Bordeaux : Des années de prison contre les incendiaires du centre de rétention
Prison ferme pour les incendiaires du centre de rétention de Bordeaux
Deux Marocains sans-papiers ont été condamnés mardi soir à trois et cinq ans de prison par la cour d'assises de la Gironde pour avoir provoqué un incendie qui avait endommagé en 2009 le centre de rétention administrative (CRA) de Bordeaux, ont indiqué mercredi leurs avocats.
Mohamed Sakkmi, 26 ans, et Icham Mekkaoui, 22 ans, ont également écopé d'une interdiction du territoire français de 10 ans.
L'avocat général, Robert Doucet-Danielson, avait requis 10 ans d'emprisonnement à l'encontre des deux sans-papiers marocains qui avaient tous deux fermement nié être à l'origine du sinistre.
Le 19 janvier 2009, le CRA de Bordeaux, qui se trouve au sous-sol de l'hôtel de police de Bordeaux, avait été partiellement détruit par un incendie qui s'était déclaré dans l'une des chambres.
La vidéosurveillance avait permis de constater que les deux Marocains se trouvaient à proximité de cette pièce sans pourvoir toutefois établir qu'ils y étaient rentrés.
Deux policiers avaient été légèrement intoxiqués par les fumées et les 12 personnes retenus avaient dû être envoyés dans plusieurs autres centres, dont celui de Toulouse.
Le CRA de Bordeaux, fermé depuis l'incendie, est en cours de réhabilitation et doit rouvrir en mars 2011 avec une capacité ramenée de 24 à 20 places réservées aux hommes, a indiqué la préfecture de la Gironde.
Leur presse (Agence Faut Payer), 17 novembre 2010.
Ils nient avoir mis le feu au centre de rétention du commissariat de Bordeaux
Chacun des deux accusés rejette sur l'autre la responsabilité de l'incendie qui a détruit le centre de rétention administrative de Bordeaux, en janvier 2009.
Le 19 janvier 2009 aux environs de 20 heures, un incendie ravageait le centre de rétention administrative (CRA) situé au sous-sol du commissariat de Bordeaux, rue François-de-Sourdis. Il est très vite apparu que l'origine de ce sinistre était volontaire.
Icham Mekkaoui, 22 ans, et Mohamed Skakkni, 26 ans, tous deux de nationalité marocaine comparaissent depuis hier matin devant la cour d'assises de la Gironde en tant qu'auteurs présumés. Les faits se sont déroulés dans un espace confiné. Ce qui n'a pas rendu l'enquête plus facile pour autant.
Le président Regaldo-Saint-Blancard s'est attaché dès le début de l'audience hier matin à essayer d'éclaircir de nombreux points aujourd'hui encore nébuleux. Et la nécessité de recourir à une traductrice pour interroger les deux accusés, qui se renvoient l'un l'autre la responsabilité de l'acte, ne simplifie pas les choses.
Mekkaoui et Skakkni ont en commun d'être issus de familles très modestes. Il est rapidement apparu que Mohamed Skakkni, défendu par Me Alexandre Novion, a en fait emprunté le nom de la famille au sein de laquelle il a grandi après que sa mère ait quitté le foyer familial pour fuir un mari alcoolique. Entré en France à l'automne 2008 pour, dit-il, «travailler et envoyer de l'argent à sa mère malade», il avait rejoint une tante à La Rochelle. Elle avait accepté de l'héberger pendant un temps. C'est chez elle qu'il a appris que sa mère était mourante. Il s'est alors présenté à la police en déclarant sa situation irrégulière dans l'espoir d'être rapidement expulsé vers le Maroc.
Hicham Méchaoui, que défend Me Marion Lavaud, est arrivé de son côté en 2006 en Espagne. Par un réseau de passeurs auquel il aurait versé 80'000 dirhams (environ 7000 euros), a t-il déclaré à la cour.
Après quatre ans passés dans différentes villes espagnoles, notamment Barcelone, il était parvenu à faire temporairement régulariser sa situation. Mais ce n'était plus le cas lorsqu'il a décidé de passer en France et qu'il est arrivé à Bordeaux où il était interpellé le 3 janvier 2009.
Vidéo et angle mort
C'est ainsi que Skakkni et Méchaoui se sont rencontrés. Le président Michel Regaldo-Saint-Blancart a tenté de voir si une éventuelle complicité amicale avait pu se nouer entre les deux jeunes hommes durant les quelques jours où ils ont été réunis au CRA. Mais les deux accusés ont rejeté cette idée. Et chacun assure avec force que c'est l'autre qui est entré dans la chambre numéro 1, «celle des Turques», là où le feu s'est déclaré. Le film vidéo tiré des caméras de surveillance et notamment de celle située près de la chambre 1 et qui sera présenté ce matin à l'audience, fait apparaître que les deux hommes étaient dans le périmètre des faits à l'heure où ils se sont produits. Mais un angle mort ne permet pas de savoir qui de l'un ou de l'autre est entré, ou s'ils sont entrés tous les deux.
Les policiers en charge de la surveillance et de la sécurité du CRA ce jour-là se souviennent quant à eux, parfaitement de ce qui s'est passé dans les heures qui ont précédé et dans les minutes qui ont suivi l'alerte. Notamment la jeune femme présente dans le bureau du chef de poste se rappelle le harcèlement dont elle a fait l'objet de la part des deux accusés durant cette journée. Les policiers du Service d'ordre public et de sécurité routière descendus dans le local en feu protégés par leur matériel prévu pour les manifestations violentes (casques et masques) pour voir si des gens étaient prisonniers des flammes, gardent aussi le souvenir de longues et brûlantes minutes d'angoisse. Le président de la cour d'assises a salué le sang-froid et la maîtrise dont ils ont fait preuve.
Car des douze personnes présentes à ce moment-là au CRA, toutes ont pu être évacuées, de même que les policiers ainsi que les 23 personnes qui se trouvaient dans le centre de garde à vue tout proche. Les conséquences de cet incendie sont donc avant tout matérielles. L'avocat général, M. Doucet-Danielson, soulignait cependant qu'au-delà de l'important préjudice financier on était passé ce soir-là «très près d'une véritable catastrophe».
Leur presse (Jean-Pierre Tamisier,
Sud-Ouest), 16 novembre.