Tunisie : Deuxième jour d'affrontements à Thala

Publié le par la Rédaction

Tunisie : affrontements entre la police et des manifestants à Thala

 

Avec la reprise des cours après les vacances d'hiver, de violents affrontements ont opposé mardi, pour la deuxième journée consécutive, la police à des centaines de manifestants, en majorité des lycéens, dans la ville de Thala, à 250 km de Tunis, a-t-on appris de source syndicale.

 

 

Appuyés par des renforts venus de régions voisines, les forces de l'ordre ont eu recours «intensivement» aux bombes lacrymogènes pour disperser la foule qui manifestait par solidarité avec la population de Sidi Bouzid, une région du centre-ouest du pays, où avaient éclaté le 17 décembre dernier des troubles sociaux sur fond de chômage et de précarité des conditions de vie.

 

«La police s'est introduit dans un lycée en maltraitant élèves et enseignants», a témoigné un syndicaliste joint au téléphone par l'Associated Press, notant que les établissements scolaires de la ville ont dû être fermés l'après-midi.

 

Plusieurs personnes, blessées, ont été transférées à l'hôpital de Kasserine, chef-lieu de la région, a précisé ce syndicaliste qui a requis l'anonymat. Il a également fait état de nombreuses interpellations.

 

La veille, les manifestants ont incendié le siège du parti au pouvoir et mis le feu à des pneumatiques.

 

 

Les heurts de Sidi Bouzid, qui ont fait trois morts et un blessé grave, ont éclaté à la suite d'une tentative de suicide d'un jeune vendeur ambulant dont la marchandise, des fruits et légumes, a été saisie par des agents municipaux qui l'ont maltraité.

 

Empêché de rencontrer des responsables locaux pour porter plainte, il s'est immolé par le feu en s'aspergeant d'essence. Aux dernières nouvelles, son état critique demeure stationnaire.

 

Face à ces troubles, le président Zine El Abidine Ben Ali a limogé le gouverneur (préfet) de Sidi Bouzid et annoncé des mesures «urgentes» pour le lancement de projets et la création d'emplois dans les régions de l'intérieur du pays.

 

Leur presse (AP), 4 janvier 2011.

 

 

 

 

Tunisie - Sidi Bouzid : la police utilise des balles réelles et les manifestants mènent une cyber-guerre

 

Depuis le début des événements de Sidi Bouzid le 17 décembre 2010, les autorités tunisiennes aussi bien que les médias officiels insistent sur des mots comme : émeutes, cas isolé, manipulation politique, etc. Ils essaient de cacher la vérité et accusent l’opposition et les médias étrangers de mensonge et d’essayer d’ébranler la stabilité de la Tunisie. Ils n’ont jamais essayé de faire face à la vérité et de trouver des solutions efficaces. De nouveau les autorités ont utilisé la violence dans différentes régions du pays causant des morts et de graves blessures pour les manifestants.

 

À présent, plus de vingt jours se sont écoulés depuis le début des événements, et les choses ne se sont pas améliorées du tout. Les autorités utilisent la violence comme réponse aux exigences des manifestants quant à leurs droits fondamentaux. Ils tentent aussi d’étouffer et de fermer chaque parole libre en essayant de cacher et voiler la vérité. Ils censurent de nombreux sites Internet et bloquent le chargement de vidéos sur Facebook. Anonymous, un groupe de hackers-activistes, a proposé d’aider les opposants tunisiens et a lancé l’opération Tunisia, une action de hack, qui a commencé le 2 janvier 2011 et cible les sites Internet du gouvernement. L’opération est une réponse à la censure de Wikileaks et de n’importe quelle source de nouvelles qui publie des câbles qui font référence à la Tunisie, dont Tunileaks, et d’autre part une assistance aux cyberactivistes tunisiens cernés par la police d’Internet.

 

La réponse de la police d’Internet a été de pirater des adresses mail, des pages Facebook et des profils et blogs d’activistes tunisiens. Les internautes tunisiens parlent maintenant de cyber-guerre.

 

Dans le fond, les choses n’étaient pas différentes lorsque des étudiants ont exprimé leur colère et ont rejoint le mouvement de protestation le 3 janvier 2011 en organisant des manifestations dans différentes régions de Tunisie. Des avocats ont aussi manifesté devant le tribunal de Tunis et de violents affrontements ont débuté avec les forces de sécurité à Tala, dans le gouvernorat de Kasserine. De plus, les officiers de police ont utilisé des gaz lacrymogènes et des balles réelles. Ils ont aussi fait des descentes dans les maisons et ont arrêté des gens… Les affrontements continuent dans la région. Vous osez encore parler d’un cas isolé ?

