Maghreb et Moyen-Orient : bordel partout - 17 février
Le point sur les contestations au Moyen-Orient, pays par pays. Répression sanglante à Bahreïn et en Libye.
Voici la situation au Moyen-Orient, pays par pays, jeudi 17 février.
À Bahreïn : La nuit a fait quatre morts, victimes de la répression policière, parmi les manifestants, ce qui porte le nombre de tués à six depuis le début de la contestation lundi. Les manifestants, des chiites — comme la majorité de la population — ne demandent pas le départ du roi — sunnite —, mais des réformes politiques et sociales dans le pays, pour aboutir à une «monarchie constitutionnelle». Ils ont campé une seconde nuit sur la place de la Perle, dans le centre de la capitale Manama. Près d'une centaine de personnes auraient été blessées dans l'assaut des forces de l'ordre, qui ont tenté de disperser la foule. Dans un communiqué diffusé par l'agence officielle BNA, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, le général Tarek al-Hassan, a affirmé que «les forces de sécurité ont évacué la place de la Perle (…) après avoir épuisé toutes les chances de dialogue» avec les protestataires. «Certains ont quitté les lieux d'eux-mêmes alors que d'autres ont refusé de se soumettre à la loi, ce qui a nécessité une intervention pour les disperser», a-t-il ajouté.
En Égypte : Dans plusieurs endroits du pays, les grèves réclamant des hausses de salaires se poursuivent, malgré les appels de l'armée à reprendre le travail. La Bourse du Caire restera fermée encore jusqu'à dimanche au moins. Environ 365 personnes ont été tuées et 5.500 blessées durant les 18 jours de manifestations à travers l'Égypte qui ont provoqué la chute du président Hosni Moubarak, selon le ministère de la Santé. Quant à l'ancien président, il «ne va pas bien, a baissé les bras et veut mourir à Charm-el-Cheikh», selon un responsable saoudien qui a pu s'entretenir avec lui.
En Iran : Une manifestation de «haine et de colère», organisée par le pouvoir, est prévue vendredi contre les deux principaux chefs de l'opposition, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi. «La population de Téhéran, après la prière du vendredi, participera avec force à une manifestation pour exprimer sa haine, sa colère et son dégoût devant les crimes sauvages et répugnants des chefs de la sédition et leurs alliés hypocrites et monarchistes», a annoncé le Conseil pour la coordination de la propagande islamique, qui organise les grandes manifestations populaires du pouvoir. Les opposants sont devenus la cible du pouvoir depuis les rassemblements de plusieurs milliers de personnes à Téhéran lundi, et qui se sont soldés par la mort d'au moins deux individus.
En Libye : Au moins quatre personnes ont été tuées mercredi, là encore lors d'affrontements avec les forces de l'ordre, sans doute par des tirs à balles réelles. L'épicentre de la contestation anti-Khadafi se situe dans l'est du pays, à Al-Baïda notamment et Benghazi, la deuxième ville du pays. L'organisation libyenne Human Right Solidarity, basée à Genève, qui cite des témoins, a indiqué de son côté que des snipers postés sur des toits ont tué 13 manifestants et blessé des dizaines d'autres. Un appel à une «journée de colère» qui a été lancé sur Facebook par un groupe dont les membres sont passés de 4.400 à 9.600 en deux jours a été lancé pour ce jeudi.
En Tunisie : Selon le journaliste Nicolas Beau, spécialiste de la Tunisie, l'ex-président Ben Ali aurait fait une attaque vasculaire cérébrale et été transporté à l'hôpital de Djedda, en Arabie saoudite, où il a trouvé refuge. Il serait tombé dans le coma, et son état de santé serait jugé très inquiétant. Le montant total des prêts accordés par les banques aux entreprises des clans Ben Ali/Trabelsi est évalué à 2,5 milliards de dinars (1,3 milliard d'euros), dont 430 millions (224 millions d'euros) sans garantie de remboursement, selon la Banque centrale de Tunisie (BCT). Les familles et proches du président déchu le 14 janvier Zine El Abidine Ben Ali, au pouvoir pendant 23 ans, et de sa femme Leïla Trabelsi ont fait main basse sur les richesses du pays.
