Manduria, Vintimille, Lampedusa, quelques nouvelles des lignes de front
Nouvelles en vrac d'Italie et de la frontière franco-italienne où la situation évolue sans cesse vers le pire non seulement du point de vue humanitaire (ça les médias ne cessent de le dire) mais aussi et surtout du point de vue des libertés fondamentales que chacun et chacune devrait pouvoir savourer (se déplacer librement et choisir là où on veut vivre). La situation dite d'urgence (l'urgence étant créée par le fait que les personnes sont empêchées d'aller là où elles veulent et donc entassées n'importe où) permet la mise en place de dispositifs qui font penser au volet de la loi Besson sur les zones d'attente temporelles et mouvantes : l'établissement de zones d'enfermement sur n'importe quel lieu du territoire et pour une période non définie pour une population déterminée.
Nouveaux CIE
À Mandoria, le premier des centres de rétention provisoires qui viennent d'ouvrir ou vont ouvrir incessamment en Italie, la situation est tendue. Après un premier grillage d'enceinte de 2 m, un second est en train d'être érigé qui mesurera 4 m de haut. Depuis dimanche 500 personnes se seraient évadées.
Trois personnes qui avaient réussi à s'enfuir ont été capturées et bastonnées par des habitants de la région. Ils sont à l'hôpital.
Deux manifs ont eu lieu aujourd'hui de la part des personnes vivant dans la région : une d'hostilité aux réfugié/es et une autre de solidarité qui réclamait la liberté de toutes celles et ceux enfermé/es là.
Immigrazione/ Nuove misure di sicurezza in tendopoli Manduria
Sarà costruita una seconda recinzione all'esterno della tendopoli di Manduria, il comune in provincia di Taranto dove sono stati accolti i profughi in fuga dai paesi del Nord Africa. La rete di protezione del campo sarà alta 4 metri, ovvero due in più dell'attuale. Il campo ospita adesso 800 immigrati a fronte dei 1.300 che vi si trovavano domenica, secondo cifre ufficiali: si può dedurre che 500 sono fuggiti. La decisione sulle nuove misure arriva dal Comitato per l'ordine e la sicurezza pubblica che si è riunito questa mattina in prefettura a Taranto e nasce dalla necessità di arginare le continue fughe di profughi dal campo. Non si tratta di evasioni perché, come spiegano le autorità, a Manduria c'è un Cai, sigla che significa “Centro accoglienza e identificazione”. A Manduria i profughi vengono accolti e identificati, non sono reclusi, ma sorvegliati “nel loro stesso interesse”. Stando a quanto si apprende la tendopoli allestita nell'ex aeroporto militare di Manduria è in grado di accogliere 3800 persone, ovvero un numero molto maggiore dell'attuale. Al momento nella tendopoli al confine tra le province di Taranto e Brindisi solo 230 profughi hanno chiesto “protezione internazionale” in base alla convenzione di New York per ottenere un permesso temporaneo di soggiorno. Ai giornalisti non è permesso accedere al piazzale antistante l'ingresso al campo e nemmeno parlare con gli operatori della protezione civile impegnati nelle operazioni di soccorso umanitario. Questa mattina a Manduria è arrivato il presidente della Provincia di Taranto Gianni Florido. “La mia — ha spiegato Florido — è una presenza tra la testimonianza e la protesta. Non abbiamo ostacolato la prima scelta, perché capivamo che c'era da dare a Lampedusa una risposta urgente e che urgentemente si poteva fare solo una cosa così provvisoria. Poi invece si è andati oltre con gli 850 immigrati, e allora la testimonianza e la collaborazione si trasformano in una protesta.” Florido ha detto anche che “la solidarietà senza la sicurezza serve a poco”. Ieri sera i carabinieri sono dovuti intervenire nella stazione di Oria per bloccare gli assalti ai treni messi in atto dagli immigrati che cercavano di fuggire. Anche il vescovo di Oria e Manduria, monsignor Vincenzo Pisanello ha visitato questa mattina la tendopoli. “Dobbiamo accoglierli perché sono esseri umani — ha detto — e faccio un appello alle popolazioni di stare assolutamente tranquille. È una emergenza e bisogna avere pazienza.”
Leur presse (TMNews), 30 mars.
