Manifestations à Tunis - Affrontements sanglants à Kasserine, Thala et Regueb - 10 janvier
Manifestations à Tunis, Morts à Regueb #sidibouzid
Des dizaines de manifestations à Tunis
La capitale entre dans le cercle des manifestations. Aujourd’hui 10 janvier 2011, plusieurs quartiers de Tunis ont vu des manifestations, à Bab Jdid, Bab Eljazira, Boumendil, Bab Laassel, Bardo, au campus universitaire de la Mannouba, au lycée Khaznadar, au lycée de la Mannouba, au lycée de Den Den. Une grosse manifestation issue du campus universitaire est arrivée à l’École Nationale des Ingénieurs.
Regueb, 10 janvier
À Kasserine, les avocats sont encerclés par la police et ils risquent des tirs à balles réelles.
À Jendouba, il y a eu de violents affrontements dans tous les quartiers de la ville. Hier des locaux du RCD y avaient été incendiés. Les manifestants contrôlent toute la ville ; ils sont maintenant en train d’incendier le local du Comité de coordination du parti au pouvoir de Jendouba. La police tire à balles réelles en l’air. Les manifestations s’étendent à la délégation de Bou Salem et Ghardimaou.
2000 personnes ont fait un sit in aujourd’hui à Ben Guerdane.
À Nabeul, ce matin les lycéens (du lycée Mahmoud Messadi) ont fait un sit in et refusé d’entrer pour les cours.
Des sources d’Assabilonline affirment que Raouf Ben Tahar Kaddoussi (27 ans), est mort hier à l’hôpital de Rgueb après avoir essuyé un tir à balles réelles. Chaher Labidi et Nassim Jellali sont dans un état critique. […]
Regueb, 9 janvier
Hier à Kasserine, est décédée madame Manal Bent Brahim Bouallagui (mariée et mère de famille) des suites d’un tir à balles réelles alors qu’elle se trouvait devant son domicile. Chadi Ben Mohammed Salah a reçu une balle dans la cuisse, Larbi Kadri à la tête, il est gravement touché. Nassim Jallali et Ghazi Ben Kamel ont été gravement touchés.
À une heure quarante hier dimanche, 7 personnes blessées par balles sont arrivées à l’hôpital local de Rgueb, Mohammed Jabelli a rejoint les morts en martyrs, Moncef Ben Naceur Zini a reçu une balle dans la cuisse. Ali Oumhéni, Karim Ben Ammar Oumhéni, Zyed Ben Mohammed Tahar Karaoui, Abdelkarim Ben Boubaker Hajji (instituteur) sont blessés. L’armée a encerclé la ville de Rgueb et a pénétré la ville de Menzel Bouzaïene. Nizar Slimi a rejoint le cortège des martyrs.
À Meknassi, le couvre feu a été décrété hier, à compter de 7 heures du soir. Mouadh Khelifi a rejoint les martyrs.
Traduit de l’arabe (Assabilonline),
Nawaat’s Posterous, 10 janvier 2011.
Émeutes en Tunisie, vos témoignages
À Haffouz (Kairouan, Centre Tunisie), il y a eu des affrontements ce matin entre les Haffouzi sortis dans la rue et les force de l’ordre.
Usage intensif du gaz lacrymogène contre des collégiens. Suite à ce déséquilibre de force les adultes se sont joints au cortège. Bilan des affrontements : destruction du siège de la mairie, du siège de la délégation ; un pillage ciblé de la recette des finances ; mise en feu et destruction de la BNA banque. À noter que les manifestants se sont attaqués à tout symbole de l’État pour exprimer leur soutien aux habitants de Kasserine et de Sidi Bouzid ainsi que pour montrer leur deuil quant aux morts pour la patrie.
Heureusement qu’il n’y a pas eu de mort à Haffouz mais on a des informations qu’il y a de nouvelles victimes des tirs de la police à Sousse (centre), Meknessi (Sidi Bouzid) et Chebba (Mahdia, centre est).
Leur presse (Libération), 10 janvier.
Tunisie : découverte de cinq corps ce lundi à Thala
Dans une déclaration de la ville de Thala à Radio Kalima, l'avocate Maître Mania Bouali, a annoncé la découverte de cinq nouveaux cadavres de jeunes de la ville ce lundi matin, tués par la police tunisienne. Trois corps sont toujours à l'intérieur d'un centre de la police qui refuse toujours de remettre les corps aux familles. Deux autres corps de jeunes tunisiens ont été découvert dans une petite colline non loin de la ville. Les recherches se poursuivent pour identifier les victimes.