 

Traduit de l’anglais (A Tunisian Girl)
par Gachet - HNS-info, 4 janvier.

 

 

Sidi Bouzid ou la révolte tunisienne organisée sur Facebook

 

Les récents troubles au sein du régime de Ben Ali soulignent l'importance des réseaux sociaux comme l'outil indispensable de l'opposant dans un pays où l'information est verrouillée.

 

 

Les récents troubles sociaux en Tunisie, en particulier dans la région de Sidi Bouzid (centre-est, à 240km de Tunis), ont mis en lumière l'importance d'Internet et des réseaux sociaux dans un pays en proie à une importante censure.

 

Largement réprimés par les forces de l'ordre, les mouvements de contestation du régime du président Zine el Abidine Ben Ali ont déjà fait un mort et de nombreux blessés. Malgré une censure omniprésente, les manifestants ont su tirer parti de la puissance d'Internet pour s'organiser.

 

«Tout est passé par Facebook», raconte une Tunisienne à Nouvelobs.com. Ces dernières semaines, les internautes tunisiens ont été pris dans un tourbillon d'informations, en postant sur Facebook toutes les vidéos ou articles en lien avec les événements de Sidi Bouzid. Le slogan «Partager nous sauvera» s'est érigé en règle.

 

«En Tunisie, Internet est devenu le seul moyen pour se révolter», poursuit la jeune femme. Une situation qui rappelle l'Iran et ses manifestations post-électorales de 2009, largement reprises sur Twitter.

 

La Tunisie, «ennemi d'Internet»

 

«La Tunisie est l'un des cinq pays les plus répressifs au monde en matière d'Internet», note Lucie Morillon, responsable du bureau Internet chez Reporters Sans Frontières. La Tunisie est «un ennemi d'Internet» où sont censurés «les sites de l'opposition politique, les sites de défense des droits de l'homme, les sites d'informations dissidents, des centaines de blogs», explique-t-elle à Nouvelobs.com.

 

Les sites de partagent de photos et de vidéos comme FlickR et YouTube sont également bloqués, tout comme les sites faisant référence à WikiLeaks.

 

Mais, face à l'ampleur du mouvement de contestation à Sidi Bouzid, «le gouvernement est passé à la vitesse supérieure en bloquant une centaine de pages Facebook, en empêchant de poster des photos et vidéos, en bloquant le “https” de Facebook [qui permet une connexion sécurisée au site, NDLR] et en bloquant certains proxys [qui permettent de contourner la censure, NDLR]. Aujourd'hui, le gouvernement a peur du potentiel de mobilisation d'un Facebook, donc ils font tout pour le bloquer», poursuit-elle.

 

La blogueuse tunisienne Lina Ben Mhenniis raconte que ses comptes e-mail et Facebook ont été piratés, tout comme plusieurs blogueurs engagés. «Vous pouvez nous censurer, vous pouvez nous pirater, mais vous ne pourrez pas nous empêcher d'écrire !», martèle la jeune femme.

 

«Internet est devenu un titan que rien ne peut arrêter»

 

L'information circule néanmoins toujours énormément via Facebook et les réseaux sociaux. «Internet est devenu le seul canal où l'information libre transite», tranche la responsable chez RSF.

 

Plus de 1,8 millions de Tunisiens disposeraient d'un compte Facebook sur 3,6 millions d'internautes à travers le pays, note ainsi le site CheckFacebook. Sur les 30 derniers jours, la Tunisie est même le troisième pays au monde où le terme «Facebook» est le plus recherché.

 

«Même s'il est sous haute surveillance, même s'il est entouré de barbelés, Internet est devenu un titan que rien ne peut arrêter», lance le journaliste d'opposition Taoufik Ben Brik. «Sans Internet, personne n'aurait été informé de ce qui se passe à Sidi Bouzid. Aujourd'hui, c'est le temps du web, les gens s'informent à travers Internet tout en se cachant de la police cybernétique derrière des proxys», raconte l'opposant tunisien à Nouvelobs.com.

 

«En Tunisie, chaque fois que l'on cherche à se connecter à un site “sensible” politiquement, on arrive sur une “Erreur 404”, baptisée ici “Ammar 404” [référence à une chanson populaire désignant Ben Ali, NDLR]», explique encore Taoufik Ben Brik.

 

«Anonymous a entendu le cri de liberté du peuple tunisien»

 

Face à la censure, les Tunisiens viennent de recevoir le soutien d'un allié de taille sur le web : les Anonymous. Après leur guerre contre l'industrie du disque et leur soutien à WikiLeaks, le groupe des hackers a lancé «l'opération Tunisie».

