La solidarité armée pour les camarades grecs en procès jusqu'à Buenos Aires
Une légère explosion à l’ambassade de Grèce à Buenos Aires
Une légère explosion a brisé les vitres de l'ambassade de Grèce à Buenos Aires dans la nuit de mercredi à jeudi mais n'a pas fait de blessé, a annoncé la police.
L'explosion a eu lieu dans la nuit argentine, vers 5h30 GMT, et n'a pas été revendiquée.
Des ambassades à Rome et Athènes ont été touchées depuis plusieurs semaines par une série d'explosions, revendiquées ou attribuées à des groupes d'extrême-gauche. Ce jeudi matin, une bombe artisanale a explosé devant un tribunal d'Athènes, faisant quelques dégâts matériels mais aucun blessé.
Leur presse (Reuters), 30 décembre 2010.
Attentat à l'explosif devant un tribunal du centre d'Athènes
Un attentat à l'explosif s'est produit jeudi matin devant les bâtiments d'un tribunal administratif du centre d'Athènes, faisant des dégâts matériels mais pas de victimes, selon la police. Aucune revendication n'a été formulée dans l'immédiat, mais les enquêteurs soupçonnent des groupes de la mouvance extrémiste de gauche ou anarchiste.
La bombe de forte puissance était placée dans le porte-bagage d'une moto garée devant les bâtiments, et signalée volée plusieurs heures auparavant dans un quartier proche de la capitale grecque. L'explosion, à 8h20 (6h20 GMT), a été précédée d'un appel téléphonique anonyme à un journal et une chaîne de télévision, ce qui a permis l'évacuation de la zone, dans le quartier d'Ambelokipi. L'appel a été passé par un homme s'exprimant de façon distincte, en grec.
La déflagration a sérieusement endommagé une dizaine de véhicules, les devantures de magasins et brisé des vitres dans un rayon de 200m. Selon les premiers éléments de l'enquête, la bombe était composée de nitrate d'ammonium et de fioul. Ce type de mélange puissamment explosif, appelé ANFO, a été utilisé par le passé par des groupes terroristes grecs et retrouvé lors de perquisitions au cours des derniers mois.
L'attentat intervient à quelques semaines de l'ouverture, le 17 janvier, du procès d'une douzaine de membres d'un groupe anarchiste radical, la «Conspiration des cellules de feu».
Ce groupe a revendiqué l'envoi début novembre de 14 colis à des ambassades à Athènes, ainsi qu'au président français Nicolas Sarkozy, à la chancelière allemande Angela Merkel, et au président du Conseil italien Silvio Berlusconi. Personne n'avait été blessé et seuls deux engins avaient explosé.
Mardi, les enquêteurs italiens ont confirmé l'existence d'un lien entre anarchistes italiens et grecs dans les attentats perpétrés la semaine dernière devant des ambassades à Rome. Selon les autorités, le groupe italien qui a placé trois bombes devant des ambassades à Rome répondait à un appel d'une cellule grecque qui avait planifié des attaques similaires.
La Fédération anarchiste informelle italienne, (FAI), qui a revendiqué l'envoi de deux bombes aux ambassades suisse et chilienne la semaine dernière, est aussi à l'origine du colis découvert lundi à l'ambassade grecque, a déclaré à l'Associated Press le chef des carabiniers, le colonel Maurizio Mezzavilla.
Parallèlement, une bombe de faible puissance a sauté dans la nuit de mercredi à jeudi devant l'ambassade grecque à Buenos Aires, sans faire de dégâts matériels importants ni de victimes. L'ambassade était inoccupée au moment de l'explosion, a précisé un porte-parole du ministère grec des Affaires étrangères. Là encore, aucune revendication n'a été formulée pour le moment. Les enquêteurs disent constater une plus grande coordination internationale entre groupes anarchistes violents.
Leur presse (AP), 30 décembre.
L’icône des anarchistes
Le Grison Marco Camenisch, détenu à la prison de Bochuz (VD) pour avoir abattu un douanier, est considéré comme un héros par les groupuscules italiens notamment.
