses terres), disparitions forcées, torture psychologique et physique, viols de femmes (pas plus tard que jeudi passé dans l’État de Michoacan)…
Ah elle est jolie la démocratie mexicaine que leurs médias nous vendent ; en tout cas dans la vie relle, sans image subliminale télévisée, c’est bien une dictature militaire qui se met en place…
La réalité est horrible et l’information est véridique !
Je vous joins deux communiqués liés à la répression de ce jeudi 27 novembre dans le pénitentier de Santa Maria d’Ixcotel de Oaxaca oú «1000 éléments des forces fédérales et estatales réalisèrent une investigation de routine» selon les déclarations officielles.
Je vous laisse lire les communiqués des différents collectifs de soutien, que j’ai traduit, et vous mets les originaux au bas de l’article.
Aux dernières nouvelles, 23 prisonniers ont été transférés à la prison de Miahuatlan (État de Oaxaca), prison de «sécurité moyenne», avec des traitements réputés très durs ; et les six autres ont été envoyés à Mexico dans un centre pénitencier de «sécurité maximale».
Grâce à la pression de companer@s et d’organisations, un prisonnier a été ramené à la prison de Santa Maria Ixcotel (c’est dingue de se réjouir presque d’un retour dans une prison !!), ce qui démontre que la mobilisation et actions de soutien sont efficaces.
Je vous joins le message de camarades en lutte pour les prisonnier-es politiques de Oaxaca :
«Pues estaria bien que conocieran el caso, difundiendo la información, solidarizandose y apoyando como puedan…» («Du coup ça serait bien que vous connaissiez l’affaire, en diffusant l’information, en se solidarisant et appuyant comme vous pouvez…»)Donc si vous avez envie d’envoyer des lettres de soutien, faire des actions vers les ambassades du Mexique, brûler une prison… (oh merde j’avais oublié qu’en disant ca aujourd’hui sur des terres sarkoziennes, je pourrais etre jugé et/ou emprisonné… pues j’assume !)
Bref, toutes formes de solidarité seront les bienvenues !
Un saludo solidario y un abraso antimilitar
Ian
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Oaxaca de Juárez, État de Oaxaca, 27 novembre 2008
À toutes les organisations, collectifs et personnes de Oaxaca, du Mexique et du Monde.
À l’Autre Campagne.
Aux organismes nationaux et internationaux de Droits humains.
Aux médias de communication.
Aux intégrant-es de l’APPO.
Aux sympatisant-es de l’APPO au Mexique et dans le monde.
ACTION URGENTE, DEVANT LE POSSIBLE TRANSFERT DES CAMARADES PRISONNIERS POLITIQUES ET DE CONSCIENCE PEDRO CASTILLO ARAGÓN ET VÍCTOR HUGO MARTINEZ TOLEDO DU CENTRE PÉNAL DE SANTA MARÍA IXCOTEL, ÉTAT DE OAXACA. IL EST CRAINT QU’ILS SOIENT TRANSFÉRÉS DANS UNE PRISON DE SÉCURITÉ MAXIMALE.
Nous solicitons votre URGENTE intervention devant le transfert de PEDRO CASTILLO ARAGÓN et de VÍCTOR HUGO MARTINEZ TOLEDO (ainsi que pour les 9 autres prisoniers dont nous méconnaissons les noms) du CENTRE PÉNITENCIER DE SANTA MARÍA IXCOTEL, ÉTAT DE OAXACA, vers un lieu inconnu pour le moment, aujourd’hui 27 novembre 2008.
LES RÉFÉRENCES :
PEDRO CASTILLO ARAGÓN est intégrant du Comité de Défense Citoyenne (CODECI), organisation intégrante de l’APPO et adhérente à l’Autre Campagne, et forme partie du Comité de Prisonniers Politiques de Santa María Ixcotel dans l’État de Oaxaca. Étudiant en droit de la Faculté de Droit de l’Université Autonome Bénito Juarez de Oaxaca (UABJO).
Il est originaire de San Pedro Ozolotepec, Miahuatlán, État de Oaxaca ; il a 31 ans et est prisonnier depuis l’année 2002 du fait de son soutien et activisme comme assesseur dans le mouvement indigène à Oaxaca.
VÍCTOR HUGO MARTINEZ TOLEDO : intégrant de l’Assemblée Populaire des Peuples de Oaxaca (APPO), détenu depuis le 3 novembre 2006. Participant actif du mouvement populaire oaxaquennien.
