Un millier de travailleurs sans-papiers en grève avec le soutien de onze organisations syndicales et associatives

Publié le par la Rédaction


Aujourd’hui, plus de 1000 salariés sans-papiers se sont mis en grève avec courage et détermination afin dobtenir leur régularisation et de réclamer une circulaire de régularisation des travailleurs et travailleuses sans-papiers.

Avec le soutien de onze organisations syndicales et associatives, la Cgt, Solidaires la CFDT, la FSU, l
UNSA, la Ligue des Droits de lHomme, la Cimade, RESF, Femmes Egalité, Droits Devant !! et Autremonde, ces salarié(e)s, quelle que soit leur situation (seul(e)s ou collectivement dans leur entreprises, travailleurs et travailleuses au noir, intérimaires, licencié(e)s) ont décidé de sortir de lombre et doccuper, en tant que grévistes, leurs entreprises et des lieux liés au patronat (FAFIH — OPCA de lhôtellerie et de la restauration et des activités connexes —, Fédération Nationale des Travaux Publics, entreprise SAMSIC, agences dintérim Synergie et CRIT).

L
association Autremonde intervient depuis quinze ans dans le domaine de la formation linguistique et de laccès aux droits, dans les foyers de travailleurs migrants, lieux de vie de nombreux salariés immigrés, avec ou sans papiers.

Nous avons pu constater, comme beaucoup d
autres, combien les travailleurs et travailleuses sans-papiers sont nombreux et indispensables dans certains secteurs de notre économie (bâtiment, travaux publics, nettoyage, sécurité, restauration, intérim, aide à la personne, agro-alimentaire, confection…).

Pour la grande majorité d
entre eux, ils paient des impôts, cotisent à toutes les caisses de solidarité (retraites, sécurité sociale, ASSEDIC…) mais risquent quotidiennement lexpulsion.

Ils font bien souvent le travail que personne ne veut faire dans des conditions très pénibles.

Grâce à la grève de nombreux travailleurs immigrés sans-papiers enclenchée le 15 avril 2008, 2500 de ces salariés ont été régularisés.

Malheureusement nous constatons aujourd
hui de nombreux blocages et de multiples discriminations en préfecture. Le problème est loin dêtre réglé.

Nous sommes face à une réalité économique et il nous semble nécessaire que des solutions soient trouvées rapidement.

Autremonde s
engage aux côtés de tous les salariés sans-papiers qui se sont mis en grève aujourdhui et aux cotés de ceux qui rejoindront le mouvement.

Nous appelons tous les citoyens à venir les soutenir sur leurs lieux de grève.

Comme nous l
avons déjà notifié dans une lettre adressée au Premier ministre le 7 octobre 2009, avec nos partenaires associatifs et syndicaux, nous souhaitons que soit éditée une circulaire qui permette la régularisation des salarié(e)s sans-papiers quel que soit leur statut, leur situation, leur nationalité et leur secteur dactivité.

Cette circulaire doit définir des critères améliorés, simplifiés, appliqués dans l
ensemble du territoire national. Elle doit garantir une égalité de traitement de chaque salarié(e) quel que soit son lieu de travail. Elle doit définir une procédure de régularisation sécurisée et standardisée quel que soit le département.

Adresses des sites en grève :
KFC - 31, boulevard Sébastopol 75001 Paris
Travaux publics de la Suburbaine - Chantier du Tramway (porte des Lilas)
Potel et Chabot - 3, rue Chaillot 75016 Paris
TFN - 110, rue de lOurcq 75020 Paris
DMMS - 17, rue de Pelleport 75020 Paris
THIALLY - 50, rue dAvron 75020 Paris
ADEC - 23, rue la Pérouse 75016
Individuels BTP - FNTP 9, rue de Berri 75008 Paris
Individuels Restauration - FAFIH 3, rue de la Ville-l’Évêque 75008 Paris
Individuels Nettoyage et sécurité - SAMSIC 9, rue Descombes 75017 Paris
Individuels intérim - SYNERGIE 15, rue de Rome 75009 Paris
Individuels intérim - CRIT 27, rue de Rome 75009 Paris
Individuels intérim - CRIT 69, rue de Rome 75009 Paris
GTC (Massy 91)
Markofer (Morangis 91)
Drexco (Crosne 91)
Nicolin (Vigneux-sur-Seine 91)
Étanchéité rationnelle (Grigny 91)
Samsic (Évry 91)
Cegex (Wissous 91)
Benne2000 (Viry-Chatillon 91)
MCMD (Nanterre 92)
Boucheries Barbaud (Robinson 91)
Axandre (Levallois-Perret 92)
Derichebourg (Boissy-saintLéger 94)

Autremonde, 12 octobre 2009.


