La violence contre les femmes ce n'est pas seulement les coups
La violence n’est pas toujours un œil au beurre noir, une côte cassée ou un nez qui saigne.
La violence c’est l’humiliation, le harcèlement, parfois un simple regard.
Le regard de l’homme sur le décolleté d’une femme qui se penche pour offrir le thé… le regard d’un frère sur sa sœur qui a osé rire aux éclats lorsque les invités étaient présents.
Un regard que nous ne voyons pas, et dont on ne sait pas jusqu’où il peut aller lorsque nous ne sommes plus là.
Une angoisse qui graduellement envahit la femme.
La violence sans mots, sans le moindre contact physique, d’un homme qui ouvre la porte et de la femme qui soudainement devient nerveuse.
Elle est comme si elle étouffait en présence de l’homme, comme si ce n’était pas elle, inquiète de n’être pas assez bonne, pas suffisante.
Parce qu’elle a à être plus mince, plus ronde, plus jolie, plus forte, plus sexy, plus qu’une femme de ménage, plus sage.
La violence c’est ce que la femme n’est pas et pense qu’elle devrait être.
La violence est le masque que la femme porte sur son visage pour n’être pas elle-même, pour être assez bien pour l’homme.
L’homme peut écraser la femme sans même la toucher, sans même vouloir la toucher. Cela a été hérité de ses arrières, arrières grand-parents.
La violence, les abus et l’humiliation sont la suite des «tu es une pute, ta mère est une pute, ta sœur est une pute, enculé de ta mère, encule ta tante» que les uns et les autres se jettent au visage en plaisantant ou non.
La violence, les abus et l’humiliation sont la suite des «tu es comme une femme», «tu pleures comme une femme» que nos enfants apprennent depuis le plus jeune âge.
La violence, les abus et les humiliations sont une échelle où le premier est «ne fréquente pas cette personne… parce que…», «Ne porte pas cette robe, parce que…»
Et ce «parce que» est prétendu être de «l’amour», un amour qui devient un instrument de contrôle, qui produit des femmes qui ont perdu confiance en elles-mêmes et en leur force, qui sont tristes, humiliées, apeurées, dépendantes, menacées d’être abandonnées et battues, qui pensent que toutes leurs blessures viennent de l’amour, qu’un homme qui les aime provoque des blessures, mais qu’elles peuvent éventuellement guérir.
La violence c’est une femme qui est sous le souffle toxique de son homme, qui prétend qu’elle aime ça et pense que c’est comme ça que ça doit être.
La violence c’est la justification des abus psychologiques, verbaux, physiques et sexuels d’un homme saoul, comme si être saoul serait une justification des comportements les plus injustifiées.
Le savez-vous : cogner n’est pas toujours la seule forme de violence contre les femmes. Le pire ce n’est pas les blessures et les côtes brisées, mais le pouvoir, la joie et la croyance en son autorité de l’homme dont la femme ne guérit pas pendant des mois, peut-être des années, parfois jamais.
La violence c’est la lourde main du père qui se dresse au-dessus d’une fillette de neuf ans mais qui ne la touchera pas.
La violence c’est l’intimidation d’un frère qui aveugle le regard innocent de sa sœur pour le garçon de la porte d’à-côté et la prive d’un amour pur.
La violence c’est le rot du mari à la place d’un «merci pour ce formidable repas» après qu’elle se soit enfermée dans la cuisine du matin jusqu’à midi.
En Iran et dans bien d’autres pays, la violence c’est aussi les discriminations légales.
La violence c’est les droits inégaux d’un grand-père qui obtient automatiquement la garde de la petite-fille si la mère n’est plus là.
La violence c’est la part de la fille de l’héritage de son père, qui n’est que la moitié de la part de son frère, alors qu’on lui rappelle «qu’elle n’est même pas celle qui gagne le pain».
Yadi Kohi
Initiative Communiste-Ouvrière, 14 janvier 2011.