LES FAITS :
Lors d’une opération policière surprise, coordonnée par les autorités estatales et fédérales, ainsi que par leurs polices respectives, semble–t-il, sous le mandat d’Alan Loren Peña Arqueta, directeur de l’Agence Estatale d’Investigations de Oaxaca (AEIO) ; depuis très tôt aujourd’hui (jeudi 27 novembre), s’est réalisée une opération d’investigation dans les installations du dit pénitencier, où se trouvent injustement prisonniers nos camarades lutteurs sociaux.
Des médias de communication officiels signalèrent que ces 11 personnes furent transférées par un avion de la PFP (Police Fédérale Préventive) avec le numéro de série XC-OPF. Jusqu’à ce moment, les familles et amis, nous méconnaissons à quel lieu ils furent emmenés, les véritables raisons de leur transfert, ainsi que leur état physique et émotionnel.
Les autorités responsables de l’opération n’ont rendu publique aucune version officielle qui puisse éclaircir les raisons du transfert de nos camaradas, les noms des 9 autres détenus et n’ont pas éclairci non plus les raisons de l’opératif et l’investigation dans ce pénitencier.
Pour le moment, du fait qu’il n’existe pas d’informations qui éclaircissent la situation de nos camarades, on craint un transfert dans des prisons de sécurité maximale.
APPEL :
À se tenir au courant de la situation de nos camarades prisonniers politiques.
En fait, il nous semble clair que cette action répond seulement à des motifs politiques afin de continuer de réprimer et affaiblir physiquement et moralement le mouvement populaire de Oaxaca qui exige justice et liberté pour ses prisonniers politiques.
Nous sommes certains que cet opératif entend seulement donner un coup au mouvement de Oaxaca devant les avancées qui continuent de se donner pour la construction d’un autre Oaxaca.
Nous demandons, avec respect, à qui reçoit ce message, à se prononcer pour la présentation immédiate de nos prisonniers et contre un quelconque transfert envers des prisons de sécurité maximale, ainsi que de diffuser les véritables raisons politiques de ces faits.
Nous responsabilisons le mauvais gouvernement d’Ulises Ruíz Ortiz, le gouvernement fédéral de Felipe Calderón et les policiers mandatés, de l’intégrité de nos camarades.
Aucune action ne pourra arrêter la lutte pour la liberté et la justice qu’a initié le peuple oaxaquenien.
Nous exígeons une HALTE à la criminalisation des lutteurs sociaux
qui actuellement se trouvent prisonniers !
Assez de la répression généralisée contre le mouvement du peuple de Oaxaca !
Halte au terrorisme d’État !
Comité de Prisonniers Politiques de Santa María Ixcotel
Comité de Défense Citoyenne (CODECI)
Voix Oaxaqueniennes pour la Construction de l’Autonomie et la Liberté (VOCAL)
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Oaxaca de Juárez, Etat de Oaxaca, le 28 Novembre 2008
Aux Organisations Nationales et Internationales de Droits Humains
Au corps enseignant oaxaquenien
Aux organisations sociales
Aux médias de communication
Au peuple en général
Le jeudi 27 novembre de l’année en cours s’est réalisé au cours de la matinée un intense opératif de la part d’éléments de la Police Fédérale Préventive, l’Agence Fédérale d’Investigations, la Police Estatale et Municipale, dans le Pénitencier de Santa María Ixcotel, État de Oaxaca ; lesquels de manière violente ont effectué le transfert de 6 prisonniers vers la Ville de Mexico et 23 prisonniers vers le centre pénal de Miahuatlan de Porfirio Díaz, État de Oaxaca. Un d’eux est Pedro Castillo, qui a subi des coups, un traitement dégradant, des agressions verbales et une torture psychologique.
Pedro Castillo Aragón est un jeune lutteur social qui a démontré sa constance, développant un important travail politique : il a stimulé la création de l’Organisation Culturelle Estudiantile (OCE) et de l’Organisation Socio-Culturelle Universitaire (OSCU). Ensuite il crée et dirige le Centre de Soutien à la Éducation et la Culture Association Civile (CEDEC A.C.). C’est ainsi qu’il stimule la création de Maisons pour étudiant-es avec de faibles ressources. Il a aussi réalisé un accompagnement juridique dans les communautés de l’État, principalement avec le Comité de Défense Citoyenne (CODECI) à la Cuenca de Papaloapan.
