Manifestation pour le droit au logement Samedi 12 mars à Lille
Ce samedi 12 mars 2011, à l'occasion de la fin de la trêve hivernale, les Ateliers Populaires d'Urbanisme de Moulins, Wazemmes et du Vieux Lille organisent une manifestation qui partira à 14h30 de la Place de la République, à Lille. Le GDALE-CGA, signataire de l'appel à manifester, vous invite à rejoindre le cortège pour appuyer ses revendications :
— L’arrêt des expulsions locatives,
— L'application de la loi de réquisition,
— L’arrêt des démolitions de HLM sans construction préalable,
— La construction de véritables logements sociaux en nombre suffisant (P.L.A.I.),
— Le libre choix de son quartier de résidence,
— Le retrait de la loi LOPPSI 2.
Par ailleurs, le GDALE-CGA diffusera à l'occasion de la manifestation, un tract propre que vous trouverez ci-dessous.
Réapproprions-nous nos logements !
Pour le logement comme pour le reste, en l’absence de contrôle, c’est la loi du marché qui commande. Aujourd'hui, la hausse énorme des prix de l’immobilier (augmentation de 50% des loyers entre 2005 et 2010) démontre encore une fois que pour le logement comme pour le boulot, ce marché n’existe que pour enrichir une minorité. Résultat : 685'000 sans abri, 3,6 millions de mal logé-es [D’après les chiffres de la fondation Abbé Pierre], 30 à 40 mort-es du froid par an, et des hommes politiques qui veillent scrupuleusement à défendre les intérêts des propriétaires…
L’arnaque du droit au logement opposable
Après des années de dégradation des conditions d’accès au logement, la loi du 5 mars 2007 dite du «Droit Au Logement Opposable» (DALO) était censée représenter l'arme ultime pour combattre le mal-logement. C'était sans compter sur le labyrinthe administratif décourageant dont elle était doté dès l'origine. Afin d'appliquer la loi, des commissions de médiation ont été créées auprès des préfectures. Ces commissions déterminent parmi les bénéficiaires potentiel-les du DALO ceux/celles qu’elles estiment être des demandeur-euses prioritaires, le préfet a alors 6 mois pour reloger dans le parc locatif social. Dans les faits, le préfet désigne alors un bailleur chargé de proposer un logement dans les délais indiqués. Dans les faits toujours, beaucoup de demandeur-euses reconnu-es prioritaires ne se voient proposer aucun logement ou bien alors des logements tout à fait inadéquats (trop petits, insalubres etc.) Alors intervient la possibilité d'attaquer l'État en justice. Et alors ? Toujours rien. Trois ans après la mise en place de la loi, l’État n'a pourtant été condamné qu'une fois, en décembre dernier.
Le droit au logement opposable est donc à ranger parmi ces mesures qui font diversion comme d'autres encore, restées lettre morte. Depuis 1958, les préfets peuvent, en théorie, procéder à la réquisition des logements vides et tout comme les maires, ils peuvent, en principe, surseoir aux expulsions locatives, attribuer des aides financières au déménagement etc. Les communes sont également astreintes à accueillir 20% de logements sociaux sous peine d’amende. Aujourd'hui, que sont devenues ces lois ? Les autorités font mine de les avoir oubliées et les associations mobilisées sur le logement sont bien seules à essayer d’en faire valoir l’existence.
À Lille comme à Neuilly…
C'est de notoriété publique, à Neuilly, dans le fief de Sarkozy, on aime pas les pauvres et il y a donc moins de 2% de logements sociaux. Le problème est que, chez Aubry, c’est à peu près la même chose. Si la politique urbaine lilloise peut s’enorgueillir de la destruction récente de plusieurs barres HLM à Moulins et Lille Sud, l'arrivée des bulldozers n'a eu pour conséquence que de rejeter les pauvres de plus en plus loin du centre-ville où seul-es sont autorisé-es à circuler ceux et celles qui ne déplairont pas aux touristes. Pour le reste, la droite et la gauche capitaliste n'ont qu'un mot à la bouche : «accession à la propriété !» Endettez-vous qu'ils disaient ! Résultat : pendant que les ménages les plus modestes rament pour rembourser leurs crédits, les inégalités s'accroissent : selon les chiffres de l'Insee, alors que 1% des ménages les plus riches disposent de 13% du patrimoine total des ménages, les 50 % les plus modestes n'en possèdent, eux, que 7%. Dans le même temps, la durée d'endettement pour l'achat d'un même logement est passée de 14 ans à 31 ans en l'espace de 10 ans.
