Une nouvelle douche écossaise pour Jean-Marc Rouillan

Publié le par la Rédaction

 

Le chaud et le froid ont de nouveau coulé sur les larges épaules de Jean-Marc Rouillan. Le tribunal d’application des peines a ordonné aujourd'hui sa mise en liberté. Le parquet de Paris a immédiatement fait appel…

 

 

«Au réveil, la prison me saute à la gorge. Comme un animal à l’affût de l’ultime cauchemar. Le premier sens en éveil m’avertit de sa présence tapie. Un coin de mur surgissant de l’aube, l’odeur du désinfectant, les ablutions diverses des congénères, l’effleurement de la couverture administrative et l’écœurement indicible. Elle me pénètre d’un trait. Elle me force avec la goulée d’air inspirée au bord de cette noyade lève-tôt. Sa langue enfoncée dans la bouche, elle me baise de sa mort journalière, sans fleur ni couronne au tréfonds des caveaux de béton, du “je ne le ferai plus” et des lâchetés misérables. Souveraine tyrannique, la “malamort” de la lèpre moderne et carcérale est là et déjà en moi. Et pas moyen de lui échapper. Jusqu’au plus lointain du dernier exil, j’éprouverai cette nausée. On ne s’habitue jamais à la prison…»
Jann-Marc Rouillan, Je hais les matins (Denoël).

 

Jean-Marc Rouillan, âgé de 58 ans, est en taule depuis février 1987… Il a été arrêté avec Joëlle Aubron, Nathalie Ménigon et Georges Cipriani, tous militants d’Action directe. Les quatre ont été condamnés à perpétuité avec une peine de sûreté de 18 ans. Joëlle Aubron est sortie de prison le 16 juin 2004 suite à une campagne de solidarité afin d’obtenir sa suspension de peine pour raisons médicales. Elle est décédée le 1er mars 2006. Nathalie Ménigon est en liberté conditionnelle depuis le 3 août 2008 pour une durée de cinq ans. Georges Cipriani est en semi-liberté pour un an depuis le 14 avril 2010. Sa demande de libération conditionnelle devrait être examinée en mars 2011.

 

Jean-Marc Rouillan a vécu quelques mois en semi-liberté en 2008. Salarié aux éditions Agone dans la journée, taulard la nuit et le week-end. Ce régime a été brutalement révoqué le 16 octobre 2008 suite à la publication d’une interview accordée à un hebdomadaire. «Deux années d’emprisonnement pour des mots… Moi qui, à la sortie de Mai 68, ai fait le choix des armes et de l’action révolutionnaire, me voici, à cinquante-huit ans, incarcéré, suprême ironie, “sur parole”.»

 

Après une hospitalisation en urgence dans un hôpital de Marseille, il a été établi que Jean-Marc Rouillan souffre du syndrome de Chester-Erdheim, une maladie rare dont on ne sait pratiquement rien en dehors du fait qu’elle provoque des crises très douloureuses. Le militant révolutionnaire qui est aussi devenu un écrivain reconnu est détenu à la prison de Muret, près de Toulouse, depuis le 27 octobre 2009. Il a déposé une demande de semi-liberté en novembre 2009. Elle a été examinée le 2 février 2011. La réponse en première instance était attendue pour le 16 février.

 

Prenant en compte «les efforts sérieux de réadaptation sociale» manifestés par Jean-Marc Rouillan, le tribunal d’application des peines s’est aujourd’hui prononcé pour un aménagement de la peine et s’est déclaré favorable à une mesure de semi-liberté. Une nouvelle saluée avec prudence par les ami-e-s de Jean-Marc Rouillan qui aurait pu sortir de la prison de Muret le 7 mars prochain pour rejoindre, sous surveillance électronique, les locaux de son employeur, les éditions Agone à Marseille. Bien sûr, c’était compter sans la réaction quasi immédiate du parquet de Paris qui a annulé la décision de justice prise quelques heures plus tôt…

 

Assez d’acharnement. Liberté immédiate

pour Jean-Marc Rouillan !

 

Paco - Le Post, 16 février 2011.