Radio Kalima, 10 janvier.
Thala, 9 janvier
Tunisie : reprise des violences - un mort à Kasserine
Les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont repris lundi dans le centre-ouest de la Tunisie. Les émeutes contre le chômage qui secouent la Tunisie depuis la mi-décembre ont fait au moins 14 morts selon le gouvernement, et plus de 20 selon l'opposition.
Trois localités, Kasserine, Thala et Regueb, étaient lundi en proie à des violences.
À Tunis, des unités de la police anti-émeute se sont déployées dans le centre pour renforcer la sécurité dans la capitale, où étaient prévues des manifestations de jeunes.
À Kasserine, un homme atteint de plusieurs balles et admis à l'hôpital dimanche a succombé à ses blessures lundi matin, selon le bureau exécutif de l'union régionale des travailleurs tunisiens (centrale syndicale). Il a également fait état d'un «grand nombre» de blessés qui se trouvaient en réanimation à l'hôpital. Plusieurs personnes se sont retranchés dans les locaux du syndicat pour fuir des tirs massifs de gaz lacrymogènes. Les commerces de la ville sont fermés et les habitants ont crié «leur colère contre leur régime» a indiqué la centrale syndicale.
À Regueb, la police est intervenue pour disperser les habitants qui manifestaient à l'occasion de la mise en terre des morts du week-end, a constaté un journaliste.
À Thala, la police à tiré des balles en caoutchouc, selon des sources syndicales.
Appel de l'UE
La porte-parole de la cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton a appelé dans ce contexte à la libération immédiate des personnes qui manifestaient pacifiquement.
Rappelant que l'UE discutait actuellement avec la Tunisie d'un renforcement de leur relation bilatérale, Maja Kocijancik a souligné que «le renforcement de cette relation requiert des engagements accrus sur tous les sujets, en particulier dans le domaine des droits de l'homme et des libertés fondamentales».
Leur presse (ats), 10 janvier.
Tunisie : le gouvernement ferme écoles et universités «jusqu'à nouvel ordre»
Après une nouvelle journée d'affrontements en Tunisie, et au lendemain de manifestations réprimées violemment, le gouvernement annonce ce lundi la fermeture «jusqu'à nouvel ordre» des écoles et universités dans tout le pays. «À la suite des troubles survenus dans certains établissements, il a été décidé de suspendre les cours juqu'à nouvel ordre à parti de mardi», ont annoncé conjointement les ministères de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur.
«En attendant l'aboutisssement des enquêtes ouvertes pour déterminer les responsabilités des actes de vandalisme commis, les examens actuellement en cours dans les universités seront suspendus et reportés à une date ultérieure», a-t-on précisé de même source.
Le président Ben Ali a pris la parole, pour la première fois, dans un discours télévisé. Pour y dénoncer «des actes terroristes impardonnables perpétrés par des voyous cagoulés». Il a accusé des manipulateurs «n'hésitant pas impliquer nos enfants dans des actes de vandalisme et de destruction en diffusant des slogans et des informations mensongères», et il a appelé les Tunisiens «à protéger leurs progénitures contre les malfaiteurs». Il a accusé des «éléments hostiles à la solde de l'étranger».
Ben Ali a également promis la création de 300.000 emplois en deux ans. «Cet effort permettra de résorber, avant la fin de 2012 (oui, avant la fin 2012, je m'y engage), tous les diplômés du supérieur dont la durée de chômage aura dépassé les deux ans», a-t-il dit. Le président a convoqué une «conférence nationale» sur l'emploi pour février.
Première manif étudiante à Tunis
Ce lundi, trois localités — Kasserine, Thala et Regueb — étaient en proie à des violences, signe de la poursuite des émeutes contre le chômage qui secouent la Tunisie depuis la mi-décembre. Ces violences ont fait, ce week-end, au moins 14 morts selon le gouvernement, et plus de 20 selon des sources de l'opposition.