Les travailleurs sans papiers reprennent la grève pour obtenir leur régularisation

Les travailleurs sans-papiers n’ont pas dit leur dernier mot. Après la série de grèves engagées, il y a dix-huit mois, par des travailleurs sans-papiers, à linitiative de la CGT, le mouvement reprend de plus belle. Excédés que leurs demandes de régularisation traînent en longueur, près de 2000 sans-papiers se sont réunis, dimanche 11 octobre, au siège de la CGT à Montreuil (Seine-Saint-Denis), pour préparer la deuxième phase de leur mouvement.

Originaires d
Afrique de louest, du Maghreb, des Comores et même de Chine, beaucoup avaient participé, la veille à la manifestation parisienne organisée par des collectifs de sans-papiers et qui a rassemblé 3800 personnes selon la police, plus de 10.000 selon les organisateurs.

Les salariés en situation irrégulière réunis à Montreuil ont affirmé leur volonté de s
engager au-delà des manifestations et se remettre en grève pour qu’«enfin, le gouvernement règle la question des sans-papiers». Lundi 12 au matin, on comptait déjà quatre piquets de grève dans des sociétés de lEssonne et une dizaine sur Paris.

Dimanche, Bamba Soukouna, cantonnier, faisait part de sa détermination. Licencié fin 2007 lorsque son employeur, Eurovia, filiale de Vinci, a découvert qu
il travaillait sous le nom de son frère, M. Soukouna a néanmoins obtenu de cette société, à la faveur du mouvement engagé le 15 avril 2008, lengagement dêtre réintégré dans lentreprise. Il a ainsi pu déposer en septembre 2008 un dossier de régularisation auprès de la préfecture de Seine-Saint-Denis. Malgré la promesse dobtenir une suite à sa demande dans «les six mois maximum», M. Soukouna na jamais obtenu la moindre réponse. Il na donc toujours pas retrouvé son emploi.

«
Parole non tenue»

Le mouvement initié en 2008 par la CGT a débouché, selon elle, sur l
ouverture de quelque 2500 procédures de régularisation. Mais beaucoup se heurtent à des tracasseries administratives. Les dirigeants de cinq syndicats (CGT, CFDT, Solidaires, FSU, UNSA), de cinq associations (Droits devants !, Ligue des droits de l’Homme, Cimade, Femmes Égalité, Autremonde) et du Réseau éducation sans frontières (RESF) se sont alarmés dans un courrier adressé, le 1er octobre, au premier ministre François Fillon, de cette situation : «Le traitement de chaque dossier est loin dêtre similaire selon les départements et même entre les salarié(e)s de situation parfaitement identique, y compris au sein dune même entreprise», écrivent-ils. Pour «en finir avec ces blocages (qui) persistent, voire grandissent et ces discriminations constatées», ces onze organisations demandent que soit édictée une circulaire de régularisation des salariés sans-papiers.

«
Après avoir obtenu fin 2008 l
assurance du gouvernement quun certain nombre de règles et critères seraient respectés, nous avons joué le jeu et cessé les mouvements de grève. Mais le gouvernement na pas tenu parole», déplore Raymond Chauveau de la CGT. «Tant quil ny aura pas de circulaire claire, nous ne nous adresserons plus aux préfectures où règne larbitraire, prévient le cégétiste. Nous déposerons directement les dossiers auprès du ministre de l’Immigration, Éric Besson.» Au-delà de la CGT, la grève sera cette fois soutenue par lensemble des syndicats signataires du courrier au Premier ministre.

Laetitia Van Eeckhout - Le Monde, 12 octobre.


Salarié(e)s sans papiers
: Pour une circulaire de régularisation

Dans la suite du mouvement du 15 avril 2008, plus de 1000 salarié(e)s sans papiers du nettoyage, de la sécurité, de la restauration, de la construction, de l’intérim se sont mis en grève depuis ce matin, 12 octobre 2009 dans leur entreprise ou leur secteur d’activité, pour gagner leur régularisation et l’amélioration de leurs conditions de travail.

Parmi eux, des salariés de grandes et de petites entreprises, mais aussi
des salariés individuels de très petites entreprises usent de leur droit constitutionnel à la grève.

Devant les blocages persistants, l’arbitraire préfectoral et les discriminations dans le traitement des dossiers de régularisation des salariés, il faut qu’une circulaire définisse «des critères améliorés, simplifiés, appliqués dans l’ensemble du territoire national. Cette circulaire doit garantir une égalité de traitement de chaque salarié(e) quel que soit son lieu de travail et à l’intérieur d’un même lieu de travail. Elle doit définir une procédure de régularisation sécurisée et standardisée quel que soit le département.»

C’est le sens du courrier adressé à M. François Fillon le 1er octobre par
cinq organisations syndicales (CGT, CFDT, Union syndicale solidaires, FSU, UNSA) et six associations (Ligue des droits de l’Homme, Cimade, Réseau Éducation sans frontières, Femmes Égalité, Autremonde, Droits devant).

C’est ce qu’exigent les salariés qui se sont mis en mouvement aujourd’hui.

Ils peuvent compter sur l’appui et le soutien de la Cgt.

CGT, 12 octobre.
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