Sur le procès de deux manifestants No Border à Boulogne-sur-Mer
Renvoyés à leurs chères études
Un complément d’information ordonné au procès des no-borders
Vers 9h30, hier matin, une vingtaine de militants no-borders ou soutiens ont passé le portique de sécurité du Palais de Justice de Boulogne-sur-Mer. Ambiance bon enfant malgré la présence d’une trentaine de fonctionnaires de police. Dans la salle des pas perdus, deux jeunes filles jouent à «un, deux, trois soleil». Contre un pylône en marbre. On passe le temps comme on peut. Comme on veut. Plus loin, sur un banc, des jeunes en keffieh lisent qui Siné hebdo, qui La brique, des journaux satiriques. Ça tranche une nouvelle fois avec le déploiement de force de mai dernier, à Calais, lors du fameux camp.
Et le camp parlons-en ! Le 25 juin dernier, Thomas et Cédric manifestent parmi d’autres joyeux drilles place Crèvecœur et boulevard Gambetta. Un hélicoptère se poste en stationnaire au-dessus du centre-ville de Calais. Les CRS et policiers en civil se positionnent dans les rues adjacentes.
Courses-poursuites. Interpellations. Et rébellion ? C’est en tout cas ce qu’on reproche aux deux étudiants lillois.
Les contrôles étaient-ils autorisés ?
«Quand les policiers décident de procéder au contrôle de votre identité, vous prenez la fuite, vous vous débattez et vous repoussez les policiers», note le président, Julien Borget. Ce n’est pas l’avis des deux militants qui prétendent avoir fui lors de la charge des policiers pour éviter les coups. «Des policiers sans brassards et en civil nous ont foncés dessus, remarque Cédric. Ils nous ont interpellés. M’ont forcé à m’asseoir sur les marches d’un magasin. Mais je ne me suis jamais débattu. Tout était pacifiste. Mais comme je continuais à crier nos slogans, ils se sont énervés.»
Il parle de violences policières. De lunettes placées dans sa bouche pour l’empêcher de crier. De doigt dans l’œil. «Il n’y a eu aucune résistance physique, souligne l’un des prévenus. Certes, nous avons continué à crier mais ça ne constitue nullement une rébellion !» L’accusation est finalement bien embêtée. Les policiers ne sont pas présents. Encore moins représentés par un avocat. Et la défense fournit des pièces qui pourraient jouer un drôle de tour au ministère public.
Et vers 10h45, c’est un nouveau coup de théâtre. Le procureur de la République évoque l’idée d’un supplément d’information. «Pour savoir de quoi on parle, il faut peut-être que d’autres policiers soient entendus, requiert-il. Des témoins doivent également être auditionnés. De plus, la défense souligne que les contrôles d’identités autorisés par le parquet dans un périmètre restreint ne pouvaient pas être effectués boulevard Gambetta. Il faut que les services enquêteurs nous dressent un plan exact de la ville de Calais avec les zones où ces contrôles étaient autorisés.»
Les deux avocates de la défense crient au scandale. Pour Me Matrat, dont c’est déjà le deuxième renvoi de ce genre en moins d’une semaine avec l’affaire Matis, la coupe est pleine : «Quand la défense est en difficulté dans un dossier, elle doit se débrouiller toute seule. Mais quand il s’agit de l’accusation, on demande un supplément d’information. On a vraiment l’impression que nous ne sommes pas égaux dans cette histoire. On parlera de complément d’information dès lors qu’une relaxe se profilera à l’horizon. (…) Des mauvaises idées planent sur mon client, ces mêmes mauvaises idées qui polluent notre démocratie et notre République. C’est un garçon noble dans ses combats et juste dans ses idées. Je m’oppose à ce renvoi. Les moyens de la défense, c’est aussi d’exploiter les lacunes et les carences du dossier.» Même son de cloche de la part de Me Muriel Ruef du barreau de Paris : «Cette demande de renvoi est un aveu grave du parquet qui a fait délivrer une convocation en justice alors qu’il n’y avait aucun élément dans le dossier pour les renvoyer ici. Il était largement possible d’entendre les policiers présents le jour-même ou durant la semaine du camp. Nous sommes tous là sauf les policiers — bizarrement — et le parquet veut pallier la carence des parties civiles.»
Renvoi au 3 février 2010. Une commission rogatoire doit être lancée par le président du tribunal pour réentendre les témoins. Les services enquêteurs vont également devoir dresser une carte de Calais pour déterminer la légalité des contrôles.