Au Yémen : De violents heurts ont opposé des manifestants anti-régime et policiers mercredi dans le sud faisant deux morts, au moment où des centaines de protestataires ont été dispersés à coups de gourdin dans la capitale Sanaa par des partisans du président Ali Abdallah Saleh. La journée a été sanglante à Aden, la principale ville du sud. Dans le même temps, des centaines de fonctionnaires des entreprises publiques ont poursuivi un mouvement de grève à Aden, réclamant le départ de leurs directeurs et une hausse des salaires, selon le correspondant de l'AFP. État indépendant jusqu'en 1990, le sud du Yémen est le théâtre d'une contestation de Sudistes qui réclament l'autonomie voire l'indépendance.
Leur presse (Challenges.fr), 17 février 2011.
À Kut (est de l’Irak), la police a tué au moins trois manifestants qui s’en prenaient au siège et au domicile du gouverneur de la province du Wasit.
Bahreïn : la police évacue des manifestants rassemblés sur une place de Manama
Des chars ont fait leur apparition dans les rues de Manama, la capitale de Bahreïn, pour la première fois jeudi après l'intervention de policiers anti-émeutes contre des manifestants qui occupaient une grande place pour réclamer des réformes politiques dans le royaume, allié stratégique des États-Unis. Selon des responsables médicaux, quatre personnes ont été tuées au cours de la nuit.
Des véhicules de police ont encerclé la place de la Perle, théâtre de rassemblements anti-gouvernementaux depuis lundi. Des barbelés ont été installés dans les rues menant à la place où les forces de police armées de matraques et de grenades lacrymogènes ont évacué dans la nuit les manifestants qui avaient érigé un campement de fortune. Le ministère de l'Intérieur a déclaré le campement «illégal».
Des affrontements sporadiques entre les policiers et les protestataires se sont poursuivis jeudi matin, des manifestants lançant des pierres avant de battre en retraite.
Les manifestations avaient commencé lundi pour demander à la monarchie sunnite de desserrer son étreinte sur le pouvoir et d'offrir un rôle accru à la majorité chiite, qui se plaint d'être tenue à l'écart des processus de décision. Mais les revendications se sont ensuite élargies, des manifestants réclamant des emplois, de meilleurs logements et la libération de tous les prisonniers politiques.
Leur presse (AP), 17 février.
Les Libyens se préparent à la «journée de la colère»
Une journée de manifestation contre le régime de Mouammar Kadhafi est prévue aujourd'hui. Quatre personnes ont déjà été tuées.
Ce jeudi 17 février a été baptisée «journée de la colère» par la jeunesse libyenne qui a appelé via le réseau social Facebook a manifesté contre le régime du colonel Mouammar Khadafi, à la tête du pays depuis 42 ans. Hier, la police a dispersé par la force un sit-in contre le pouvoir à Benghazi, la deuxième ville de Libye, bastion des opposants du régime à 1.000 km à l'est de Tripoli, faisant 38 blessés, une intervention suivie de manifestations en faveur du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi dans plusieurs villes du pays. Au moins quatre personnes ont été tuées dans des affrontement entre des forces de l'ordre et des manifestants dans la ville d'Al Baïda (est), selon des sites d'opposition et des ONG libyennes, basés à l'étranger. Ces rassemblements hostiles au pouvoir, rares en Libye, sont inspirés par les révoltes dans les pays frontaliers, la Tunisie et l'Égypte.
La communauté internationale s'inquiète
Amnesty International, Londres et l'Union européenne ont appelé à éviter le recours à la force, alors que des appels ont été lancés sur Facebook pour faire de jeudi une «journée de la colère» contre le régime dirigé d'une main de fer depuis 42 ans par le colonel Kadhafi.
