Radioactivité au Japon : le silence des médias, du gouvernement et de Tepco

Publié le par la Rédaction

 Tokyo, 250 km de la cen­trale

 

* À Tokyo, l’acti­vité du Cesium 137 dans l’air n’est pas des­cendu en des­sous de cent mille fois la nor­male (résul­tats jusqu’au 1er avril). Elle est montée jusqu’à trois cent mil­lions de fois la nor­male, le 15 mars, le jour de l’explo­sion des réac­teurs nos 2 et 4 et a fait des poin­tes plu­sieurs jours à cent mil­lions de fois la nor­male. «Il n’y a pas de danger pour la santé» ont clai­ronné le gou­ver­ne­ment japo­nais et Tepco (voir plus bas).

* Le 15 avril, quinze mille per­son­nes mani­fes­tent contre le nucléaire à Tokyo.

 

 

Fukushima, 65-75 km de la cen­trale

 

Depuis quel­ques jours, dans la ville de Fukushima, la radio­ac­ti­vité de l’air atteint son niveau le plus bas : 2 nano siviert par heure. En 5 heures, les adul­tes reçoi­vent la dose limite à partir de laquelle les radia­tions ont des consé­quen­ces sur la santé [La réglementation européenne considère qu’à partir du seuil de 10 μSv/an, les niveaux de risque ne sont plus négligeables et qu’il convient d’examiner les moyens de diminuer les expositions.]. Pour les enfants qui sont beau­coup plus fra­gi­les c’est beau­coup plus rapide. «Il n’y a pas de danger pour la santé» clai­ronne la pré­fec­ture et le gou­ver­ne­ment cen­tral (voir plus bas).

 

Iidate, dans la zone conta­mi­née de 30 km autour de la cen­trale

 

Dans une inter­view du 6 avril, le maire de la ville déclare : «Il n’y a aucune infor­ma­tion et je ne sais pas quoi faire».

 

Minami Soma, dans la zone d’exclu­sion

 

Malgré l’appel à l’aide du maire de la ville sur Youtube, lancé le 24 mars 2011 à la com­mu­nauté inter­na­tio­nale, pres­que un mois après la catas­tro­phe, le 6 avril, il reste tou­jours 20'000 per­son­nes dans la ville conta­mi­née (sur 70'000 au total) ; ceux qui res­tent sont les plus vieux et les plus pau­vres qui n’ont pas les moyens de partir. Le 7 avril, le maire poste une deuxième vidéo sur Youtube dans laquelle il déplore qu’«aucune infor­ma­tion fiable n’est donnée sur le réac­teur nucléaire».

 

 

La col­lu­sion des prin­ci­paux médias, du gou­ver­ne­ment et de Tepco est res­pon­sa­ble de la cen­sure de l’infor­ma­tion sur le nucléaire

 

La popu­la­tion de la pré­fec­ture de Fukushima ne sup­porte plus l’absence d’infor­ma­tion fiable. Depuis les agents de la pré­fec­ture jusqu’aux agents du gou­ver­ne­ment en pas­sant par ceux de Tepco, tous mar­tè­lent le même dis­cours : «Il n’y a pas de danger pour la santé».

 

Les fonc­tion­nai­res de la ville d’Iwaki (40 km de la cen­trale) ont affirmé à plu­sieurs repri­ses que «le rayon­ne­ment est à un niveau stable qui n’est pas nocif pour la santé humaine» (cette pos­ture est aussi reprise par les habi­tants qui pos­sè­dent une entre­prise et qui crai­gnent la faillite).

 

À Iwaki, le 6 avril 2011, le méde­cin du col­lège Daini Yumoto affirme sans rire aux élèves et aux parents d’élèves réunis pour la ren­trée sco­laire : «Le pro­blème des radia­tions est déjà ter­miné».

 

Les grands médias japo­nais se conten­tent de régur­gi­ter les décla­ra­tions du gou­ver­ne­ment et de Tepco.

 

Ce sont les jour­na­lis­tes qui ne dépen­dent d’aucun jour­nal au Japon, ainsi que cer­tains médias étrangers, qui dénon­cent régu­liè­re­ment la sous-esti­ma­tion de la conta­mi­na­tion et de l’irra­dia­tion au Japon.

