(Petit) festival contre la (GROSSE) poubelle nucléaire
Le week-end des 28 et 29 août 2010 avait lieu à Bonnet, en Meuse, un festival de lutte contre le futur centre d’enfouissement de déchets radioactifs de l’ANDRA qui s’installe petit à petit à Bure : petit à petit parce que c’est le seul moyen pour faire passer la pilule ; en donnant de l’argent aux populations locales et en leur promettant une super affaire et un avenir radieux…
Ce festival se passait à Bonnet car ce village a refusé de faire partie de la zone de recherche pour l’enfouissement (appelée ZIRA).
L’ANDRA c’est l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs, financée par l’État et les producteurs de déchets radioactifs : essentiellement EDF, AREVA et le CEA.
Ces dangereuses institutions nous disent de dormir tranquilles, qu’elles s’occupent de tout… Leur faites-vous confiance ?
Marc-Antoine Martin, chargé de communication du laboratoire souterrain de Bure, se félicite déjà : «Nous y avons trouvé à la fois de bons critères géologiques et une acceptation locale satisfaisante»… Les déchets n’arriveront pas avant 2025, il est encore temps de bien y réfléchir et d’agir en conséquence ! Ce seront les pires déchets que l’humanité ait jamais produit : les déchets dont l’industrie nucléaire ne sait que faire depuis le début. Et le pouvoir nous vend cette énergie comme étant «écologique» !!!
Dans un petit village du Sud-Meusien, des pertubateurICEs résistent et le crient haut et fort. Bure Zone Libre organise (entre autres) ce festival, qui se veut festif et surtout informatif. Informer pour rétablir la vérité sur ce que le pouvoir nucléaire ne veut pas que l’on sache. Des affiches explicatives sont présentes sur tout le site.
CULINA y proposait une valise pleine de brochures comme documentation, et des contes politiques pour petitEs et grandEs ainsi que des poèmes issus du recueil Poésie brute pour monde civilisé pour réfléchir sur notre monde et la manière d’en sortir…
Une première intervention samedi de Monique Sené, chercheuse au CNRS et co-fondatrice du groupement des scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire. Monique n’est pas contre le nucléaire, mais nous explique en détail le projet de l’ANDRA, et en quoi il n’est pas assez réfléchi. Entre autres :
— La quantité faramineuses des déchets, actuels et futurs, de courte et longue durées de vie, qui sont prévues d’être enfouies à Bure. Il faudra un siècle rien que pour les enfouir ces dizaines de milliers de mètres cube dans des galeries d’argile !
— 3 ans de recherches géologiques pour un site qui devra durer des milliards d’années… On connaît pas le comportement de l’argile face au poids et la chaleur des déchets, ni la porosité. L’eau représente un risque pour ces galeries d’argile. Saurait-on un jour maîtriser l’eau dans l’argile ??? Cela demanderait de longues études approfondies vu l’ampleur du risque.
— L’irréversibilité prévue du processus d’enfouissement après 100 ans. Et si on se trompait ?!?
— L’impossibilité de surveiller l’étanchéité des fûts radioactifs après leur enfouissement, et l’impossibilité de sortir toutes ces tonnes de ces déchets de toutes ces galeries si on constate un problème ! 600 mètres de profondeur de déchets sur 15km². Il faudrait pouvoir les sortir rapidement, et avoir un espace de stockage en surface pour réparer les fûts dégoulinant. Voilà pourquoi le stockage en surface ou en sub-surface est pour l’instant la solution la plus sûre.
— Et enfin et surtout : le planning déjà bouclé sur 120 ans. L’acceptation de la population ayant déjà été décidée !
Un travail scientifique dont dépendra l’avenir des habitantEs de ce coin et de cELLeux habitant tout au long du parcours de la radioactivité, des nappes phréatiques jusqu’à la Seine, et même plus le cycle de l’eau étant mondial… Un travail bâclé. Voilà 50 ans qu’on dit «on trouvera une solution» en continuant d’accumuler ces bombes à retardement. La solution trouvée est d’acheter les populations, de mentir quant à la dangerosité et l’avenir économique, et de travailler plutôt à «l’acceptabilité sociale» de ce plan mortifère.
Des millions d’années de danger ou de catastrophe sanitaire pour quelques dizaines d’années de profit : leur choix est fait et on ne vous demandera pas votre avis.
