Quelques réflexions sur les assemblées populaires
J’étais donc présent ce dimanche 19 septembre sous la douce protection des arbres du jardin Compans-Cafarelli situés à un endroit chargé de symbole. Francisco Ponzan Vidal fut un de ces militants de la CNT-AIT qui a participé a la révolution espagnole de 1936, lorsqu’ils étaient des millions dans la rue, puis qui a résisté au nazisme quand ils furent moins nombreux à pouvoir continuer la lutte. La vie et la mort de ce militant anarchosyndicaliste sont éloquentes : Si nous ne pouvons choisir les circonstances de notre action, il y a toujours quelque chose a faire. Seul ou pas, à trente ou à cent mille, le nombre n’indique que le choix des moyens et non celui de la résignation.
Il existe dans cette société un tropisme qui confère le monople du possible aux médias et aux élus de leur la mise en scène, où l’individu est acculé à ce rôle subalterne dans lequel privé de parole il ne lui reste qu’à écouter cette messe. Pendre l’habitude de libérer la parole individuelle et collective est le premier pas dans un processus d’émancipation.
Qu’est-ce qu’une révolution ? Un vieil ami me disait, une révolution c’est quand cela discute de plus en plus et qu’on travaille de moins en moins.
Qu’est-ce qu’une assemblée populaire ? L’assemblée populaire est l’acte par lequel les habitants d’un lieu expriment leur capacité à ouvrir un espace public, là où ils le veulent et quand ils le veulent, pour rompre avec la passivité du quotidien.
Le 16, un camarade du CCI est intervenu pour nous parler de prématurité, ce n’est pas le moment, c’est trop tôt a-t-il dit. Comme s’il était trop tôt pour bien faire… Son erreur, me semble-t-il, est d’assimiler l’AP à un comité de lutte : mais il n’y a pas besoin de lutte pour discuter ensemble. D’ailleurs le fait de discuter ensemble dans un espace public libéré, ce n’est pas une revendication, c’est un acte.
Forum Rouge & Noir, 21 septembre 2010.