Solidarité avec les inculpés de Poitiers !
Soutien Patrick
Pour les sous :
Nous avons envoyé à Patrick de quoi cantiner (…).
Il nous faut cependant continuer à récolter des sous (…). Pour cela des actions sont prévues (collecte-café autogéré à la fac, prévision d’un concert, etc) et un appel aux dons est lancé !
Logistiquement parlant, nous proposons que tout ce qui a été et sera récolté sur Tours soit envoyé au Collectif poitevin afin d’être mis en commun en faveur de tous les inculpés (…). Pour cela adresser un chèque à l’Acratie, à l’adresse : ACRATIE - 86310 LA BUSSIÈRE (pensez à annoter «Solidarité Poitiers» au dos de ce chèque).
Pour sa défense :
Son avocat dépose demain matin, mercredi, une nouvelle demande de remise en liberté suite aux éléments administratifs que sa compagne lui a fait parvenir. Il pense que la réponse se fera d’ici quatre à cinq jours. Il faudrait donc que toutes les personnes connaissant Patrick et acceptant de témoigner en sa faveur le fassent très rapidement.
Pour cela, vous trouverez en pièce jointe un modèle d’attestation à remplir. Pour ce qui est du contenu, il s’agit de dire que Patrick participe à de nombreuses causes ou luttes sociales, associatives ou syndicales, de défense, de soutien à … (sans logis, demandeurs d’asiles et autres personnes «en galère»), qu’il n’est pas dangereux ou agressif… A priori le fait de confirmer qu’il est à Tours depuis longtemps serait utile pour sa demande de remise en liberté (donc si vous le connaissez depuis un, deux, sept ou quinze ans c’est bien de préciser).
N’oubliez pas de joindre à votre attestation une photocopie recto verso de votre carte d’identité. Le tout à envoyer à :
Pour son moral :
Lui écrire !
Pour toute info ou toute question, contactez le Collectif antirep.
D'autres infos suivront très prochainement…
Autre caisse de solidarité (dons à envoyer avec la mention «solidarité Sam») :
Manifestation violente à Poitiers : deux des trois détenus remis en liberté
Le tribunal a accepté la demande de remise en liberté de Samuel Bastard, étudiant en deuxième année de géographie, et de Jean-Salvy Compte, étudiant en première année de sociologie. Les deux hommes de 20 ans avaient été condamnés à six mois de prison dont un ferme.
À l'issue de l’audience, la mère de Jean-Salvy, Gwenn Compte, s’est dite «extrêmement soulagée». Selon elle, son fils et Samuel Bastard «ont été emprisonnés à cause d’une faille de la police qui a mal géré la manifestation du 10 octobre et a mis des innocents en prison». Elle s’est dite «persuadée de l’innocence» de son fils et «attend le procès en appel pour le prouver».
En revanche, Patrick Dubreaucq, condamné à huit mois de prison dont quatre fermes, a vu sa demande de liberté refusée. La cour a estimé «insatisfaisantes les garanties de présentation en justice et de non réitération» pour cet homme de 51 ans domicilié à Tours.
Les procès sur le fond sont programmés le 19 novembre pour Patrick Dubreaucq et le 10 décembre pour les deux étudiants.
Le 10 octobre dernier, près de 250 personnes, selon la police, avaient investi le centre de Poitiers. Se réclamant d’un «collectif anticarcéral», pour la plupart masqués et cagoulés, ils avaient endommagé une quinzaine de vitrines et tagué des bâtiments dont un édifice religieux.
Poitiers : Libérés… et poursuivis en appel
Tous trois avaient été jugés en comparution immédiate pour «dégradations volontaires, dégradations de biens publics, coups et blessures sur agents de la force publique dans l’exercice de leurs fonctions», mais nient les faits qui leur sont reprochés. Le Parquet, jugeant les peines trop clémentes, a fait appel de quatre des condamnations, dont celle des deux étudiants (procès le 10 décembre) et de Patrick Dubreaucq (procès le 19 novembre). La nouvelle de la libération de Samuel et Jean-Salvy a été accueillie avec soulagement par leurs proches et les élus. Le secrétaire national du Parti socialiste aux droits de l’Homme, Pouria Amirshahi, a ainsi salué samedi une «bonne nouvelle pour le droit».
