Le travail tue

Publié le par la Rédaction

Solvay : une légionellose contractée sur le site ?

Laurent Guichard, employé depuis plus de vingt ans sur le site, est dans le coma depuis l’été dernier. Sa famille pense quil a été contaminé dans le cadre de son activité professionnelle. La direction, qui effectue des contrôles réguliers, sen défend.

Laurent Guichard, 43 ans, était salarié depuis plus de 20 ans de Kaefer-Wanner, une société sous-traitante de Solvay, implantée sur le site. Gravement atteint aux poumons par la maladie, il a été placé dans un coma artificiel au CHU de Besançon. Victime dune hémorragie au cours dune opération liée à son état, il est depuis lété dernier dans un profond coma à son domicile de Damparis. Sa famille se bat pour que sa maladie soit reconnue maladie professionnelle. Une procédure souvent longue, à linstar de celle entamée il y a quelques années par une famille doloise dont lun des membres, employé au service technique de la ville de Dole, est décédé dernièrement de cette même maladie. Le tribunal administratif de Besançon avait finalement reconnu la responsabilité de la ville de Dole (notre édition du 11 janvier 2007). Mme Guichard, la mère de Laurent, ne doute pas que son fils a contracté la bactérie sur le site. «Dautant qu'il prenait toutes ses douches dans lentreprise.» La CGT, qui suit le dossier, suspecte les deux tours réfrigérantes de lusine. «Laurent se garait à proximité des tours et circulait pas mal sur le site. Lété, cette humidité ne se voit pas, mais lhiver, elle se transforme en neige» explique Dominique Berner, délégué CGT de Solvay. «Pour nous, la présomption doit bénéficier au salarié.»

Processus habituel

Le syndicaliste suit une quinzaine de dossiers. «Amiante, benzène, chlorure de vinyle, troubles musculo-squelettiques Ces gens s
interrogent.» Certains cas sont dramatiques, comme ce salarié de 55 ans victime de lamiante en attente dune greffe de poumons. «Cela fait trois ans que lon demande à Solvay une carte dexposition à lamiante sur le site.» La CPAM a reconnu dernièrement quune maladie professionnelle était liée au benzène (notre édition du 20 février). «Ça na pas été facile, on nous expliquait que le benzène, oh tout le monde en respirait en faisant son plein dessence.»

En août 2004, la DRIRE avait effectué des contrôles dans douze installations industrielles de la région doloise, dont neuf de l
usine Solvay, pour tenter de trouver lorigine de six cas de légionellose observés sur le bassin. Sans résultat. «Nous sommes contrôlés régulièrement» insiste Christian Clerc-Girard, responsable de la communication chez Solvay. «Mais nous navons jamais trouvé de traces de légionelles dans lusine. Après que nous avons pris connaissance de la maladie de M. Guichard, nous avons effectué des contrôles, dans les sanitaires et sur les tours : sans résultat. Selon nous, sa maladie a été contractée hors de lusine. Les sources peuvent être multiples, cest un type de légionellose que lon peut attraper avec une climatisation de voiture défaillante.»

Le médecin-expert de la sécurité sociale, qui a rencontré la famille, doit désormais prendre rendez-vous avec Solvay. Le dossier suit son cours. «Nous irons jusqu
au bout» assure la mère de Laurent.

S.D.
Le Progrès (édition du Jura), 3 avril 2008

Publié dans Colère ouvrière

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