Le patronat organise la concurrence et la haine entre les salariés
Un vent médiatique et politique souffle sur le monde du travail. Un vent mauvais qui dirait que l’immigré pique le travail des Français. Que l’immigré profite des cotisations et des impôts des «honnêtes travailleurs». Qu’il y a des travailleurs méritants et d’autres pas. Le syndicat CNT du bâtiment souhaite faire quelques mises au point à ce sujet.
1. Les immigrés piquent le travail des Français ?
Oui, une grande partie des immigrés viennent en France pour chercher du travail. Et ils ne viennent pas de bon cœur. Combien d’entre nous lâcheraient famille et amis pour aller gagner sa croûte à des milliers de kilomètres ? Si ce n’est pour une question de survie…
Bizarrement, le patronat emploie des dizaines de milliers de travailleurs «sans papiers» mais délocalise ses usines. Il délocalise au moins coûtant (production de marchandises) et emploie en France des sans-papiers dans les secteurs non délocalisables (services de nettoyage, bâtiment, restauration, etc.).
Non, la vérité c’est que le patronat organise la concurrence entre les travailleurs de tous les pays, en cherchant le moins coûtant.
2. Les immigrés et les chômeurs sont des profiteurs ?
Il y aurait les bons travailleurs, ceux qui «en veulent» et les autres qui profitent du travail des autres pour se lever tard et toucher «les allocs». Ceux et celles qui ont connu des périodes de chômage savent comme cela peut être dur : perte de confiance en soi, perte de revenus, dépression. Quels profiteurs ces chômeurs !
Les fraudes aux «allocs» sont estimées entre 500 et 800 millions d’euros dont 88% sont recouvrés, soit une fraude de 60 millions d’euros. Les fraudes aux cotisations patronales sont estimées, elles, entre 8 et 14 milliards d’euros. Qui sont les fraudeurs ?
La vérité, c’est que le patronat, et cela en pleine crise pour les salariés, a empoché 36 milliards d’euros (que pour le CAC 40). Les profits, ce sont eux qui les font sur notre travail, pas les chômeurs et les immigrés !
3. Si on parlait d’insécurité ?
Les amalgames entre insécurité, bandes de jeunes, et immigrés se multiplient. Le gouvernement en fait sa priorité. Chiche ! Parlons donc de l’insécurité sur les chantiers (un accident mortel tous les deux jours). Parlons de l’insécurité dans le monde du travail (intérim, chômage, temps partiels imposés…) qui font le lendemain incertain et la peur quotidienne de se faire virer.
En éteignant deux secondes la télévision, franchement : dans nos vies, combien de fois vous êtes vous fait caillasser ou insulter par des «jeunes» ? Et combien de fois faut-il se lever pour aller faire un boulot qui nous plaît moyen, pour un salaire de misère et pour engraisser son patron ?
L’insécurité et la délinquance principales sont celles organisée par le patronat. Mais elles sont légales…
Français, immigrés :
même patron, même combat !
CNT Construction - Syndicat Unique du Bâtiment 69
Rebellyon, 30 août 2010.