Poitiers, récit d’un engrenage
De la manifestation à la prison. Jeune étudiant en sociologie, et militant «occasionnel», Jean-Salvy Compte, ne se doutait pas une seconde de ce qui allait lui arriver, le 10 octobre dernier, quand il s’est rendu à la manifestation contre l’inauguration de la prison de Vivonne, à l’initiative du collectif anti-carcéral. «Alerté par des affiches annonçant une manifestation festive», il se retrouve avec des amis au point de rendez-vous, «en arrière d’un cortège masqué, sans slogans ni banderoles, silencieux et pas du tout festif». Voyant la tournure que prenaient les choses, il décide de sortir de la manifestation, «surpris et choqué» par les saccages et la violence du cortège. Mais espère toujours pouvoir se rendre, le soir, accompagné de Samuel Bastard, son ami, au concert qui devait clore la journée de mobilisation.
«Je reconnais ces gueules de cons»
«Au carrefour qui précédait le lieu du concert, il y avait des cars de CRS, mais nous avons décidé d’aller voir quand même, nous n’imaginions pas du tout ce qui allait nous arriver.» À l’entrée de ce lieu tenu par un collectif artistique, il a le temps de voir, dans la cour, la centaine de personnes venues assister au concert, assises les mains sur la tête. Lui et son ami ne pourront pas rentrer : «un policier nous a désigné, et a dit en substance “Je reconnais ces gueules de con, vous êtes de toutes les manifestations” : nous avons été arrêtés, menottés, et conduits au commissariat». Ignorant ce qu’on lui reproche, «sûr qu’on allait s’apercevoir qu’il n’était pas la bonne personne», Jean-Salvy Compte reste alors persuadé qu’il serait «relâché au bout de quelques heures». Mais au bout de ces quelques heures vient seulement le premier interrogatoire, «toujours sans précision sur ce qu’on me reproche». Ce n’est d’ailleurs qu’à la reconduction pour 24 heures de sa garde à vue que le jeune homme, surpris de la tournure que prennent les choses, décide de rencontrer un avocat commis d’office, qui lui notifie ses droits. Au second interrogatoire, il apprend qu’il est soupçonné d’avoir lancé un objet métallique en direction des policiers pendant la manifestation. Ce qu’il nie. Au bout d’un troisième interrogatoire, «épuisé, impressionné par les policiers qui sont là en nombre, et qui lui disent que reconnaître est la seule solution pour éviter la prison», il finit par signer le procès verbal.
Enfermés à la prison de Vivonne
Conduit au tribunal dès le terme de sa garde à vue, il revient sur ses déclarations devant le procureur général. «En arrivant, en voyant les cars de CRS, les caméras de télévisions, j’ai réalisé l’ampleur qu’avait pris l’affaire.» Il ne peut voir son avocat «que cinq minutes, juste avant que le procès ne démarre», le lundi en début d’après-midi. La sentence tombe vers 1 heure du matin : six mois de prison dont un ferme avec mandat de dépôt, pour lui comme pour son ami, Samuel Bastard, reconnu coupable des mêmes faits. Patrick, un SDF de 51 ans que Jean-Salvy ne connaissait pas auparavant, est lui condamné à huit mois dont quatre ferme. Tous sont conduits immédiatement dans la prison de Vivonne. Placés dans un bâtiment à part, un peu coupé du reste de la prison, les deux jeunes étudiants obtiennent d’être ensemble pour «se soutenir mutuellement». Une cellule «neuve, avec une douche et la télévision», des surveillants «plutôt gentils»… Ce que Jean-Salvy retient de son séjour à Vivonne, c’est surtout de s’être «beaucoup ennuyé», trop «angoissé et stressé pour pouvoir se concentrer pour lire ou quoi que ce soit». Vendredi, le tribunal a décidé la remise en liberté des deux étudiants, mais pas de Patrick, «faute de garantie de représentativité». «Nous, on pense à lui, c’est injuste, il n’a pas compris et nous non plus», commente l’étudiant qui est venu assister au départ d’une nouvelle manifestation de soutien, samedi, pour obtenir la libération du SDF.