Des manifestations étudiantes ont également, et pour la première fois, eu lieu à Tunis, la capitale. Sur le site «Les observateurs», affilié à France 24, un étudiant témoigne :
«L’appel a été lancé hier sur Facebook. Dès ce matin, à 9 heures, de nombreux étudiants s’étaient réunis sur le parvis du campus pour aller manifester. Nous avons d’abord fait le tour des cinq facultés présentes sur le campus afin de rassembler un maximum de monde. Nous sommes ensuite sortis dans la rue. Mais la police anti-émeute nous attendait. Ils avaient reçu l’ordre de ne pas nous laisser poursuivre la manifestation dans la rue. Ils nous ont matraqués et lancés des bombes lacrymogènes. Les étudiants ont riposté par des jets de pierre. On n'a pas pu aller plus loin. Mais les manifestants ont refusé de s’en tenir là. On va essayer de retourner dans la rue.
Les étudiants prennent certes le train en marche. C’est parce que les émeutes ont éclaté pendant les vacances et parce que nous étions en période d’examens. Mais après ce qui s’est passé dans la nuit de samedi à dimanche, il était impensable que nous restions là sans réagir. D’ailleurs, il n’y a pas que les étudiants syndiqués qui sont là. Même les moins politisés ont répondu à l’appel car ils jugent cette situation humainement insoutenable. Nos slogans ne diffèrent pas d’ailleurs de ceux du reste de la population. Nous ne nous mobilisons pas en tant qu’étudiants, mais en tant que citoyens choqués et indignés par ce qui se passe.»
Les unités de la police anti-émeute ont dispersé à coups de matraques la manifestation de quelques dizaines de jeunes sur la place du Passage, dans le centre de la ville.
Selon des sources syndicales et des témoins, un étudiant a été blessé et huit ont été interpellés dans des manifestations sur le campus de Tunis. Les cours étaient arrêtés ou perturbés depuis leur reprise le 3 janvier, suite aux vacances de fin d'année.
Lundi, à Kairouan (centre) des manifestations parties de l'université de Rakkada (10 km) ont dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre dans le centre-ville et d'autres étaient signalés dans des localités de cette région en proie au chômage, ont indiqué des témoins.
À Kasserine (290 km au sud-ouest de Tunis), un homme atteint de plusieurs balles et admis à l'hôpital dimanche, Abdelbasset Kasmi, a succombé à ses blessures lundi matin, selon Sadok Mahmoudi, membre du bureau exécutif de l'union régionale des travailleurs tunisiens (UGTT, centrale syndicale).
M. Mahmoudi a également fait état d'«grand nombre» de personnes blessées qui se trouvaient en réanimation à l'hôpital de Kasserine, placé sous contrôle de l'armée. Selon des sources médicales et syndicales, l'établissement manquait lundi de sang pour traiter les blessés.
Douilles de balles qui jonchent la rue
Selon M. Mahmoudi, les manifestations se poursuivaient lundi à la mi-journée dans le centre de Kasserine, devant le bâtiment du syndicat régional. Plusieurs personnes se sont retranchés dans les locaux du syndicat pour fuir des tirs massifs de gaz lacrymogènes, a indiqué M. Mahmoudi, qui a ajouté que des ambulances sillonnaient la ville. Les commerces de la ville sont fermés et les habitants ont crié «leur colère contre leur régime», a-t-il ajouté.
À Regueb, localité située près de Sidi Bouzid, plus de 3000 manifestants partagés entre la colère et le deuil ont défilé en cortège jusqu'au domicile de Manal Boualagui, une jeune femme, tuée dimanche d'une balle dans le dos. Selon un correspondant de l'AFP, la police est intervenue et a dispersé le cortège en tirant des balles en caoutchouc pour prévenir les manifestants de faire le tour des autres domiciles endeuillés.
Les forces de l'ordre ont également empêché des mises en terre de victimes tombées la veille sous les balles dans le «carré des martyrs» de la ville, totalement paralysée en ce jour de marché hebdomadaire. Selon un enseignant défenseur des droits de l'Homme, Slimane Roussi, l'armée s'est interposée entre la police et les manifestants dans cette localité, dont les rues étaient jonchées de douilles de balles.
À Thala, la police à tiré des balles en caoutchouc pour disperser la foule des manifestants venus protester contre des «arrestations massives» et des perquisitions notamment aux domiciles de victimes, a relaté un témoin à l'AFP.
La Tunisie connaît une révolte sans précédent depuis la mi-décembre. Elle a dégénéré ce week-end en émeutes sanglantes.
Leur presse (Libération), 10 janvier.