Manif anticarcérale à Toulouse : 200 flics pour 100 manifestants
Oyé !!! Familles, amis et proches des prisonniers. La manifestation à Toulouse organisée ce samedi 21 novembre dans le cadre de la campagne nationale contre les longues peines et l’isolement carcéral a été interdite par la préfecture.
La police a arrêté les manifestants leur intimant l’ordre de rebrousser chemin. Des contrôles d’identités étaient effectués dans le métro proche du lieu de rassemblement (l’ancienne prison saintMichel). L’accès au centre ville était barrée par d’imposantes forces de l’ordre.
Les manifestants ont préféré ne pas céder à la provocation policière et se sont dirigés vers la prison de Muret. Malgré le nombre impressionnant de forces de l’ordre qui les attendaient à Muret, ils ont pu faire musique et feu d’artifice pour les prisonniers. Ils n’y a pas eu d’arrestation.
Abolition des longues peines, du mitard et de l’isolement !
Pour un monde et sans prison !
Indymedia Toulouse, 21 novembre 2009.
Vu sur Indymedia Toulouse. C’est vrai que les flics étaient nombreux mais c’était pas non plus le couvre feu, pas la peine d’exagérer les choses. En tout cas, ils étaient prêts à intervenir. Pas forcément visibles mais prêts. Nous avons attendu très longtemps avant de bouger car le bus («totobus» :-) qui devait ouvrir la manif a été bloqué par les flics à 100 mètres du rencard. Nous nous sommes tous déportés là-bas. Une centaine de personnes… Puis négociation sur le parcours de la manif. La préfecture voulait absolument imposer un parcours. Discussion pendant une heure, puis finalement, on a fait le parcours préfecture + des petits crochets pas prévus qui ont eu pour effet d’exciter les flics et de leur faire sortir les boucliers etc. et les pitbulls de la BAC. Bref, petit testage comme ça tout le long du parcours jusqu’au deuxième rencard vers la prison (en bus). 100 à 150 personnes (très faible si on considère que des concerts de soutien organisés dans la semaine ont drainé plus de monde !). Ambiance étrange. Quelques journaleux en attente de la casse et du delbor. Pour la suite… j’y étais pas, je laisse d’autres faire le compte rendu.
En tout cas, «la totoïtude» et «les salauds de bureaucrates réformistes d’encartés» étaient ensemble… Mais quel étrange enfant naîtra-t-il de cette union monstrueuse ??? :-)
Classe contre classe, 22 novembre.
Manifestation sous haute surveillance
Un collectif «anti carcéral» a défilé hier dans les rues de Toulouse.
À l’appel d’un collectif «anti carcéral», une petite centaine de personnes a manifesté hier après-midi dans la Ville rose, pour demander «la fin des longues peines et de l’isolement des prisonniers».
Un rassemblement à haut risque pour les forces de l’ordre, qui ont mis en place un impressionant dispositif afin d’éviter des incidents similaires à ceux de Poitiers. Le chef-lieu de la région Poitou-Charentes a en effet été saccagé le 10 octobre dernier par trois cents militants d’ultragauche, lors d’un rassemblement du même type que celui d’hier.
Pour parer à toute éventualité, la manifestation toulousaine a donc été encadrée par deux cents policiers. Partant de l’ancienne prison Saint-Michel, celle-ci a voulu dans un premier temps rejoindre les Arènes en passant par le centre ville.
Mais les forces de l’ordre ont imposé un autre parcours, obligeant les militants à atteindre leur destination par des axes vierges de «cibles potentielles». De plus, à chaque carrefour, des CRS casqués et équipés de flashball ont empêché toute manœuvre inattendue. Au final, la marche «anti carcérale» s’est déroulée dans le calme, les participants se contentant de distribuer des tracts aux badauds. «On n’est pas là pour casser. Après Poitiers, il y a eu une manif à Paris où tout s’est bien passé. Il faut arrêter de faire peur aux gens», glisse un manifestant. Pour finir, le cortège s’est retrouvé à 18 heures autour du centre de détention de Muret, afin de «soutenir les personnes incarcérées». Devant soixante gendarmes mobiles, des feux d’artifices destinés à être vus par les détenus ont alors été tirés.
Leur presse (Hugo Clément, La Dépêche), 22 novembre.
Rassemblement anti carcéral : la police est sur les dents
«Nous savons que cette manifestation est prévue, même si elle n’est pas déclarée. Nous veillerons donc, par la mise en place d’un dispositif adapté, CRS et brigades anti criminalité, à ce qu’il ne se produise aucune exactions du même type qu’à Poitiers.» Le message de la police transmis par le chargé de communication du commissariat central de Toulouse est clair : le rassemblement du collectif anti carcéral prévu ce samedi 21 novembre à 14 heures devant la prison Saint Michel à Toulouse sera surveillé comme le lait sur le feu.