«On ne fait pas partie de l’ultragauche»
Lui, c’est Jean-Salvy Compte, 20 ans, né à Guéret, mince jeune homme brun au visage légèrement mangé de barbe. À ses côtés, 20 printemps lui aussi, c’est Samuel Bastard, né à Poitiers, plus enveloppé, un visage encore poupin cerclé de cheveux roux. Ces deux-là se sont connus au lycée, en classe de première. Depuis, l’amitié a pris le quart. Ils ont vécu les manifs, l’engagement, les rires entre copains et partagé une même colère contre le monde tel qu’il va. Ou ne va pas…
Depuis ce funeste 10 octobre, ces deux-là se sont retrouvés pris dans un engrenage infernal : interpellation au soir de la manif anticarcérale, garde à vue épuisante, comparution immédiate et prison. On ne reviendra pas ici sur les faits, qui doivent être réexaminés le 10 décembre prochain lors de leur procès d’appel. D’ailleurs, ils ne le souhaitent pas, laissant à leurs conseils le soin de préparer leur défense. «On reste optimistes, lâche Samuel, nos avocats nous ont dit qu’on avait de bonnes raisons de l’être.» Alors, en attendant, au sortir d’une douzaine de jours de détention, les deux copains tentent de décompresser. «Ce qu’il y a de plus dur en prison, raconte Jean-Salvy, c’est de ne pas voir ses proches comme on le veut, même si on recevait une dizaine de lettres par jour.»
Le moral, comment était-il ? «Il y avait des hauts quand on voyait le soutien qu’on avait à l’extérieur, des bas quand on a appris que le parquet faisait appel. Mais on était deux en cellule, on pouvait discuter, se soutenir mutuellement. Mais le plus dur, c’est vraiment cette sensation d’enfermement.»
Maintenant qu’ils ont recouvré la liberté, les deux amis veulent se poser, prendre un peu de repos avant de rejoindre les bancs de la fac. La géographie pour Samuel, la sociologie pour Jean-Salvy.
«On ne cautionne pas la violence»
Des étudiants comme les autres. Ou presque. Politisés ? C’est certain. D’ultragauche ? Samuel rit : «On est bien à gauche mais on ne fait pas partie de l’ultragauche ! Ils ont cassé et tagué le patrimoine, je ne cautionne pas ce qui s’est passé.»
Jean-Salvy enchaîne en souriant, lui aussi : «Vous savez, nous ne sommes pas des dogmatiques, nous n’avons pas de maîtres à penser !»
Les deux se disent maintenant «impatients» de reprendre les cours pour rattraper leur retard. D’ici là, Jean-Salvy va «profiter» de ses proches, Samuel va peut-être s’autoriser une petite balade dans le sud. Pour oublier qu’à 20 ans, il est un temps passé par la case prison, loin, bien loin de ses rêves d’enfant…
Quelques infos «techniques» du Collectif anti répression de Tours pour soutenir Patrick, toujours incarcéré à Poitiers-Vivonne depuis le 10 octobre.
Pour les sous :
Nous avons envoyé à Patrick de quoi cantiner (…).
Il nous faut cependant continuer à récolter des sous (…). Pour cela des actions sont prévues (collecte-café autogéré à la fac, prévision d’un concert, etc) et un appel aux dons est lancé !
Logistiquement parlant, nous proposons que tout ce qui a été et sera récolté sur Tours soit envoyé au Collectif poitevin afin d’être mis en commun en faveur de tous les inculpés (…). Pour cela adresser un chèque à l’Acratie, à l’adresse : ACRATIE - 86310 LA BUSSIÈRE (pensez à annoter «Solidarité Poitiers» au dos de ce chèque).
Pour sa défense :
Son avocat dépose demain matin, mercredi, une nouvelle demande de remise en liberté suite aux éléments administratifs que sa compagne lui a fait parvenir. Il pense que la réponse se fera d’ici quatre à cinq jours. Il faudrait donc que toutes les personnes connaissant Patrick et acceptant de témoigner en sa faveur le fassent très rapidement.