Le 23 juin 2002 il est détenu et porté disparu ; par la force, des hommes à l’aspect militaire le soumettent, lui mettent un sac en toile sur la tête, le montent dans un véhicule et l’emmènent. Il est maintenu au minimum dans deux «maisons de sécurité» ou prisons clandestines différentes.
Pendant tout ce temps, depuis la fatidique nuit du 23 juin jusqu’à ce qu’ils le transfèrent au pénitencier central de l’État, le 27 juin 2002 à l’aube, il est détenu affaibli, sans nourriture, sans eau, sans qu’ils le laissent dormir de façon adéquate, sans contact avec l’extérieur. Accusé faussement d’être lié avec un groupe de guérilleros, il lui est imputé les délits de port d’arme à feu, séquestration, vol de véhicule, entre autres délits considérés graves.
Pedro Castillo bien qu’étant persécuté, porté disparu et emprisonné, jamais il n’a été un délinquant comme le catalogue le gouvernement. Dans la prison — comme c’est caractéristique des prisonniers de cette condition —, il a tenu une attitude exemplaire. Ils n’ont pas réussi à affaiblir son moral et son esprit de lutte. Depuis la prison il a adhéré à la Sixième Déclaration de la Selva Lacandona et de l’Autre Campagne stimulée par l’EZLN (Armée Zapatiste de Libération nationale), et actuellement il continue d’étudier la carrière de Droit depuis la prison.
Malgré qu’il n’existe pas d’évidences réelles pour le maintenir prisonnier et de la lutte de diverses organisations sociales et juvéniles qui ont exigé et continueront d’exiger sa liberté, il n’y a aucun doute qu’il est voulu son maintien en prison par tous les moyens possibles. Comme le démontre l’opératif de la journée du 27 novembre dans le Pénitencier de Santa María Ixcotel et son transfert forcé au Centre Pénal de Miahuatlan de Porfirio Díaz, État de Oaxaca. Cependant, devant la pression qu’exercèrent les familles et les organisations sociales, il se trouve de nouveau, en ce moment, dans le pénitencier de Santa María Ixcotel.
Livrant en parrallèle une intense bataille juridique, Pedro maintient une intense bataille politique. Dû aux faits déroulés lors de la journée d’hier (jeudi 27 novembre), le camarade se trouve en Grève de la Faim indéfinie jusqu’à ce que se (solutionne) sa situation et pour la liberté de tous et toutes les prisonnier-es politiques du pays et de l’État de Oaxaca ; pour la liberté des prisonniers de San Agustin Loxicha, Xanica, Municipe Autonome de San Juan Copala y de San Pedro Yosotatu ; ainsi qu’aussi celle de Victor Hugo Martínez Toledo y Miguel Ángel Martínez.
Cela fait six ans que Pedro se trouve injustement prisonnier, pour ceci nous exigeons sa liberté inconditionnelle et responsabilisons le gouvernement estatal et fédéral de l’intégrité physique de notre camarade.
LIBERTÉ IMMÉDIATE POUR PEDRO CASTILLO!!
LIBERTÉ POUR TOUTES ET TOUS LES PRISONNIER-ES POLITIQUES!!
COMITÉ DE DÉFENSE CITOYENNE (CODECI), SECTION 22 DU SNTE (SYNDICAT NATIONAL DES TRAVAILLEURS DE L’ÉDUCATION), COMMISSION DU CORPS ENSEIGNANT DE DROITS HUMAINS, COMITÉ DE PRISONNIERS POLITIQUES DE L’ÉTAT DE OAXACA, MAISON DE ÉTUDIANT INDIGÈNE OAXAQUÉNIEN, UNION D’ORGANISATIONS INDIGÈNES DE LA CHINANTLA, CONSEIL D’ORGANISATIONS INDIGÈNES ET PRODUCTIVES DE OAXACA, CONSEIL INDIGÈNE POPULAIRE DE LA CUENCA, COORDINATION JUVÉNILE INDIGÈNE OAXAQUÉNIENNE, CENTRE POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉDUCATION ET LA CULTURE A.C., CENTRE SOCIAL LIBERTAIRE, COMITÉ ESTUDIANTIL URBAIN & PAYSAN DE OAXACA (CEUCO), COLLECTIVITÉ ORIENTÉE UTILE VERS LA CAMPAGNE OAXAQUENIENNE A.C., FAMILLE DE EMETERIO MARINO CRUZ.
Indymédia Suisse romande, 1er décembre 2008.