La hantise de la Préfecture est que cette manifestation ne dégénère en bris de vitrines de banques et d’assurances comme ce fut le cas à Poitiers le 10 octobre dernier lors d’un rassemblement lui aussi organisé selon la police par un collectif anti carcéral.
«Cela ne veut pas dire que ces débordements sont voulus par les organisateurs. Mais, comme à Poitiers, des éléments incontrôlés peuvent venir s’incruster dans le cortège et foutre la pagaille», ajoute le porte-parole du commissariat.
Le rassemblement de ce samedi a été largement annoncé par voie de tracts et d’affiches. Il s’inscrit dans le cadre d’une mobilisation contre les longues peines et l’isolement carcéral siglée «la prison tue».
Cette campagne a jusqu’ici donné lieu à des débats dans des librairies et à la publication d’un livre d’entretiens avec des prisonniers et des médecins intervenants en détention (lire Libé Toulouse du 10/11/2009).
La manifestation se prolongera par un rassemblement devant le centre de détention de Muret à 17h30.
Leur presse (LibéToulouse), 21 novembre.
Témoignages de prison : la mort plutôt que les oubliettes
«Des milliers de longues peines et prés de 700 condamnés à perpétuité sont actuellement détenus en France. C’est une peine de mort lente» : les membres toulousains du collectif anti carcéral L’Envolée se mobilisent pour l’abolition des longues peines et des quartiers d’isolement.
Surpopulation, suicides, conditions de détentions. Pour en finir avec toutes les prisons : c’est le recueil de témoignages de détenus et de médecins de l’administration pénitentiaire que ce collectif vient de publier.
De ces éternités en prison, au mieux un détenu en sort «sénile», sinon «totalement brisé». En pareil cas, s’interrogent une dizaine de longues peines de la Centrale de Clairvaux au chapitre suivant, «qui peut vraiment se réinsérer socialement ?» Plutôt que la détention à perpétuité, ces «emmurés vivants à perpétuité du centre pénitentiaire le plus sécuritaire de France» réclament carrément que la peine de mort leur soit administrée.
Le manifeste s’ouvre sur la «réalité de l’explosion carcérale», introduction rédigée par des pensionnnaires de la Centrale d’Arles. «En octobre 1981, nous étions 31.551 prisonniers, nous sommes plus de 50.000 aujourd’hui, écrivent-ils. Prés d’un tiers de la population pénale est atteinte de troubles psychiques graves.»
À cet état des lieux, ils ajoutent un chapitre consacré à l’allongement du temps passé en détention. «En vingt ans la durée moyenne des peines a cru de 71%, disent-ils. Une condamnation à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de dix-huit ans peut très bien ne prendre fin qu’au bout de trente ans.»
La seconde partie du livre est consacrée aux quartiers d’isolement (QI) régis par la circulaire du 22 juillet 1991. «Le placement des détenus y est laissé à la libre appréciation des directeurs de prisons, écrit le Collectif anti-carcéral. Le contrôle d’un médecin est obligatoire, mais son avis n’est que consultatif. Au-delà d’un an, cette mesure tombe sous la compétence du Garde des Sceaux.»
Cellule individuelle de 9 m2, lit métallique rivé au sol, murs badigeonnés de peintures délavées aux tons jaunâtres, literie imprégnée d’eau en hiver, embrasure de porte recouverte de poussière grasse, nourriture servie froide : «Le quartier d’isolement de Fresnes est un lieu sordide, raconte Dominique Fauchet, médecin du dit quartier. Le QI ressemble plus à une annexe de l’hôpital psychiatrique. Trop souvent des hommes présentant de graves troubles psychiatriques y sont isolés. Parmi les délires observés, hallucinations et délires de persécution semblent renforcés par l’isolement.»
«Ce sont des oubliettes modernes, des prisons dans la prison», racontent les détenus. «Cela démontre un enfermement psychique que l’on peut qualifier de grave», conclut Philippe Carrière, ex-psychiatre de la prison centrale de Saint-Maur régulièrement appelé à témoigner contre l’isolement.
Une soirée débat pour la sortie du livre Pour en finir avec toutes les prisons est organisée le jeudi 12 novembre à 19h à la librairie Terra Nova, rue Gambetta à Toulouse.
Leur presse (LibéToulouse), 10 novembre.