Le lycée d'Alès (dans le Gard) bloqué depuis trois jours
À la dernière manifestation ils (les lycéens) ont crâmé des poubelles et cassé le portail de la sous-pref, y a eu des gaz etc. Y a un gars de 14 ans qui s’est fait arrêter et mettre en GAV. Là ma mère a branché du monde pour aller devant le comico. Ils se sont retrouvés à 500 à gueuler «Libérez François», re-gaz…
Après, le lendemain, ils ont fait une AG pour discuter du blocage. Y a un peu une sorte de délégation de représentants pourris mais je sais pas encore leur place dans tout ça. Dans leur revendication y a les retraites et l’arrestation de leur pote. Ils ont décidé qu’ils bloqueront si ils sont au moins cinquante à 6 heures du mat’ devant le lycée… DOOOONNNNCCCC !!!!!
Ils se sont retrouvés à 200 à 2 heures du matin et ont surbloqué le lycée. Au début ils voulaient bloquer un jour pour (selon la délégation) «obtenir du proviseur des urnes pour faire un vote du blocage». Le proviseur a répondu (ouhouhouh la grossière erreur ^^) : «Vous levez le blocage et on discute du vote tout ça».
Même la délégation qui avait prévu de bloquer qu’un jour finalement préfère tenir le blocage la nuit. Y a des tentes et le blocage a continué aujourd’hui (ça a commencé lundi).
Dans la journée, les lycéens se baladent en ville en groupe de trente, shootent dans des poubelles, essayent de rentrer dans un magasin de sport, balancent des pierres sur la pref, rentrent dans les autres lycées de la ville…
Pas mal de CRS ont tenté de déloger les tentes sans y parvenir, ça continue.
Courriel, 29 septembre 2010.
Les lycéens une nouvelle fois dans les rues
Deuxième journée de blocus hier, pour les lycéens de Jean-Baptiste-Dumas, qui dès 7h30 se sont réunis devant l’établissement pour un rapide sondage, la grosse majorité soutenant l’action engagée depuis lundi. Au même moment, à Saint-Christol, les lycéens de Prévert avaient eux aussi décrété le blocus de leur établissement. «Même si les élèves non grévistes pouvaient aller en cours sans problème», précise le proviseur Ourtal.
Toujours «désireux de rallier tous les lycéens de la ville», ceux de JBD ont rejoint leurs camarades de Prévert, avant de reprendre le chemin du centre-ville pour une nouvelle manifestation en direction de la sous-préfecture vers 11 heures. Une nouvelle fois, la circulation en centre-ville a été momentanément perturbée. Ils étaient ainsi des centaines à crier leurs revendications dans les rues. Réformes des retraites et du lycée sur un plan national. Remplacement des professeurs absents et amélioration de la qualité de vie dans l’enceinte de l’établissement au niveau local.
Si du côté de Prévert, les cours sont revenus à la normale et les barrières ont été levées dès la fin de la matinée, le son de cloche n’était pas le même du côté de JBD. «On est là pour se faire entendre et pour porter jusqu’au bout nos revendications», ont lancé les leaders du mouvement. Les plus motivés avaient même dormi sous des tentes devant leur établissement dans la nuit de lundi à mardi. Dans l’après-midi, une nouvelle manifestation quelque peu désorganisée a conduit une nouvelle fois les lycéens grévistes devant la sous-préfecture. Là, «des policiers gardois avaient été appelés par mesure de sécurité suite aux évènenements de jeudi dernier», indique le sous-préfet, Philippe Portal. Malgré les appels au calme multipliés toute la journée par les organisateurs lycéens, des pierres ont été jetées en direction du bâtiment public. Un jeune homme a été interpellé. Il a été relâché plus tard dans la journée.
Intervention des forces de l’ordre contre le blocus
Hier soir, à 19h45, quatre camions de gendarmes mobiles et huit de CRS sont intervenus pour mettre fin au blocus du lycée Jean-Baptiste-Dumas. Sur place, une dizaine de lycéens et une quarantaine de syndicalistes, CGT pour la plupart. Sous la surveillance des gendarmes — les CRS étant restés stationnés plus loin — les employés municipaux ont démonté et chargé les containers, palettes, vieux meubles et autres encombrants qui empêchaient depuis deux jours l’accès à l’établissement. Si de leur côté, les grévistes ont dénoncé «la démesure des moyens policiers mis en place», de l’autre côté c’est «la mesure de sécurité qui a été prise en compte».