Pour cela, vous trouverez en pièce jointe un modèle d’attestation à remplir. Pour ce qui est du contenu, il s’agit de dire que Patrick participe à de nombreuses causes ou luttes sociales, associatives ou syndicales, de défense, de soutien à … (sans logis, demandeurs d’asiles et autres personnes «en galère»), qu’il n’est pas dangereux ou agressif… A priori le fait de confirmer qu’il est à Tours depuis longtemps serait utile pour sa demande de remise en liberté (donc si vous le connaissez depuis un, deux, sept ou quinze ans c’est bien de préciser).
N’oubliez pas de joindre à votre attestation une photocopie recto verso de votre carte d’identité. Le tout à envoyer à :
Cabinet d’avocats BROTTIER-ZOROLe plus tôt sera le mieux, si possible avant la fin de semaine, et au pire avant la date de l’appel fixée au 19 novembre.
4 boulevard Verdun
86000 POITIERS
Pour son moral :
Lui écrire !
Centre Pénitentiaire de Poitiers VivonneSachez que les courriers sont lus par l’administration pénitentiaire avant d’être donnés au prisonnier et peuvent être censurés ou utilisés contre lui… Et comme tout se paie en prison, pensez à joindre une enveloppe et des timbres pour qu’il puisse répondre.
Patrick DUBREUCQ
Numéro d’écrou 145
Champ de Grolles
86370 VIVONNE
La solidarité est une arme !
Pour toute info ou toute question, contactez le Collectif antirep.
D'autres infos suivront très prochainement…
Collectif antirépression face à la police - Tours, 28 octobre 2009.
Pétition pour la libération immédiate de Patrick Dubreucq, la relaxe de tous les inculpés des 10 et 17 octobre et l’arrêt de toutes les procédures en cours
Autre caisse de solidarité (dons à envoyer avec la mention «solidarité Sam») :
Union locale des syndicats CNT de Poitiers
20 rue Blaise-Pascal
86000 POITIERS
Manifestation violente à Poitiers : deux des trois détenus remis en liberté
La cour d’appel de Poitiers a remis en liberté vendredi deux des trois hommes qui étaient incarcérés depuis leur jugement en comparution immédiate le 12 octobre pour leur participation à une manifestation qui avait dégénéré en violences le 10 octobre dernier dans le centre-ville de Poitiers.
Le tribunal a accepté la demande de remise en liberté de Samuel Bastard, étudiant en deuxième année de géographie, et de Jean-Salvy Compte, étudiant en première année de sociologie. Les deux hommes de 20 ans avaient été condamnés à six mois de prison dont un ferme.
À l'issue de l’audience, la mère de Jean-Salvy, Gwenn Compte, s’est dite «extrêmement soulagée». Selon elle, son fils et Samuel Bastard «ont été emprisonnés à cause d’une faille de la police qui a mal géré la manifestation du 10 octobre et a mis des innocents en prison». Elle s’est dite «persuadée de l’innocence» de son fils et «attend le procès en appel pour le prouver».
En revanche, Patrick Dubreaucq, condamné à huit mois de prison dont quatre fermes, a vu sa demande de liberté refusée. La cour a estimé «insatisfaisantes les garanties de présentation en justice et de non réitération» pour cet homme de 51 ans domicilié à Tours.
Les procès sur le fond sont programmés le 19 novembre pour Patrick Dubreaucq et le 10 décembre pour les deux étudiants.
Le 10 octobre dernier, près de 250 personnes, selon la police, avaient investi le centre de Poitiers. Se réclamant d’un «collectif anticarcéral», pour la plupart masqués et cagoulés, ils avaient endommagé une quinzaine de vitrines et tagué des bâtiments dont un édifice religieux.
Leur presse (AP), 23 octobre 2009.
Poitiers : Libérés… et poursuivis en appel
Nouvelle manifestation dans le centre-ville de Poitiers samedi : au lendemain de la libération de Samuel Bastard et de Jean-Salvy Compte, 300 personnes, selon l’AFP, se sont réunies pour dénoncer le maintien en détention de Patrick Dubreaucq, un SDF de 51 ans, condamné à 8 mois de prison dont 4 ferme.