Criminaliser les pauvres, encore et toujours !
À l'inverse, depuis 2008, ce sont plus de trois années de droite libérale qui se sont écoulées avec pour unique programme en matière de logement, celui de la matraque et du bulldozer. En témoigne la toute dernière loi LOPPSI 2 [Loi sur l’orientation et la programmation pour la performance de la sécurité intérieure] votée le 8 février dernier et dont l'article 32 ter A s'attaque de manière frontale à tou-tes les mal-logé-es. Grâce à la LOPPSI 2, le préfet de département pourra désormais délivrer des injonctions à quitter tout type d'habitat ou de terrain qui porterait «atteinte à la salubrité, à la sécurité ou à la tranquillité publiques» et ce, dans un délai expéditif de 48 heures. Si cette mise en demeure n’est pas suivie d’effet, le préfet pourra demander au président du Tribunal de Grande Instance (TGI) de l’autoriser à détruire les constructions illicites et les effets personnels qui s'y trouvent.
Roms, gens du voyage, squatteur-ses, tou-tes sont visé-es. Et le gouvernement ne semble pas s'arrêter en si bon chemin. Le 2 mars dernier, Dominique Perben, ancien ministre de la justice, présentait un projet de loi visant l’expulsion sans délai, sans recours et pendant la trêve hivernale, des locataires en situation d’impayé de loyer. Qualifié-es «d’escrocs», ces dernier-es se retrouveraient même sur un fichier signalant les cas de «récidives», comme s'il s'agissait de criminel-les relevant du pénal… Faire appliquer le droit des propriétaires, encore et toujours, quitte à foutre toujours plus de gens à la rue, voilà le seul programme du gouvernement !
On a tou-tes droit à un logement décent !
Aujourd’hui les luttes pour le logement existent partout. À Lille, plusieurs associations militent pour le droit au logement. Outre l’association du même nom, signalons tout le boulot des Ateliers Populaires d’Urbanisme qui aident les locataires en difficulté face à leur propriétaire. À côté de ce travail social indispensable, l’association organise des réflexions et des actions sur le cadre de vie dans le quartier et travaille sur l’urbanisme, la circulation, l’histoire des quartiers, en essayant de lutter contre le processus de nettoyage social engagé par la communauté urbaine de Lille.
L’action directe, comme dans toutes les luttes, est un moyen efficace pour lutter contre la dictature du fric qui prétend nous empêcher d’habiter où on veut, comme on veut. Depuis plus de dix ans, le mouvement des squats est très actif à Lille et on ne compte plus les bâtiments vides occupés pour devenir des lieux de vie. Il suffit de voir l’ampleur des déploiements policiers lors des expulsions pour comprendre à quel point la lutte contre la propriété privée et la spéculation dérange les pouvoirs publics. Car c’est contre la propriété privée qu’il faut lutter pour en finir avec les problèmes de logement ! S’il est nécessaire de s’associer aux revendications immédiates contre les expulsions de locataires, ou pour l’application de la loi de réquisition par exemple, il ne faut pas hésiter à voir plus loin pour faire exploser l’injustice fondamentale de la question du logement. Comment peut-on accepter une société où la possibilité d’avoir un toit pour l’écrasante majorité de la population dépend de la volonté d’une minorité ? Comment accepter que certain-es s’enrichissent de loyers et laissent des logements vides alors que d’autres sont condamné-es à vivre dehors face à la pluie, au froid et aux flics ? Le maintien de la propriété privée est l’un des piliers essentiels des inégalités, en même temps qu'il est la préoccupation essentielle des gouvernant-es et leurs flics.
Pour nous réapproprier nos vies,
réapproprions-nous nos maisons !
Groupe d’anarchistes de Lille
et environs - GDALE-CGA.