Ensuite : projection du film documentaire Uranium : l’héritage empoisonné sur l’extraction d’uranium au Niger et au Gabon, suivi d’un débat avec le réalisateur Dominique Hennequin. Sur les zones exploitées par AREVA restent une pollution radioactive des sols et des habitantEs malades. Des profits pour AREVA, la misère pour la population où se trouvaient les mines d’uranium. CELLeux qui ont fait le sale boulot se retrouvent sans indemnisation bien sûr, et cELLeux qui critiquent se voient menacéEs de mort…
Le lendemain : projection du film documentaire RAS Nucléaire, Rien À Signaler de Alain De Halleux suivi d’une intervention de Philippe Billard (syndicaliste, travailleur du nucléaire) sur les conditions de travail des travailleurEUSEs du nucléaire. Car ces patrons ne se moquent pas seulement de la population et de l’environnement, ils se moquent également des normes de sécurité, des décisions de justice et aussi de la santé, de la préparation/formation et du devenir des travailleurEUSEs du nucléaire. Au nom de la sacro-sainte rentabilité bien sûr. Et on met l’avenir de milliers de générations entre leurs mains !?
Finalement le problème est-il l’énergie nucléaire ou le capitalisme ? Le problème est-il l’enfouissement des déchets ou la concentration du pouvoir et l’absence de processus décisionnel de la population ? Le problème est-il le discours mensonger du lobby nucléaire ou la marche forcée du mythe du progrès ?
En tout cas l’un ne va pas sans l’autre, alors pour sortir de l’impasse nucléaire, sortons de l’impasse capitaliste !
Résistons, informons, bloquons, avant qu’il ne soit trop tard.
Les AllemandEs s’organisent massivement pour empêcher par l’action directe l’État et les entreprises mortifères d’instaurer leur cauchemar irréversible. Attendons-nous une grosse catastrophe en France pour réagir ?
Que pouvez-vous faire ?
— Lire la brochure des Renseignements Généreux : Nucléaire : jusqu’ici tout va bien.
— Passer à la maison de la résistance à la poubelle nucléaire à Bure. Participer aux cafés militants et/ou aux travaux et discuter avec les résistantEs : 03.29.45.41.77 ou le Hérisson vengeur (http://burezoneblog.over-blog.com).
— Lire le blog de CACENDR (Collectif d’Action Contre l’Enfouissement des Déchets Radioactifs).
— Vous informer auprès du réseau Sortir du nucléaire et participer aux actions.
— Adhérer au collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs.
— Faire passer l’info à vos amiEs, vos voisinEs, vos collègues.
— Arrêter de croire les conneries qu’on vous raconte à la télé… et prendre en compte notre responsabilité vis-à-vis des générations futures.
— Ne pas oublier que le meilleur moyen de gérer les déchets nucléaires c’est d’arrêter d’en produire !
Pour finir, un poème de Marcel, un Meusien révolté qui ne veut pas se taire (poème issu du recueil Marcel résiste) :
ZIRA ZIRA PAS
Ils versent des subsides, ils font argent de tout ;
Pour emporter les réticences
Ils font basculer les consciences
Devant la valise aux gros sous,
Et dans la marmite qui bout
À chacun sa part du ragout !
Vous aurez écouté les sirènes trompeuses,
Et laissé, sous vos pieds, creuser des galeries,
Enrober des poisons dans les parois rocheuses ;
Espérant qu’à jamais les couches argileuses
Soient, pour ces immondices un éternel abri.
Les rayons ionisants d’atomes en maraude,
Diffusés dans les eaux du sous-sol imbibé
S’imprègnent aux racines, et vos morts s’échafaudent
Lentement dans le suc des herbes ruminées,
Donneront-ils un meilleur goût aux viandes chaudes ?
Vont-ils faire, de vous, de gros rats bien nourris
Sur les dépotoirs atomiques,
Avant de découper vos organes pourris
Sous des bistouris électriques,
Dans de rutilantes cliniques,
Voisines, telles que promis ?
Les villages-témoins où viendront s’exhiber
Les élus alléchés par le fric nucléaire,
Maires et députés tendrement soudoyés,
Conseillers généraux à la patte graissée
Ministre et préfets que nos sorts indiffèrent ;
Et le Mamamouchi juché sur son karcher
Qui propose à l’encan des flopées d’EPR !
La nucléo-folie contre l’effet de serre
Nos villages, peuplés de quelques rescapés,
Montreront leurs maisons richement rénovées,
Leurs espaces publics déserts, mais très coquets,
Des vasques dans les rues, proprement alignées,
Bien fleuries. Comme au cimetière
CULINA, 30 août 2010.