Quand le deuxième budget de l'État se préoccupe des coachs ratés...
Les espions de l’armée française gardent les Désobéissants à l’œil
C’est un secret de polichinelle qui amuse même les plus gauchistes des militants. L’État surveille de près l’action des Désobéissants et autres groupuscules contestant notamment la politique militaire. Charlie Hebdo l’explique longuement dans sa livraison hebdomadaire. Le ministère de la Défense, lui, dément.
Xavier Renou est un vieux militant à qui on ne l’a fait pas. Détesté par les «totos» (les autonomes qu’il a fréquenté dans sa jeunesse par le réseau No Pasaran), cet ancien de Greenpeace a réussi à développer un vaste réseau de militants — les Désobéissants — à qui il apprend les vertus de l’action directe non-violente.
Vidéo (tournée en octobre 2008) : Paul Meyer
Un mode d’action très médiatique qui suscite la curiosité des services de renseignement militaires. Logique, les Désobéissants ont pris pour cible quelques zones protégées : la base des sous-marins nucléaires de l’île Longue, celle qui abrite le missile M-51 dans les Landes, le siège de l’Otan à Bruxelles… qu’ils ont parfois réussi à pénétrer.
Un infiltré du renseignement militaire démasqué
Comme le raconte Charlie Hebdo, ce réseau fait donc l’objet d’une surveillance accrue des espions français. L’un d’eux, Laurent F., est membre du Comité d’objecteurs du Tarn (COT). À l’été 2007, il se rapproche des Désobéissants au cours d’un stage d’apprentissage aux méthodes non-violentes. Puis, en septembre, il se mêle aux activistes qui envahissent le Centre d’essais de lancement de missiles de Biscarosse.
Quelques jours plus tard, Xavier Renou et ses amis reçoivent une lettre de dénonciation anonyme :
L’enquête ne donne rien, mais le hasard permet de confondre l’infiltré : il est identifié par un ami commun qui connaît son vrai métier. Pris la main dans le sac, il ne nie pas avoir un temps travaillé pour l’armée, tout en prétendant que c’est du passé. Puis il disparaît définitivement de la circulation…
Une surveillance qui dure
Suivent plusieurs anecdotes dont les Désobéissants se délectent : une caméra militaire camouflée devant une maison bretonne où un stage a lieu, des écoutes téléphoniques, des surveillances, les RG qui viennent à la pêche aux infos, la visite d’un ponte de la gendarmerie, des cambriolages étonnants…
Pour Xavier Renou, autant d’indices que les services cherchent à la fois à savoir ce qui se trame dans ce nouveau réseau et à intimider ses membres :
«On pourrait presque travailler pour des UMP un peu originaux !»
En guise de démonstration, Xavier Renou aligne les chiffres…
Et les missions de conseil ou de formation :
Les critères pour venir se former sont volontairement larges :
Le ministère de la Défense, que Rue89 a sollicité, s'est montré peu prolixe sur le sujet. Le cabinet d’Hervé Morin a livré la réponse suivante sur l’infiltration de Laurent F. :
Infiltration d’une taupe, écoutes, caméras : les stages d’«action directe non-violente» organisés par Xavier Renou sont très surveillés…
C’est un secret de polichinelle qui amuse même les plus gauchistes des militants. L’État surveille de près l’action des Désobéissants et autres groupuscules contestant notamment la politique militaire. Charlie Hebdo l’explique longuement dans sa livraison hebdomadaire. Le ministère de la Défense, lui, dément.
Xavier Renou est un vieux militant à qui on ne l’a fait pas. Détesté par les «totos» (les autonomes qu’il a fréquenté dans sa jeunesse par le réseau No Pasaran), cet ancien de Greenpeace a réussi à développer un vaste réseau de militants — les Désobéissants — à qui il apprend les vertus de l’action directe non-violente.
Vidéo (tournée en octobre 2008) : Paul Meyer
Un mode d’action très médiatique qui suscite la curiosité des services de renseignement militaires. Logique, les Désobéissants ont pris pour cible quelques zones protégées : la base des sous-marins nucléaires de l’île Longue, celle qui abrite le missile M-51 dans les Landes, le siège de l’Otan à Bruxelles… qu’ils ont parfois réussi à pénétrer.
Un infiltré du renseignement militaire démasqué
Comme le raconte Charlie Hebdo, ce réseau fait donc l’objet d’une surveillance accrue des espions français. L’un d’eux, Laurent F., est membre du Comité d’objecteurs du Tarn (COT). À l’été 2007, il se rapproche des Désobéissants au cours d’un stage d’apprentissage aux méthodes non-violentes. Puis, en septembre, il se mêle aux activistes qui envahissent le Centre d’essais de lancement de missiles de Biscarosse.
Quelques jours plus tard, Xavier Renou et ses amis reçoivent une lettre de dénonciation anonyme :
«Il y avait une photo de “Laurent F.” en uniforme, son vrai nom et l’indication qu’il travaille en réalité pour le renseignement militaire. Comme c’est une lettre anonyme, nous craignons une intoxication, mais nous faisons quand même notre petite enquête…»
L’enquête ne donne rien, mais le hasard permet de confondre l’infiltré : il est identifié par un ami commun qui connaît son vrai métier. Pris la main dans le sac, il ne nie pas avoir un temps travaillé pour l’armée, tout en prétendant que c’est du passé. Puis il disparaît définitivement de la circulation…
Une surveillance qui dure
Suivent plusieurs anecdotes dont les Désobéissants se délectent : une caméra militaire camouflée devant une maison bretonne où un stage a lieu, des écoutes téléphoniques, des surveillances, les RG qui viennent à la pêche aux infos, la visite d’un ponte de la gendarmerie, des cambriolages étonnants…
Pour Xavier Renou, autant d’indices que les services cherchent à la fois à savoir ce qui se trame dans ce nouveau réseau et à intimider ses membres :
«Si cette surveillance dure, c’est qu’ils ont peur du potentiel que l’on représente. On agrège des gens sur le fait que l’on partage des valeurs et des adversaires. Donc, on échappe à la logique de scission des grouspuscules politiques de l’extrême gauche, où l’on peut se disputer pour la place d’une virgule dans un tract.
Nous attirons des gens qui se tenaient à l’écart de cette radicalité… du coup, ça fait du monde.»
«On pourrait presque travailler pour des UMP un peu originaux !»
En guise de démonstration, Xavier Renou aligne les chiffres…
— 7500 contacts de sympatisants pris en trois ans,
— 90 stages,
— 2500 personnes.
Et les missions de conseil ou de formation :
— Les syndicats (Sud, mais aussi depuis peu la CFDT et la CGT),
— Les partis politiques (des Verts au Modem, en passant par le PC et le PS) et même le NPA !
Les critères pour venir se former sont volontairement larges :
«Dès lors que la revendication nous semble servir le bien commun, on y va. Sans se laisser instrumentaliser, car nous sommes un instrument de toute façon. À la limite, on pourrait presque travailler pour des UMP un peu originaux !»
Le ministère de la Défense, que Rue89 a sollicité, s'est montré peu prolixe sur le sujet. Le cabinet d’Hervé Morin a livré la réponse suivante sur l’infiltration de Laurent F. :
«Après avoir vérifié auprès des services cités, aucun d’entre eux n’est impliqué dans ce dossier.»
Leur presse (David Servenay, Rue89), 19 novembre 2009.