Tous trois avaient été jugés en comparution immédiate pour «dégradations volontaires, dégradations de biens publics, coups et blessures sur agents de la force publique dans l’exercice de leurs fonctions», mais nient les faits qui leur sont reprochés. Le Parquet, jugeant les peines trop clémentes, a fait appel de quatre des condamnations, dont celle des deux étudiants (procès le 10 décembre) et de Patrick Dubreaucq (procès le 19 novembre). La nouvelle de la libération de Samuel et Jean-Salvy a été accueillie avec soulagement par leurs proches et les élus. Le secrétaire national du Parti socialiste aux droits de l’Homme, Pouria Amirshahi, a ainsi salué samedi une «bonne nouvelle pour le droit».
Poitiers, récit d’un engrenage
Libéré vendredi, Jean-Salvy Compte revient sur les événements qui l’ont conduit à être arrêté, gardé à vue puis emprisonné, à la suite de la manifestation anti-carcérale de Poitiers, le 10 octobre.
De la manifestation à la prison. Jeune étudiant en sociologie, et militant «occasionnel», Jean-Salvy Compte, ne se doutait pas une seconde de ce qui allait lui arriver, le 10 octobre dernier, quand il s’est rendu à la manifestation contre l’inauguration de la prison de Vivonne, à l’initiative du collectif anti-carcéral. «Alerté par des affiches annonçant une manifestation festive», il se retrouve avec des amis au point de rendez-vous, «en arrière d’un cortège masqué, sans slogans ni banderoles, silencieux et pas du tout festif». Voyant la tournure que prenaient les choses, il décide de sortir de la manifestation, «surpris et choqué» par les saccages et la violence du cortège. Mais espère toujours pouvoir se rendre, le soir, accompagné de Samuel Bastard, son ami, au concert qui devait clore la journée de mobilisation.
«Je reconnais ces gueules de cons»
«Au carrefour qui précédait le lieu du concert, il y avait des cars de CRS, mais nous avons décidé d’aller voir quand même, nous n’imaginions pas du tout ce qui allait nous arriver.» À l’entrée de ce lieu tenu par un collectif artistique, il a le temps de voir, dans la cour, la centaine de personnes venues assister au concert, assises les mains sur la tête. Lui et son ami ne pourront pas rentrer : «un policier nous a désigné, et a dit en substance “Je reconnais ces gueules de con, vous êtes de toutes les manifestations” : nous avons été arrêtés, menottés, et conduits au commissariat». Ignorant ce qu’on lui reproche, «sûr qu’on allait s’apercevoir qu’il n’était pas la bonne personne», Jean-Salvy Compte reste alors persuadé qu’il serait «relâché au bout de quelques heures». Mais au bout de ces quelques heures vient seulement le premier interrogatoire, «toujours sans précision sur ce qu’on me reproche». Ce n’est d’ailleurs qu’à la reconduction pour 24 heures de sa garde à vue que le jeune homme, surpris de la tournure que prennent les choses, décide de rencontrer un avocat commis d’office, qui lui notifie ses droits. Au second interrogatoire, il apprend qu’il est soupçonné d’avoir lancé un objet métallique en direction des policiers pendant la manifestation. Ce qu’il nie. Au bout d’un troisième interrogatoire, «épuisé, impressionné par les policiers qui sont là en nombre, et qui lui disent que reconnaître est la seule solution pour éviter la prison», il finit par signer le procès verbal.
