Petit Papa Noël qui êtes au ciel... Restez-y !
Il n’y a pas pire période que la fin de l’année. Et tous les ans ça recommence… Entre hypocrisie, surconsommation, idolâtrie païenne et religieuse, mettons les deux pieds dans les plats de foie gras et de foi grasse.
Dès le début décembre, notre vue est polluée par des kilomètres de guirlandes lumineuses toutes plus monstrueuses les unes que les autres. Du moindre village paumé jusqu’à la capitale, personne n’est épargné par ces horribles étoiles filantes, motifs ridicules ou autres effets clignotants du plus mauvais goût. Certains appellent ça la «magie de Noël» et trouvent ce gâchis électrique «féérique». Tous les dégoûts sont dans la nature… Mais où sont nos camarades du Clan du néon toujours prompts à débrancher les enseignes commerciales lumineuses aussi inutiles que coûteuses ?
«Magie», «féérie», n’ayons pas peur des mots pour qualifier une fête bassement religieuse. Nous sommes sensés fêter quoi ? La naissance supposée de Jésus Machin (la date de l’heureux événement a pas mal bougé au cours de l’histoire), fruit transgénique d’une «vierge» et d’un «esprit sain» ! La fable serait amusante si elle ne s’était pas transformée en tragédie au fil des siècles. La fiction a laissé place à la réalité la plus criminelle qu’il soit. Sans prétendre à l’exhaustivité, citons les croisades, l’Inquisition, l’évangélisation sanglante des peuples d’Afrique, d’Asie et des Amériques, les multiples complicités de l’Église avec le fascisme… jusqu’aux viols d’enfants par des légions de curés pédophiles. Elle est belle la charité chrétienne. Dans votre messe, n’oubliez pas de chanter Minuit crétins.
«Magie», «féérie», n’ayons pas peur des mots pour qualifier une fête bassement commerciale. Une supercherie chassant l’autre, les bons Pères Noël, tout droit descendus du Ciel made in Coca Cola, encombrent trottoirs et magasins, télés et catalogues, paradis de la surconsommation et de la mal bouffe. Faisons l’inventaire de la hotte merveilleuse : jouets guerriers, jouets sexistes, jouets toxiques, cadeaux fabriqués par des petites mains surexploitées au bout du monde… La fête quoi ! Et il n’y a pas grand monde pour chasser les marchands du Temple. Le culte du tiroir caisse est roi. Même le dimanche. Oubliées les lois scélérates. Oubliés les slogans sur la répartition des richesses. C’est la trêve des con… fiseurs. La petite marchande d’allumettes version 2010 ne passera pas l’hiver. Surtout si elle est Rom et habite un campement qui ne tardera à être rasé par la grâce de la loi Loppsi 2 (qui ne mobilise pas beaucoup les droidelomistes).
Bon, ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Un temps à se faire ours pour hiberner loin de ces fêtes factices qui se termineront, last but not least, par des vœux hypocrites de «bonne année». Cérémonial que nous devons accomplir en moins de trente jours auprès de gens qui, au mieux, nous indiffèrent ou, au pire, nous indisposent.
En attendant qu’on puisse remettre le nez dehors sans risquer en plus de chuter sur le verglas, je vais me consoler au chaud avec Marie-Noëlle, la fille du Père Noël.
Paco - Le Post, 18 décembre 2010.