Des travailleurs clandestins arrêtés sur le chantier d'un centre de rétention
Il se passe toujours quelque chose au centre de rétention du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), passage obligé des sans papiers d’Orléans promis à une expulsion certaine. Dernier épisode en date : l’arrestation de quatre travailleurs clandestins sur le chantier même du… centre de rétention.
Ils ont été interpellés lundi et jeudi avant d’être placés en rétention sur le même site. Trois des interpellés «ont été contrôlés lundi à l’entrée (du chantier - NDLR) par un organisme privé» en charge de la sécurité des lieux, qui a alerté les policiers du commissariat de Mitry-Mory (Seine-et-Marne), a indiqué une source policière. Le quatrième clandestin a été interpellé jeudi. Altikat Tuma, un turc de 35 ans employé par Intérim Alpha (une agence d’intérim du Loiret) confirme à Libération depuis le centre de rétention : «Je suis en France depuis deux ans et demi. J’ai été embauché par cette agence d’intérim pour venir travailler sur l’extension du centre de rétention du Mesnil-Amelot. Ceci jusqu’à mon arrestation par des policiers en tenue et mon internement au centre sur lequel je travaillais.»
Tous quatre travaillaient pour l’une des entreprises sous-traitantes ayant passé le marché avec le ministère de la Défense pour l’extension du centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot.
Celui-ci devrait augmenter sa capacité d’accueil de 240 places, une fois les travaux achevés, selon l’édition locale du quotidien Le Parisien. La préfecture de Seine-et-Marne n’a pas souhaité faire de commentaire. SCREG, l’une des entreprises qui gèrent le chantier, n’a pas pu être jointe.
Samedi 2 août, le centre de rétention du Mesnil-Amelot a été le théâtre d’affrontements entre retenus et policiers (Libération du 2 août 2008). Ces incidents avaient conduit Brice Hortefeux, ministre de l’identité nationale, à porter plainte contre l’association Sos Soutien Sans-papiers jugée coupable d’incitation à l’émeute. Face à l’insistance du ministre qui a également interdit toute manifestation aux abords des CRA, l’association a préféré ne pas manifester ce samedi 9 août devant les grilles du Mesnil-Amelot.
Mourad Guichard - LibéOrléans, 10 août 2008.