"Opération banlieue" à Toulouse

Publié le par la Rédaction

Toulouse : L'affiche qui exaspère la préfecture

 

Parce qu'ils invitent vendredi l'auteur d'un livre qui dénonce la politique de la ville et la getthoïsation de certains quartiers, les bénévoles de la maison de quartier de Bagatelle seraient-ils des «irresponsables» ? C'est pourtant ce que leur aurait affirmé vendredi dernier le délégué du préfet à Bagatelle, déclenchant les vives protestations de l'association.

 

 

«Quand il est venu, ce n'était pas pour prendre des nouvelles de la maison de quartier mais pour se plaindre» explique Patrick Dedieu, l'un des bénévoles. En cause : l'affiche présentant la soirée organisée le 14 janvier avec la librairie La Tartinerie sur le livre Opération Banlieue en présence de l'auteur, Hacène Belmessous.

 

On y voit la photo d'un gendarme de dos en gilet pare-balles assortie du commentaire suivant : «Derrière les grands discours, une autre politique se déploie discrètement : la préparation d'une guerre totale aux cités, transformées en véritables ghettos ethniques». Fureur du délégué du préfet qui reproche à la maison de quartier «un texte incendiaire» dénotant une attitude «irresponsable».

 

«Outrancier»

 

«Nous n'avons rien inventé», se défend Patrick Dedieu. «Le texte de l'affiche ne fait que reprendre un extrait de la présentation du livre par l'éditeur. C'est le même argumentaire que celui qui a été utilisé par la Fnac ou France Culture. Ce texte a par ailleurs été diffusé sur Toulouse en plusieurs milliers d'exemplaires lors de la visite de l'auteur au festival Origines contrôlées en novembre dernier. Il semble qu'il y ait des choses que l'on peut dire en novembre mais pas en janvier à Bagatelle…» La maison de quartier a diffusé trois cents affiches ; elle ne les retirera pas.

 

Sous-préfet chargé de la politique de la ville, Yann Ludmann dit comprendre son collaborateur : «Sa réaction est normale. Laisser penser que les pouvoirs publics préparent la guerre totale dans les cités est totalement outrancier. Et si nous n'avons pas réagi au moment du festival Origines contrôlées, c'est parce que nous n'étions pas au courant.» La préfecture va-t-elle chercher à interdire l'affiche ? «Pas de commentaire» répond Yann Ludmann, précisant toutefois que ce serait «a priori difficile».

 

Des délégués en place depuis 2008 
Cinq délégués du préfet ont été déployés à temps plein dans les quartiers à l'automne 2008 dans le cadre du plan Espoir banlieues lancé par Fadéla Amara, «pour faire le lien entre les habitants et les services publics» selon Yann Ludmann. Le sous-préfet est formel : «Le premier bilan est très bon, avec un lien beaucoup plus direct. Ce qui me permet par exemple d'avoir des retours au quotidien et d'intervenir très régulièrement auprès des associations.» L'État en finance six cents pour deux millions d'euros d'aides au titre de la politique de la ville.

 

Leur presse (Sébastien Marti,
La Dépêche), 11 janvier 2011.

 


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