Ouverture (et fermeture) d'un espace de liberté au centre-ville de Genève - du 6 au 8 mars
Communiqué du collectif «Quartier Libre» suite à l'évacuation du 10, rue des Étuves
Ce mardi à 12h30, la police a évacué le local de quartier autogéré du 10, rue des Étuves, ouvert depuis dimanche 14h. Arrivé à 10h après un appel du représentant du propriétaire Genbergues SA, le premier panier à salade a attendu plus d’une heure l’arrivée d’un second en renfort. Visiblement surmenés, les poulets bronzaient et mangeaient au soleil en attendant les ordres du chef, le sinistre matricule 8844.
L’intervention s’est faite en deux phases. Dans un premier temps, trois policiers en civil de la BRIC, la police politique cantonale, se sont postés devant la porte de l’arcade dans laquelle aucun-e occupant-e n’était présent-e à ce moment. Dans un deuxième temps, la harde de policier-ère-s anti-émeute est arrivée pour repousser les occupant-e-s rassemblé-e-s devant l’arcade. Sans succès.
Il leur a été d’abord vainement demandé de présenter la plainte justifiant l’intervention et de décliner leurs matricules. Ils s’en sont ensuite pris violemment aux personnes présentes et, encouragés par 8844 aux cris de «Chargez» et «Frappez», ont repoussé les occupant-e-s à coup de matraque. Tout ça, selon eux, afin d’entamer le dialogue.
Ils ont finalement accepté de montrer la soi-disant plainte du propriétaire mais ont refusé, à l’exception de l’officier, de donner leur matricule. Les occupant-e-s ont donc été forcés de quitter les lieux. Aucune arrestation n’est à déplorer.
Nous aurons donc le plaisir d’accueillir de nouveaux bureaux pour banquier-ère-s en plein centre-ville entre le 10 et le 17, rue des Étuves, puisque HSBC est requérante de la demande de transformation déposée en novembre 2010 et en cours d’instruction.
En attendant, tous ces immeubles resteront vides et voués à la spéculation.
Nous continuerons à occuper pour des espaces non commerciaux, autogérés, collectifs et populaires.
Mort au fric et à ceux/celles qui le possèdent.
Indymedia Suisse romande, 8 mars 2011.
Communiqué du collectif «Quartier Libre» concernant l'ouverture de l'arcade du 10 rue des Étuves (Genève)
Aujourd'hui dimanche 6 mars 2011, un lieu a été ouvert, un lieu à l'abandon, afin de créer ensemble un espace de partage, de vie et de culture voué à l'individu et non au profit. Un lieu pour tous, sans critère de discrimination quel qu'il soit. Un lieu en dehors de ce système de surconsommation, sans exploitant. Un lieu ouvert par l'envie et le besoin de changement, dans cette ville toujours plus propre où la vie de quartier a bientôt disparu et où l'individualisme prime.
Ce qu’on tente ici c’est l’ouverture d’un lieu collectif, où se mélangent différentes activités de manière autogérée, les décisions étant prises par les personnes présentes et pas par celles qui décident pour les autres.
Un espace de plus grande liberté s’éloignant des clivages habituels qui rendent les lieux à usage unique plus contrôlables et plus vendables.
Ici les activités dépendent des envies et propositions. Par exemple : projections de films, repas, musique, ateliers pour créer et apprendre (couture, sérigraphie, réparation vélo, etc.), magasins gratuits (vêtements, livres).
Sans hiérarchie, sans salaires ni services, qui écrasent nos envies de changement, de partages et d’entraide. Pas de prix, à part s’il est gratuit ou libre.
Pourquoi voulons-nous de tels lieux ?
En revendiquant des lieux comme celui-ci, on exprime l’envie de reprendre un peu d’espace et de temps contre ce mode de vie absurde qu’on voudrait nous imposer. Ce mode de vie où tout est calculé, où la seule option est de rentrer dans cette logique circulaire de travailler pour consommer.
On a l’envie et le besoin de mélanger les activités, de trouver des solutions collectives aux problèmes de logement, de bouffe, d’habits et de faire les choses qu’on aime.
On occupe ce lieu parce que demander la permission c’est déjà s’inscrire dans une dynamique que l’on réprouve. Celle d’attendre autre chose d’une autorité que ce pourquoi elle est faite ; le maintien de structures de domination par quelques-un-E-s.
Parce que faire un tour dans cette ville est à chaque fois un peu plus étouffant. Voir les masses de consommateurs-trices passer devant des kilomètres de vitrines, les limousines parquées sur les trottoirs de centaines de magasins de luxe, ces hôtels, bureaux, assurances, banques nous répulse. Ces endroits n’ont qu’un but toujours le même : se faire le plus de cash possible par n’importe quel moyen en exploitant et contrôlant des milliers de personnes.
Tous ces lieux, dont la gestion (par les régies, proprios, administrations) suit toujours la même règle de rentabilité, nous donnent envie de nous battre pour quelque chose d’autre.
Indymedia Suisse romande, 6 mars.