Un complément d’information ordonné au procès des no-borders
L’appel au calme des avocats de la défense qui craignaient des amalgames douteux avec les Black Blocks ou le déferlement de violence dans les rues de Poitiers, le week-end dernier, a fonctionné.
Vers 9h30, hier matin, une vingtaine de militants no-borders ou soutiens ont passé le portique de sécurité du Palais de Justice de Boulogne-sur-Mer. Ambiance bon enfant malgré la présence d’une trentaine de fonctionnaires de police. Dans la salle des pas perdus, deux jeunes filles jouent à «un, deux, trois soleil». Contre un pylône en marbre. On passe le temps comme on peut. Comme on veut. Plus loin, sur un banc, des jeunes en keffieh lisent qui Siné hebdo, qui La brique, des journaux satiriques. Ça tranche une nouvelle fois avec le déploiement de force de mai dernier, à Calais, lors du fameux camp.
Et le camp parlons-en ! Le 25 juin dernier, Thomas et Cédric manifestent parmi d’autres joyeux drilles place Crèvecœur et boulevard Gambetta. Un hélicoptère se poste en stationnaire au-dessus du centre-ville de Calais. Les CRS et policiers en civil se positionnent dans les rues adjacentes.
Courses-poursuites. Interpellations. Et rébellion ? C’est en tout cas ce qu’on reproche aux deux étudiants lillois.
Les contrôles étaient-ils autorisés ?
«Quand les policiers décident de procéder au contrôle de votre identité, vous prenez la fuite, vous vous débattez et vous repoussez les policiers», note le président, Julien Borget. Ce n’est pas l’avis des deux militants qui prétendent avoir fui lors de la charge des policiers pour éviter les coups. «Des policiers sans brassards et en civil nous ont foncés dessus, remarque Cédric. Ils nous ont interpellés. M’ont forcé à m’asseoir sur les marches d’un magasin. Mais je ne me suis jamais débattu. Tout était pacifiste. Mais comme je continuais à crier nos slogans, ils se sont énervés.»
Il parle de violences policières. De lunettes placées dans sa bouche pour l’empêcher de crier. De doigt dans l’œil. «Il n’y a eu aucune résistance physique, souligne l’un des prévenus. Certes, nous avons continué à crier mais ça ne constitue nullement une rébellion !» L’accusation est finalement bien embêtée. Les policiers ne sont pas présents. Encore moins représentés par un avocat. Et la défense fournit des pièces qui pourraient jouer un drôle de tour au ministère public.
Et vers 10h45, c’est un nouveau coup de théâtre. Le procureur de la République évoque l’idée d’un supplément d’information. «Pour savoir de quoi on parle, il faut peut-être que d’autres policiers soient entendus, requiert-il. Des témoins doivent également être auditionnés. De plus, la défense souligne que les contrôles d’identités autorisés par le parquet dans un périmètre restreint ne pouvaient pas être effectués boulevard Gambetta. Il faut que les services enquêteurs nous dressent un plan exact de la ville de Calais avec les zones où ces contrôles étaient autorisés.»
Les deux avocates de la défense crient au scandale. Pour Me Matrat, dont c’est déjà le deuxième renvoi de ce genre en moins d’une semaine avec l’affaire Matis, la coupe est pleine : «Quand la défense est en difficulté dans un dossier, elle doit se débrouiller toute seule. Mais quand il s’agit de l’accusation, on demande un supplément d’information. On a vraiment l’impression que nous ne sommes pas égaux dans cette histoire. On parlera de complément d’information dès lors qu’une relaxe se profilera à l’horizon. (…) Des mauvaises idées planent sur mon client, ces mêmes mauvaises idées qui polluent notre démocratie et notre République. C’est un garçon noble dans ses combats et juste dans ses idées. Je m’oppose à ce renvoi. Les moyens de la défense, c’est aussi d’exploiter les lacunes et les carences du dossier.» Même son de cloche de la part de Me Muriel Ruef du barreau de Paris : «Cette demande de renvoi est un aveu grave du parquet qui a fait délivrer une convocation en justice alors qu’il n’y avait aucun élément dans le dossier pour les renvoyer ici. Il était largement possible d’entendre les policiers présents le jour-même ou durant la semaine du camp. Nous sommes tous là sauf les policiers — bizarrement — et le parquet veut pallier la carence des parties civiles.»
Renvoi au 3 février 2010. Une commission rogatoire doit être lancée par le président du tribunal pour réentendre les témoins. Les services enquêteurs vont également devoir dresser une carte de Calais pour déterminer la légalité des contrôles.
Leur presse (Vincent Depecker, Nord Littoral), 15 octobre 2009.