Nouvelles d'ailleurs : la lutte des femmes enfermées à Yarl's Wood (UK)
Le centre de rétention de Yarl’s Wood en Grande-Bretagne est prévu pour enfermer 405 personnes réparties comme suit : 284 femmes et 121 familles. Il est géré par une société privée, la société SERCO, qui comme la plupart des entreprises n’a que le profit comme seul objectif (voir sur leur site leurs différentes activités qui vont du nucléaire au militaire à la santé en passant par l’éducation et ce qu’ils appellent la lutte contre le trafic d’êtres humains, à savoir le contrôle des flux migratoires).
Depuis le 5 février, 84 femmes détenues dans ce centre de rétention ont commencé leur grève de la faim, exigeant entre autres que la Grande-Bretagne, pays où la durée de rétention est sans limite, se conforme aux règles européennes régissant les conditions de détention des migrants et la durée pendant laquelle ils sont détenus.
Elles demandent aussi la mise en œuvre d’alternatives à la détention comme cela a été évoqué en janvier par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe ainsi qu’un accès adéquat à la justice et la fin du système «fast track» qui prive les demandeurs d’asile d’avoir la possibilité de préparer leur dossier en étant représentés juridiquement de manière fiable. Les fréquentes fausses déclarations faites par l’Agence britannique pour les frontières sont également dénoncées.
Elles demandent la fin de la détention des enfants, des femmes violées et victimes de tortures, ainsi que les malades mentaux et les femmes enceintes, ainsi que l’application de procédures juridiques adéquates et le contrôle juridictionnel périodique de ceux qui sont détenus.
Les détenues se plaignent également de mauvais traitements, sévices et tortures physiques et mentales par des officiers du centre, ainsi que le manque de soins médicaux appropriés et de soins, et se plaignent de la nourriture le sont souvent insuffisante et non comestible.
Selon des rapports de Yarl’s Wood, l’après-midi du mardi 9 février, les agents de SERCO ont violemment réprimé la grève de la faim, piégeant un grand nombre des femmes concernées dans un couloir pendant huit heures sans nourriture, ni eau ni accès aux toilettes. Certaines ont été verrouillées à l’extérieur dans la neige pendant plusieurs heures sans vêtements adéquats, parfois même sans chaussettes. Beaucoup ont été victimes d’insultes racistes et il y a eu des agressions physiques violentes pour lesquelles les blessées se sont vu refuser des soins médicaux. Des ambulances et des policiers se sont vu refuser l’accès au centre.
Les médias nationaux ont à peine remarqué les événements ou alors de façon complaisante et trompeuse : un reportage de la BBC a consisté la diffusion de citations d’un porte-parole de l’Agence des frontières qui soutient SERCO son sous-traitant de l’enfermement des humains décrétés illégaux : «Tous les détenus sont traités avec dignité et respect, avec accès à conseils juridiques et aux établissements de soins de santé.» (Voir déclaration de l’Agence aux frontières.)
Plusieurs jours plus tard certains journaux ont commencé à rattraper les informations évoquant une enquête sur les conditions d’hygiène déplorables et le racisme.
Pour soutenir la lutte des femmes emprisonnées à Yarl’s Wood, il y a des rassemblements quotidiens devant le siège de SERCO. Quelques photos sur celui d’hier.
Liste Rétention, 13 février 2010.