 

Le blog des éditions Agone consacré à Jann-Marc Rouillan
Le blog Action directe
Le site de Ne laissons pas faire
Le blog Linter
Lire sur Le Post :
Et Jean-Marc Rouillan est toujours en prison en 2011
Jann-Marc Rouillan conjugue son histoire à l’infinitif présent

 

 

Rouillan/semi-liberté : appel du parquet

 

Le parquet de Paris a fait appel du régime de semi-liberté accordé à l'ancien dirigeant du groupuscule armé Action directe, Jean-Marc Rouillan, a-t-on appris aujourd'hui de source judiciaire. Le tribunal d'application des peines avait plus tôt dans la journée accordé une semi-liberté à M. Rouillan, 58 ans, en prison depuis près de 24 ans.

 

L'appel suspend de fait la mise en place du régime de semi-liberté, censé entrer en vigueur le 7 mars. Il reviendra donc à la cour d'appel de Paris d'examiner dans plusieurs semaines la demande formulée de semi-liberté, qui ouvre la voie au bout d'un an à une éventuelle libération conditionnelle.

 

Jean-Marc Rouillan, condamné deux fois à la réclusion criminelle à perpétuité, avait déjà bénéficié d'une mesure de semi-liberté en 2007 mais elle avait été révoquée quelques mois plus tard après qu'il eut déclaré dans la presse qu'il ne «crachait» pas sur tout ce qu'il avait fait. M. Rouillan, interpellé le 21 février 1987 dans le Loiret avec ses trois camarades Georges Cipriani, Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron, est le dernier des anciens membres vivants du groupuscule à ne pas bénéficier d'un aménagement de peine.

 

Leur presse (Agence Faut Payer), 16 février.

 

 

Régime de semi-liberté pour Jean-Marc Rouillan


Le tribunal d'application des peines de Paris a accordé mercredi un régime de semi-liberté à Jean-Marc Rouillan, l'ex-cofondateur du groupe armé d'extrême-gauche Action directe, réincarcéré en octobre 2008 à la suite d'une interview, a-t-on appris auprès de son avocat, Me Jean-Louis Chalanset.

 

Cette mesure sera effective à partir du 7 mars, a précisé l'avocat. Le parquet de Paris peut faire appel de cette décision du tribunal d'application des peines, qui centralise les demandes en matière terroriste.

 

Selon Me Chalanset, le tribunal a considéré que «les efforts sérieux de réadaptation sociale manifestés par l'intéressé justifient un aménagement de peine». Il sera placé sous surveillance électronique.

 

Il devrait retrouver son emploi aux éditions Agone à Marseille, a précisé Me Chalanset qui souligne que M. Rouillan ne doit pas avoir de contact avec la presse. Cette décision «n'est pas une victoire. Ça me semble normal», a-t-il dit à l'Associated Press.

 

En octobre 2008, M. Rouillan, qui bénéficiait d'un régime de semi-liberté depuis décembre 2007, avait été réincarcéré à la suite d'une interview à L'Express dans laquelle il exprimait une «opinion» sur les faits pour lesquels il avait été condamné.

 

Dans cet entretien, Rouillan, interrogé sur l'assassinat par AD en 1986 de Georges Besse, patron de Renault, déclarait : «Je n'ai pas le droit de m'exprimer là-dessus… Mais le fait que je ne m'exprime pas est une réponse. Car il est évident que si je crachais sur tout ce qu'on avait fait, je pourrais m'exprimer. Mais par cette obligation de silence, on empêche aussi notre expérience de tirer son vrai bilan critique.» La justice avait estimé que ces propos enfreignaient son contrôle judiciaire.

Jean-Marc Rouillan a été condamné en 1989, avec d'autres membres d'Action Directe, à la réclusion criminelle à perpétuité, dont 18 ans de peine incompressible, notamment pour complicité dans les assassinats de George Besse et, en 1985, de l'ingénieur général René Audran. Sa période de sûreté de 18 ans s'est achevée au début de l'année 2005.

 

Leur presse (AP), 16 février.

 


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