«L’anarcho-écologiste Marco Camenisch a mené du 6 au 8 décembre dernier une grève de la faim solidaire avec les trois militants Verts-anarchistes accusés d’une tentative d’attentat contre le centre de recherche d’IBM en Suisse.» Ce communiqué diffusé sur le site de Secours Rouge/APAPC, une organisation de la mouvance alternative, semble lier définitivement l’écoterroriste suisse aux attentats perpétrés la semaine dernière dans les ambassades de Suisse et du Chili à Rome.
L’arrestation à Zurich des militants anarchistes est en effet évoquée dans la revendication écrite des terroristes qui ont envoyé les colis piégés dans les représentations diplomatiques en Italie.
Deux attentats
Marco Camenisch est incontestablement un anarchiste. «Il n’a jamais nié son parcours révolutionnaire», disent de lui ses camarades italiens, notamment, qui le considèrent comme une icône de la lutte anarchiste et écologique. Cet homme, né le 21 janvier 1952 à Schiers (GR), a commencé son engagement en soutenant des prisonniers «révolutionnaires» et, dès 1978, il s’est joint à la lutte contre les centrales nucléaires. Mais il ne se fera remarquer par le public qu’au début de 1980, quand il est arrêté à cause de deux attentats à l’explosif contre des pylônes à haute tension. L’un avait le tort de desservir une centrale nucléaire et l’autre une centrale hydroélectrique qui défigurait le paysage des Grisons, selon lui.
Camenisch écope de 10 ans ferme. La sévérité du tribunal grison a étonné la presse, mais elle était probablement liée au contexte européen général. À cette époque, les agissements des groupuscules d’extrême-gauche semaient la panique. Les mouvements anarcho-communistes telles la Fraction Armée rouge allemande, les Brigades rouges italiennes ou encore l’Action directe française tuent à tour de bras. Les juges de Marco Camenisch voyaient donc en lui un partisan de ces violences.
Un meurtre
Marco Camenisch a été ainsi marqué au fer rouge. Cet homme, diplômé d’un CFC d’une école d’agriculture, va vivre le reste de sa vie en cavale, de 1981 à 1989 en Italie, ou en prison. Il sera en effet arrêté en Italie, où il est brièvement retourné, après avoir abattu un douanier suisse, fin 1989. Ce collègue de son père l’avait reconnu alors que le Grison voulait se rendre à l’enterrement de son géniteur.
L’Italie l’enferme, mais le renvoie en Suisse en 2002 pour finir de purger sa peine. Arrivé dans son pays natal, un nouveau procès pour le meurtre du garde-frontière l’attend. «Marco Camenisch est brutal, dénué de scrupules, et fait preuve d’un mépris total pour la vie humaine», avait estimé à l’époque le procureur Ulrich Weder dans sa plaidoirie. Le Grison aurait pourtant déclaré à un pasteur, ami de son père, «avoir tué pour ne pas être tué», rapporte un de ses proches, qui préfère rester anonyme.
Une défense qui n’aura servi à rien. Camenisch est condamné pour la troisième fois. Il se trouve actuellement à la prison de la Plaine de l’Orbe, où il se conduit en prisonnier modèle, selon ses gardiens. Il pourrait être libéré en 2018.
La vie carcérale n’empêche pas le Grison de continuer à militer. «Il joue un rôle actif dans l’alliance de différents groupes : cercles anarchistes, collectifs d’écologistes et des groupes œuvrant à la création du Secours Rouge international», écrit justement Secours Rouge sur son site. «Parmi ces gens, il y a aussi beaucoup de camarades qui ne l’ont connu que grâce à l'affinité dans la pensée (…) et à ses nombreux textes qui ont contribué et contribuent toujours à la croissance et au renforcement de la lutte contre toute forme d’oppression et d’exploitation, et pour la défense de l’être humain, de la terre et de tous les êtres vivants.»
Leur presse (Laszlo Molnar,
Le Matin), 29 décembre.