Il n’aura fallu qu’une demi-heure aux employés municipaux pour démonter la barricade. Cependant, la négociation entre forces de police et grévistes au sujet des six tentes plantées sur le rond-point du lycée a ralenti les choses. À tel point d’ailleurs que le sous-préfet, en personne, s’est rendu sur les lieux pour discuter avec les lycéens, en présence du commandant Gilly, du conseiller général Jean-Michel Suau et des représentants des syndicats. Après avoir contacté l’Inspection d’académie, le sous-préfet a proposé aux lycéens une table ronde demain matin sur les problèmes internes à l’établissement. Proposition acceptée par les jeunes grévistes qui se disent prêts «à continuer le combat». Une assemblée générale est prévue ce matin à 8 heures, suivie d’une manifestation à 10 heures.
Leur presse (Julia Razil, Midi Libre), 29 septembre.
Opération coup de poing des lycéens de JBD
Une surprise attendait les Alésiens hier matin. Après le flot de manifestants qui a envahi les rues jeudi dernier, ils ne s ’attendaient probablement pas à une nouvelle journée de mobilisation avant samedi. C ’était compter sans l ’esprit de revendication de la jeunesse alésienne.
Dès 6 heures du matin, des lycéens de Jean-Baptiste-Dumas se sont affairés à bloquer l ’accès à leur établissement, avec les moyens du bord : containers, palettes, vieux casier et… siège auto. «Vendredi, nous nous sommes concertés pour décider ou non d ’un blocus. En réaction au non- remplacement de certains professeurs, à la surcharge des salles, au manque de matériel et au risque de fermeture du snack, nous avons décidé de mener cette opération ponctuelle et coup de poing», explique Marine, élève de terminale et membre de la délégation de lycéens qui mène le mouvement. Une mobilisation qui est en fait «un ras-le-bol global», réforme du lycée, réforme des retraites et interpellation de leur camarade lors de la manifestation de jeudi (voir notre édition du 24 septembre) étant également inscrits sur la liste des revendications.
L ’opération coup de poing a donc commencé par un blocus du lycée puis une manifestation dans les rues «dans le but de mobiliser les autres lycées de la ville». Une tentative qui a quelque peu échoué sauf auprès de quelques dizaines d ’élèves de La Salle. Sur leur route, les lycéens se sont fait entendre, c ’était l ’objectif, et voir aussi. Poubelles renversées, bittes dévissées, jets de pierre, circulation perturbée. Une trentaine d ’adolescents ont même tenté de pénétrer dans un magasin de sport, rue Saint-Vincent. Des incidents «qui ne concernent qu ’une minorité et nous mettent en porte-à-faux, c ’est dommage», regrette Marine.
Au lycée de La Salle, Hugues Esbalin, le proviseur, a lui aussi été «très surpris. À 9 heures, des lycéens se sont introduits dans l ’enceinte de l ’établissement. Puis ils sont ressortis. Il y a eu des jets de pierre et des pétards. Ceux-là ont voulu empêcher la rentrée de mes lycéens. Mais ils n ’ont pas de revendications claires, il n ’y a pas d ’organisation et pas de leader.» Résultat, à 10h30, une majorité d ’élèves de La Salle finit par se rendre en cours.
Pendant ce temps, des participants à la manifestation — qui s ’était scindée en deux — rejoignent JBD où plusieurs centaines d ’élèves sont rassemblées. Vers 11h30, une petite délégation de lycéens est reçue par le proviseur. Leur requête : «disposer d ’urnes et d ’une liste des élèves de l ’établissement pour pouvoir organiser une assemblée générale et un vote» explique Medrik, élève de 1re. Le blocus que les jeunes pensaient lever en fin de journée a finalement eu raison de l ’administration. «On s ’est retrouvé face à une division entre ceux qui étaient pour le blocus sur la durée et ceux qui étaient contre. L ’administration nous a demandé de lever le blocus pour ensuite discuter de la possibilité d ’un vote. Ce n ’est pas ça que nous voulions» indique Medrik. Conséquence : hier soir, le blocus était toujours en place. Certains élèves auraient même planté des tentes devant leur lycée pour y passer la nuit. Une assemblée générale est prévue ce matin à 7h30.
Joint par téléphone, le proviseur n’a pas souhaité communiquer.
Leur presse (Julia Razil, Midi Libre), 28 septembre.