 

Dans une «lettre au gouvernement de Tunisie», les Anonymous déclarent : «Vous avez unilatéralement déclaré la guerre à la liberté d'expression, à la démocratie et à votre propre peuple. Anonymous a entendu le cri de liberté du peuple tunisien. Anonymous est disposé à aider le peuple tunisien dans cette lutte contre l'oppression.»

 

Le groupe s'est ainsi livré à de nombreuses attaques informatiques — dites de DDoS — contre différents sites gouvernementaux, mettant hors ligne plusieurs sites web dont celui du Premier ministre.

 

Outre ces attaques, les Anonymous ont décidé de diffuser largement aux Tunisiens des informations pour pouvoir contourner la censure. Différents sites ont été mis en place, de même qu'un compte Twitter et des canaux de discussion.

 

«Qui va gagner la guerre de l'information ?»

 

Face aux manifestations de Sidi Bouzid, le président Ben Ali s'est lancé dans une véritable campagne de communication visant à apaiser les esprits. Dans un discours, il a dénoncé «l'ampleur exagérée qu'ont pris ces événements», tout en soulignant «l'impératif de respecter la liberté d'opinion et d'expression et le souci de les consacrer dans la législation et la pratique. Nous respectons toute position dès lors qu'elle est exprimée dans le cadre de la Loi et des règles et éthique du dialogue», a-t-il affirmé.

 

Pour Taoufik Ben Brik, «ce qui s'est passé à Sidi Bouzid est énorme. Le peuple a réussi à casser le mythe Ben Ali, à casser l'image de ce Caligula maghrébin.»

L'opposant s'élève d'ailleurs contre «une tentative de désinformation» dans les médias internationaux. «Toutes les personnes interviewées dans les médias travaillent pour des officines et cherchent à minimiser la situation. Sur France-Inter, sur Rue 89… tous sont liés à Ben Ali mais se cachent derrière un statut d'ancien opposant», lance-t-il. «Quand on dit que Nessma TV a “cassé le blocus”, c'est faux ! Le régime a autorisé cette émission spéciale», avance Taoufik Ben Brik.

 

«Sidi Bouzid est devenu un emblème… Ben Ali a été pris en flagrant délit de despotisme», assène l'opposant tunisien qui conclut : «Reste maintenant à savoir qui va gagner la guerre de l'information».

 

Leur presse (Boris Manenti, Nouvelobs.com), 4 janvier.

 

 

Tunisie : Répression des mouvements sociaux
La Tunisie est depuis le 19 décembre le théâtre de violents affrontements entre manifestants, souvent jeunes, et forces de répression. Le mécontentement se concentre dans le centre-ouest du pays, dans la région de Sidi Bouzid. Le mouvement s’est déclenché après la tentative de suicide d’un jeune diplômé de l’université, vendeur sans permis de fruits et légumes qui s’était fait confisquer sa marchandise par la police municipale. Désespéré, le jeune homme s’était aspergé d’essence pour s’immoler par feu. Il a survécu mais se trouve dans un état critique jusqu’au nos jours dans l’hopital.
Cinq jours plus tard un autre jeune a mis fin à ses jours en s’électrocutant au contact de câbles électriques. Depuis, les manifestations se multiplient dans le pays pour dénoncer l’absence de perspectives offertes à la jeunesse, le coût de la vie et les inégalités croissantes. Trois voitures de police a été incendiées, des jets de pierres et des cocktails Molotov ont ciblé les locaux du parti au pouvoir et des administrations. Un jeune manifestant a été tué par balles, plusieurs autres blessés (parfois par les gros bras du parti au pouvoir, protégés par les policiers) et il y a eu de nombreuses arrestations.
Et depuis, toutes les villes et les villages tunisiens se manifestent contre la politique réactionnaire de ce régime policier. En organisant des affrontements quotidiens même le régime utilise toutes les méthodes répressives contre la population et les militants progressistes des mouvements sociaux (arrestations ; répressions ; propagande contre les revendications de la jeunesse et la population…).
Plusieurs mouvements de luttes soient dans le monde arabe ou mondial se solidarisent avec la lutte de ces mouvements et se mobilisent pour la libération des prisonniers progressistes et dénoncent le régime policier tunisien.

Secours Rouge Arabe, 30 décembre 2010.

Publié dans Internationalisme

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L
<br /> <br />  Soldarité ... Soldaridad .. Solidarity .. Solidarietà ...<br /> <br /> <br /> Le peuple Tunisien bravant la répression omnipresente se révolte contre le régime arbitraire du despote Ben Ali. Solidarité internationale avec le peuple Tunisien qui lutte pour sa liberté et sa<br /> dignitée.<br /> <br /> Tout savoir sur la situation en Tunisie :<br /> <br /> Faite circulez l’information....<br /> <br /> http://nawaat.org/portail/<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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