Hier soir, un calme prudent régnait à Benghazi selon des témoins, tandis qu'à Tripoli des petits groupes de jeunes partisans du régime continuaient à défiler en voitures dans un concert de klaxons, brandissant des photos du colonel Kadhafi.
Répression
Les comités révolutionnaires, épine dorsale du régime, ont prévenu qu'ils ne permettraient pas à «des groupes s'activant la nuit de piller les acquis du peuple et de menacer la sécurité du citoyen et la stabilité du pays».
La police est intervenue, selon le journal libyen Quryna, pour mettre fin à des affrontements entre des partisans du colonel Kadhafi et des «saboteurs».
Leur presse (Nouvelobs.com), 17 février.
L'efecte domino sembla imparable
Mentre sembla que la situació sembla haver-se calmat a Algèria en els darrers dies i Egipte segueix amb les seves nombroses mobilitzacions laborals, el món àrab està experimentant una explosió de revoltes populars contra els seus endèmics règims polítics.
La policia (i fins i tot l'exèrcit) sembla haver atacat amb duresa sobre els manifestants que portaven dos dies a la plaça Lulu de Manama, capital del Bahrein. Els manifestants anti-Règim, que de moment només estan reclamant una monarquia parlamentària, havien convertit i rebatejat la plaça en la nova plaça Tahrir. Han estat atacats amb duresa provocant almenys uns 5 morts, contant els dos produïts anteriorment. De fet s'estan produint incidents molt similars a alguns ja vistos les anterior setmanes a Egipte: matons contractats pel Règim, tancs al carrer (alguns parlen d'ajuda militar kuwaití i saudí) i fins i tot un periodista americà de la cadena ABC ha denunciat haver estat agredit. Sembla que el centre de la ciutat ha estat pres militarment. Alguns parlen, com no, de conspiració xiita internacional darrera de les protestes, en quant Bahrein és un país majoritàriament d'aquesta confessió musulmana. Bahrein és un país molt petit, dels més petits del Món, de fet, tant en dimensions com en població (730 mil).
Líbia ha viscut en els darrers dies enfrontaments, especialment a la capital, Benghazi. Es pot comprovar en aquest video. Els manifestants han convocat per avui un dia de protestes, mirant d'esquivar el joc provocat per l'anunci de Gaddafi d'atendre a la primera convocatòria, prevista per divendres 18. El dictador libi, en una kafkiana escena, havia anunciat que volia participar en les marxes, demanant la caiguda del seu Primer Ministre. En el record està la insurrecció de 1996.
Al Iemen, la policia va matar almenys dos manifestants a Aden, mentre que les protestes continuen per sisè dia consecutiu a Sanaa. En un país on almenys el 40% de la població es troba sota el llindar de la pobresa, el rei Saleh, al poder des de 1978, s'ha vist força a moure peça per no veure's acorralat. Sembla, però, que els passos realitzats, anunciar l'augment dels salaris i que no es presentarà a la reelecció, no han estat suficients.
2000 persones han atacat a Iraq diversos edificis públics en protesta pels mals serveis. A Teheran es van succeïr nous enfrontaments entre partidaris i detractors del règim dels ayatoalás en un enterrament per un estudiant mort en els enfrontaments dels darrers dies. Jordania, que de fet porta en continuades protestes des d'abans de l'esclat de la revolta a Egipte, està visquent noves manifestacions, aquest cop en el sector de l'Educació. Sudan també va viure ara fa una setmana un nou “Divendres de ràbia”, però fa dies que no arriben noves informacions. L'efecte domino sembla haver arribat fins i tot a l'intocable regne d'Arabia Saudí. 1500 treballadors asiàtics s'han declarat en vaga a Riyadh.
L'efecte domino provocat per la revolta a Tunisia i Egipte, doncs, sembla no poder-se parar, com demostra aquest interessant mapa virtual. El toll de morts de la revolta egipcia, per cert, sembla que ja es troba en els 365. Així ho ha admés el Ministre de Salut. Encara hi ha, però, dotzenes de desapareguts.
Egipte rera la barricada, 16 février.