Leur presse (La Gazzetta del Mazzogiorno), 30 mars :
Frontière
À la frontière franco-italienne de Vintimille, les gens qui veulent venir en France, retrouver les leurs ou tout simplement vivre là continuent de s'amasser, bloqués par les gendarmes et flics français. Il y a des témoignages de personnes qui ont tenté plein de fois le passage et qui ont été ramenées là, pour certaines après un passage par le centre de rétention en France. un témoignage fait état de véritables rafles qui ont lieu à Nice et Menton et qui ne leur laissent pratiquement aucune chance de passer entre les mailles du filet.
Leur presse (Il Post), 30 mars :
Vintimille, nouvelle frontière du Maghreb
En provenance de Lampedusa, les immigrés de la rive sud de la Méditerranée en crise tentent de passer en France.
Vintimille est la nouvelle frontière de l'immigration clandestine en provenance du Maghreb. La situation est en effet devenue insupportable à Lampedusa, où 20'000 clandestins ont débarqué depuis le mois de janvier et où plus de 6000 d'entre eux vivent encore entassés sans abri dans des conditions d'hygiène insupportables. Les autorités italiennes ont donc décidé de transférer les immigrés sur le continent. Or, pour la majorité d'entre eux en provenance de la Tunisie, l'Italie n'est qu'une étape et c'est en France qu'ils souhaitent se rendre.
Au cours des dernières semaines, 3500 clandestins sont déjà arrivés à Vintimille dans l'espoir de passer dans l'Hexagone. Les contrôles ont été renforcés du côté français et 470 clandestins interpellés sur le territoire national ont été reconduits du côté transalpin. Mais à peine revenus en Italie, les immigrés tentent à nouveau de franchir la frontière à pied, en train ou cachés dans des véhicules. Pour 150 euros, des passeurs leur promettent de les conduire en terre promise. Onze d'entre eux ont été arrêtés par la police. Et les contrôles se multiplient à Nice et à Menton pour intercepter les clandestins qui sont passés à travers les mailles du filet.
L'Italie abandonnée par l'Europe
La douane française, qui avait été fermée en vertu des accords de Schengen, devrait être rouverte aujourd'hui. Les clandestins en attente d'un passage dorment dans la salle d'attente de la gare ou dans les jardins de Vintimille. Le 4 mars dernier, le ministre de l'Intérieur Claude Géant s'était déjà rendu à Vintimille pour réaffirmer l'intransigeance de la France sur les flux migratoires.
Mais en Italie le discours politique est plus ambigu. À un mois et demi d'élections communales, le gouvernement revendique une politique de fermeté. Certains députés de droite ont même proposé de transférer les habitants de Lampedusa sur le continent pour concentrer tous les immigrants dans l'île, qui deviendrait un CIE (centre d'identification et d'expulsion) inviolable. La Ligue du Nord, qui a fait de la lutte contre l'immigration clandestine son cheval de bataille, refuse l'ouverture de centres d'accueil dans les régions qu'elle administre.
Toutefois, en voyage à Ellis Island où au XIXe et au XXe siècles 4 millions d'Italiens ont transité avant d'être acceptés aux États-Unis, le président de la République a rappelé hier que l'Italie était un pays d'immigrants et qu'elle avait un devoir de solidarité. En outre, le gouvernement n'est pas mécontent que la France soit à son tour atteinte par la vague en provenance du Maghreb. L'Italie considère en effet qu'elle a été abandonnée face à un problème qui devrait concerner l'ensemble des pays de l'Union européenne. «Face à l'immigration maghrébine, l'Europe est inerte, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini. Il faut un plan de distribution communautaire des immigrés.» En autorisant discrètement les clandestins à arriver à Vintimille, l'Italie espère que l'Europe va se réveiller et partager le fardeau.
Leur presse (Dominique Dunglas, Le Point), 30 mars.
Lampedusa
En visite aujourd'hui à Lampedusa Berlusconi a déclaré que dans les deux prochains jours les personnes réfugiées sur l'île seraient toutes évacuées sur des gros bateaux, direction les différents centres de rétention temporaires qui sont en train d'ouvrir sur le continent ou alors en Tunisie si le gouvernement italien décide de mettre ses menaces à exécution. Les personnes sont systématiquement fichées, photographiées, leurs empreintes sont prises.
Liste Migreurop, 30 mars 2011.