"Sans Frontières" no 4 - Calais, mars 2011

Publié le par la Rédaction

 

Crimes nécessaires au contrôle des frontières, mars 2011

 

Le mois dernier, nous finissions notre récapitulation au 21 janvier. De nouvelles informations ont été ajoutées et doivent être incluses, sous peine d'être oubliées. Nous recensons donc ce mois-ci du 20 janvier au 25 février.

 

Pour avoir été un des lieux de la fermeture d'un bout de la planète au libre mouvement des peuples, la ville de Calais a vu au moins 87 affaires d'enlèvement et de séquestration, 11 affaires de destruction de biens privés, 12 affaires d'agression physique, 6 affaires d'agression verbale, 3 affaires de pulvérisation au gaz lacrymogène, 4 affaires de harcèlement moral, 2 affaires de harcèlement sexuel.

 

Ce sont là ce que les policiers ont fait aux migrants et aux militant(e)s. Il est également important de rappeler les conséquences indirectes de la chasse à l'homme qui a lieu tous les jours, et qui ont atteint de graves extrêmes ce mois-ci.

 

Une personne est morte noyée le 22 février. Deux personnes ont chuté d'un toit et ont subi des fractures multiples le 10 février et le 28 janvier. Deux personnes sont tombées d'une gouttière le 9 février et ont subi une fracture au bras ainsi qu'un trauma crânien. De jeunes Palestiniens ont disparu dans la nuit du 15 janvier. Ils ont récemment redonné signe de vie, après au moins un mois au cours duquel tout et n'importe quoi aurait pu leur arriver. Un jeune garçon de 12 ans a perdu un doigt en essayant de nager jusqu'à un bateau, le 31 janvier.

 

Tous ces chiffres et ces faits semblent à peine faire justice à l'inhumanité et à la malveillance de la police française, qui se cache derrière ses devoirs devant la législation invalide. Nous voulons donc également mentionner des épisodes du mois qui semblent particulièrement troublants.

 

Des CRS posent sur le toit du squat rue Descartes avec leurs flingues et déclarent que leur travail est un jeu. La PAF entre dans la cour de Africa House et réveille tout le monde très tôt, avec leurs phares, ou avec de la musique, pour ensuite repartir ; ceci est arrivé de nombreuses fois. La PAF vole les œuvres des militants et des habitants de Africa House. La PAF tente de renverser des militants avec son van, à plusieurs reprises. Un homme est frappé à terre alors qu'il semble inconscient et qu'il gémit ; une militante arrivée sur les lieux voit sa caméra cassée par les auteurs des coups, qui reprennent par la suite leurs violences. Des militants sont violemment jetés à terre et frappés à l'estomac et à la tête. Un militant est jeté à terre avec un croche-pied, et la PAF déclare ensuite qu'il faut faire attention aux débris à terre. Des officiers de la PAF utilisent un migrant pour relayer des avances envers une militante. Des rumeurs circulent que la police, comme au printemps dernier, déclare aux migrants que les militantes sont des putes et qu'elles feront l'amour avec n'importe qui. Des insultes et des blagues menaçantes de sexistes-pervers, par la police, aux militant(e)s qui sont cru(e)s incapables de comprendre le français. Un mineur est blessé au bras par les CRS. Des yeux au beurre noir et un nez cassé qui sont censés être le résultat d'une chute sur le dos. Des officières parlent en arabe aux migrants pour leur dire à quel point ils sont pathétiques, et qu'ils n'ont aucune chance de rester à Calais.

 

On n'en finirait jamais de lister tous les petits délits quotidiens des «représentants de l'ordre public». Calais est une ville frustrante, la malveillance et la méchanceté sont journalières, trop furtives pour être relevées et combattues. Et donc les militant(e)s et les migrant(e)s continuent à se battre et à se soutenir les uns les autres, autant qu'ils le peuvent.

 

Calais Migrant Solidarity est un groupe transnational de militants qui apportent un soutien journalier aux migrants en difficulté, à travers de la surveillance policière, des rondes et des veilles autour des squats, jungles et campements, des donations de vêtements, des leçons d'anglais et de français, et d'autres actes de solidarité. Il y a grand besoin de Calaisiens ! Prenez contact en envoyant un email. Tenez-vous au courant en visitant le blog.

 


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