Turquie : 33 ans plus tard, les syndicats vont fêter le 1er mai sur la place de Taksim
Pour la première fois depuis 33 ans, les syndicats turcs seront autorisés samedi à célébrer sans restriction le 1er mai sur la place de Taksim, la plus célèbre esplanade d’Istanbul et un lieu emblématique de la lutte ouvrière.
«Nous ressentons un grand bonheur à l’idée de célébrer cette année pacifiquement et la main dans la main le 1er mai à Taksim et que cesse ainsi de souffler sur cette place le vent de la tension», a déclaré vendredi le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan dans un communiqué.
C’est sur la place de Taksim que le 1er mai 1977, 34 personnes ont été tuées lorsque des tireurs, soupçonnés d’être des militants d’extrême droite soutenus par les services du renseignement, ont ouvert le feu sur la foule, créant une panique fatale à de nombreuses victimes, mortes piétinées.
Les commémorations du 1er mai étaient depuis interdites sur cette vaste esplanade, une prohibition contestée par les syndicats et qui a donné lieu à des affrontements avec la police au cours des dernières années — les heurts ont fait huit blessés en 2008, une quarantaine en 2009.
L’an dernier, les autorités avaient déjà lâché du lest en déclarant le 1er mai jour férié et en autorisant une partie d’un cortège syndical à pénétrer sur la place. Cette année elles ont totalement ouvert la place, le gouverneur d’Istanbul Muammer Güler expliquant que les commémorations pourraient être considérées comme des «festivités» autorisées, et non comme un «meeting» politique, proscrit.
Plus de 20'000 policiers seront néanmoins mobilisés pour encadrer la manifestation. Les syndicats espèrent une affluence de plusieurs dizaines de milliers de personnes.
John Monks, le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats, a salué «un pas dans la bonne direction».
Leur presse (AFP), 30 avril 2010.