 

Tandis que le gou­ver­ne­ment prend des mesu­res pour leur empê­cher d’assis­ter aux confé­ren­ces de presse et de poser des ques­tions déran­gean­tes, il gave d’infor­ma­tions contra­dic­toi­res, deux fois par jour, les jour­na­lis­tes des grands média japo­nais, qui écoutent sage­ment ces confé­ren­ces. Et pour cause, Tepco inves­tit chaque année 20 mil­liards de Yen (170 mil­lions d’euros) dans les médias via la publi­cité. Le 30 mars 2011, le porte parole de Tepco assume même publi­que­ment que son entre­prise offre des voya­ges aux diri­geants des grands médias japo­nais.

 

De son côté le gou­ver­ne­ment cen­tral n’a jamais cessé de mini­mi­ser les fuites mas­si­ves de radio­ac­ti­vité ni de sous-esti­mer les effets sur la santé publi­que. Récemment encore le minis­tère des Affai­res inté­rieu­res et de la Com­mu­ni­ca­tion a créé une équipe char­gée de tra­quer les sites inter­net qui dif­fu­sent une «infor­ma­tion illé­gale»…

 

Pendant ce temps-là, des habi­tants des zones conta­mi­nées ren­trent chez eux, per­sua­dés que la radio­ac­ti­vité de l’eau, des ali­ments, des nappes phréa­ti­ques, de la terre, de l’air ne pose pas de pro­blème pour leur santé.

 

Les pro­fi­teurs du désas­tre

 

* Areva «four­nit» à Tepco la tech­no­lo­gie qui permet de reti­rer de l’eau conta­mi­née d’une cen­trale nucléaire.

 

* Vinci et Bouygues sont deve­nus spé­cia­lis­tes mon­diaux de la cons­truc­tion de sar­co­phage post acci­dent nucléaire (et là aussi).

 

Fukushima ? Une bonne affaire en pers­pec­tive, si les Amé­ri­cains ne leur piquent pas le marché.

 

* Tepco :

 

Pour éviter aux tra­vailleurs des suivis de santé inu­ti­les et dimi­nuer les coûts de la main d’œuvre, Tepco a pris la mau­vaise habi­tude de recru­ter des SDF pour net­toyer ses cen­tra­les ato­mi­ques (2003).

 

En vrac

 

* Le 13 avril, la repré­sen­tante régio­nale d’Hydro-Québec (entre­prise publi­que de l’indus­trie nucléaire au Québec), Louise Pelletier, a reçu une tarte à la crème en pleine figure à l’ouver­ture de l’audience publi­que de la Commission cana­dienne de sûreté nucléaire, mer­credi matin.

 

* Le 26 avril 2011, la catas­tro­phe de la cen­trale nucléaire de Tchernobyl aura 25 ans.

 

Rebellyon, 20 avril 2011.

 

 

Fukushima vue par la Commission de Recherche d’Informations Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD)

 

Retour sur la création de la CRIIRAD au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl. Michel Dannequin, membre de cette association nous donne de nombreuses informations permettant une meilleure analyse de la catastrophe nucléaire. Réalisé le 12.04.2011 dans l’émission L’Actu des luttes sur FPP.

 

À écouter et à télécharger sur Sons en luttes.

 

Sons en luttes, 19 avril.

 

 

 

 

 

Infonucléaire, 9 avril.

 


Publié dans Terre et environnement

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G
<br /> <br /> Merci pour votre article très complet...<br /> <br /> <br /> j'ai relayé une partie de l'information sur mon site http://www.gandhivert.fr/400-000-cas-de-cancers-prevus-au-japon-1950.html<br /> <br /> <br /> A bientôt !<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Bonjour, juste pour signaler une petite erreur : lorsque vous dites "2 nano sievert", il s'agit en fait de micro (le mu grec), ce qui est effectivement cohérent avec 5 heures pour la dose max<br /> annuelle et correspond à l'unité utilisée dans votre lien.<br /> <br /> <br /> <br />
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