Maison de la grève - Rennes : 300 kg de nourriture jetés à la benne

Publié le par la Rédaction

 

Lors de l'évacuation de la Maison de la grève, jeudi dernier, à Rennes, 300 kg de légumes bio et du pain, provenant de dons, ont été envoyés en déchetterie par les services de la ville de Rennes.

 

 

 

 

Jeudi 2 décembre au matin, la Maison de la grève, rue de la Barbotière, à Rennes, est vidée par les services de la mairie après l'évacuation du squat. La quasi-totalité de ce qui s'y trouve est alors chargée dans des camions-bennes et envoyé à Mat-Transit, une déchetterie de L'Hermitage. Parmi les meubles, réfrigérateurs, four industriel et autre matériel de sérigraphie, de la nourriture stockée depuis plusieurs semaines. Environ 300 kg de légumes bio (navets, carottes, pommes de terre…) et entre 5 et 10 kg de pain bio, le tout provenant de dons, sont entassés à L'Hermitage.

 

«Une montagne de meubles et de bouffe»

 

«Tout était saccagé et écrasé, il y avait une montagne de meubles et de bouffe, c'était un tas d'ordure», raconte Matthieu [Prénom d'emprunt ], l'un des participants à la «cantine» de la Maison de la grève, qui est allé sur place quelques heures après l'évacuation. «Pour moi, c'était voulu et réfléchi. Ce que la mairie nous fait comprendre ainsi, c'est que maintenant, nous ne pouvons plus nous organiser. (…) Et c'est paradoxal de détruire la nourriture alors que c'est l'hiver, qu'il fait froid à l'approche de Noël et que nous voulions aussi nourrir les plus démunis.»

 

À la Maison de la grève, le repas était à prix libre, avec un maximum de trois euros. Deux à quatre fois par semaine, plus de 70 personnes venaient manger dans les anciens locaux de la CFDT occupés illégalement. «C'était l'occasion d'avoir plus de contacts avec les gens rencontrés pendant le mouvement (contre la réforme des retraites, NDLR) en partageant un repas, un moment convivial et chaleureux», explique Matthieu.

 

«Un crève-cœur», pour le boulanger

 

Les légumes de saison étaient donnés par des fermes bio de la région rennaise. Maraîcher à Saint-Grégoire et président du groupement d'agriculteurs biologiques Agrobio 35, Jean-Paul Gabillard offrait deux fois par semaine les légumes qu'il ne vendait pas. Ils étaient «trop gros, un peu verreux, abîmés ou coupés» et auraient servi de compost. «C'est toujours embêtant de voir ça (la nourriture jetée, NDLR) alors que des gens crèvent la dalle à côté. Eux, à la limite, pouvaient la transformer», regrette le paysan. Il affirme également avoir rencontré «des gens qui veulent faire bouger les choses en ayant des idées et en mettant la main à la pâte».

 

Olivier Clisson, boulanger et paysan à Parthenay-de-Bretagne, donnait 10 kg de pain bio par semaine en soutien au projet. La décision de la mairie le chagrine. «C'était un don de ma part. Je fais mon pain à la main, je fais pousser le blé durant neuf mois. Savoir que c'est parti à la déchetterie est pour moi un crève-cœur. (…) C'est stupide qu'ils n'aient pas eu l'idée de redistribuer tout ça ou de le donner au Secours populaire ou aux Restos du cœur.»

 

Contactée, la mairie ne souhaite pas faire de commentaires. Elle a fait évacuer le lieu pour, notamment, installer l'association Puzzle, qui prend en charge les sans-domicile-fixe.

 

Leur presse (Nicolas Auffray,
Le Mensuel de Rennes), 8 décembre 2010.

 


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