Enfermés à la prison de Vivonne
Conduit au tribunal dès le terme de sa garde à vue, il revient sur ses déclarations devant le procureur général. «En arrivant, en voyant les cars de CRS, les caméras de télévisions, j’ai réalisé l’ampleur qu’avait pris l’affaire.» Il ne peut voir son avocat «que cinq minutes, juste avant que le procès ne démarre», le lundi en début d’après-midi. La sentence tombe vers 1 heure du matin : six mois de prison dont un ferme avec mandat de dépôt, pour lui comme pour son ami, Samuel Bastard, reconnu coupable des mêmes faits. Patrick, un SDF de 51 ans que Jean-Salvy ne connaissait pas auparavant, est lui condamné à huit mois dont quatre ferme. Tous sont conduits immédiatement dans la prison de Vivonne. Placés dans un bâtiment à part, un peu coupé du reste de la prison, les deux jeunes étudiants obtiennent d’être ensemble pour «se soutenir mutuellement». Une cellule «neuve, avec une douche et la télévision», des surveillants «plutôt gentils»… Ce que Jean-Salvy retient de son séjour à Vivonne, c’est surtout de s’être «beaucoup ennuyé», trop «angoissé et stressé pour pouvoir se concentrer pour lire ou quoi que ce soit». Vendredi, le tribunal a décidé la remise en liberté des deux étudiants, mais pas de Patrick, «faute de garantie de représentativité». «Nous, on pense à lui, c’est injuste, il n’a pas compris et nous non plus», commente l’étudiant qui est venu assister au départ d’une nouvelle manifestation de soutien, samedi, pour obtenir la libération du SDF.
Leur presse (Anne Roy, L’Humanité), 26 octobre 2009.
«On ne fait pas partie de l’ultragauche»
Poitiers. Samuel et Jean-Salvy, libérés vendredi après douze jours de détention, aspirent au calme. Rencontre.
Lui, c’est Jean-Salvy Compte, 20 ans, né à Guéret, mince jeune homme brun au visage légèrement mangé de barbe. À ses côtés, 20 printemps lui aussi, c’est Samuel Bastard, né à Poitiers, plus enveloppé, un visage encore poupin cerclé de cheveux roux. Ces deux-là se sont connus au lycée, en classe de première. Depuis, l’amitié a pris le quart. Ils ont vécu les manifs, l’engagement, les rires entre copains et partagé une même colère contre le monde tel qu’il va. Ou ne va pas…
Depuis ce funeste 10 octobre, ces deux-là se sont retrouvés pris dans un engrenage infernal : interpellation au soir de la manif anticarcérale, garde à vue épuisante, comparution immédiate et prison. On ne reviendra pas ici sur les faits, qui doivent être réexaminés le 10 décembre prochain lors de leur procès d’appel. D’ailleurs, ils ne le souhaitent pas, laissant à leurs conseils le soin de préparer leur défense. «On reste optimistes, lâche Samuel, nos avocats nous ont dit qu’on avait de bonnes raisons de l’être.» Alors, en attendant, au sortir d’une douzaine de jours de détention, les deux copains tentent de décompresser. «Ce qu’il y a de plus dur en prison, raconte Jean-Salvy, c’est de ne pas voir ses proches comme on le veut, même si on recevait une dizaine de lettres par jour.»
Le moral, comment était-il ? «Il y avait des hauts quand on voyait le soutien qu’on avait à l’extérieur, des bas quand on a appris que le parquet faisait appel. Mais on était deux en cellule, on pouvait discuter, se soutenir mutuellement. Mais le plus dur, c’est vraiment cette sensation d’enfermement.»
Maintenant qu’ils ont recouvré la liberté, les deux amis veulent se poser, prendre un peu de repos avant de rejoindre les bancs de la fac. La géographie pour Samuel, la sociologie pour Jean-Salvy.
«On ne cautionne pas la violence»
Des étudiants comme les autres. Ou presque. Politisés ? C’est certain. D’ultragauche ? Samuel rit : «On est bien à gauche mais on ne fait pas partie de l’ultragauche ! Ils ont cassé et tagué le patrimoine, je ne cautionne pas ce qui s’est passé.»
Jean-Salvy enchaîne en souriant, lui aussi : «Vous savez, nous ne sommes pas des dogmatiques, nous n’avons pas de maîtres à penser !»
Les deux se disent maintenant «impatients» de reprendre les cours pour rattraper leur retard. D’ici là, Jean-Salvy va «profiter» de ses proches, Samuel va peut-être s’autoriser une petite balade dans le sud. Pour oublier qu’à 20 ans, il est un temps passé par la case prison, loin, bien loin de ses rêves d’enfant…
Leur presse (Jean-Michel Gouin, La Nouvelle République), 26 octobre.