La police travaille à Toulouse (suite)

Le collectif de femmes a rencontré le préfet hier.
«C’est vraiment honteux et injuste. Mais nous n’en resterons pas là», note Elsa, du collectif Mix-Cités, reçue hier avec six autres femmes par le cabinet du préfet. Après la marche nocturne du 6 mars, émaillée par l’interpellation musclée d’une manifestante, le collectif d’organisatrices avait décidé de demander des explications au préfet sur «les violences subies par plusieurs d’entre [elles] par la police et le pourquoi d’une telle agression sur la manifestante».
Hier, à 17 heures, elles sont donc venues en grand nombre place Saint Étienne avec banderoles en espérant obtenir des explications. «Nous avons été reçues, reprend Elsa, mais le rapport exigé dès le dimanche par le préfet, nous donne tort. Il affirme que la manifestation du 6 mars n’avait pas été déclarée et que la police a été agressée, notamment à coups de canettes de bière.» Les façades taggées par une manifestante auraient incité un riverain à composer le 17. Interpellée, la jeune femme se serait débattue violemment en se montrant dangereuse. Le préfet se dit satisfait de ce rapport et a décidé de clôturer le dossier. Le procureur de la République, en revanche, a décidé d’engager des poursuites contre la manifestante.
Aussitôt après l’entrevue, les femmes ont scandé «Solidarité avec les femmes du monde entier», pour crier leur désapprobation vis-à-vis de ce rapport. Elles annoncent aussi une prochaine marche nocturne, d’ampleur nationale, cette fois, dès les premiers beaux jours.
Madeleine Dupuis, élue chargée de l’égalité hommes-femmes à la mairie de Toulouse relève : «Ces violences sont incompréhensibles. Même si l’acte de tagger est illégal, le comportement de la police reste démesuré.»
Leur presse (La Dépêche du Midi), 19 mars 2010.

Les féministes ne renonceront pas
Plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées mercredi devant la préfecture de Toulouse à l’appel d’un collectif d’assocations féministes. Les manifestants ont dénoncé les «violences policières» qui ont eu lieu lors de la Marche des femmes à Toulouse début mars. D’autres mouvements de protestation sont prévus.
L’affaire remonte au soir 6 mars à Toulouse. Près de 300 manifestantes participent à la «Marche des femmes», un défilé organisé par un collectif d’associations féministes toulousaines. Le cortège démarre à 21 heures de la place Arnaud-Bernard. Peu de temps après le départ, une manifestante surprise en train de taguer est interpellée sans ménagement par un policier et plaquée au sol. Très vite la situation dégénère lorsque d’autres féministes tentent de s’interposer. Les policiers les repoussent à coup de matraque. Plusieurs manifestantes seront blessées et la jeune femme interpellée est emmenée en garde à vue.

Pour protester contre ces violences, ils sont une bonne centaine à s’être réunis mercredi après-midi devant la préfecture de Toulouse. Dans l’assistance, quelques hommes, mais surtout des femmes de tous âges. Parmis elles, Chantal Fabre-Beauchamp. Elle est venue par solidarité avec les manifestantes du 6 mars : «On parle beaucoup de la violence faite aux femmes dans le milieu familial. Mais comme on l’a vu, ces violences peuvent aussi venir de la force publique.» Elle s’interroge : «S’il y avait plus de femmes dans la police, il y aurait peut-être moins de violences policières.» Cette éducatrice spécialisée de 56 ans se définit comme une sympathisante féministe de longue date. «Vous savez, j’avais 20 ans dans les années 70», glisse-t-elle dans un sourire. Son visage se crispe : «Depuis, j’ai l’impression que ça n’a pas progressé.»
«Totalement disproportionné»
Dans son grand manteau rouge, Aurélie Raymondaud, 29 ans a aussi fait le déplacement en signe de protestation : «C’est ma cousine qui m’a dit ce qui s’était passé», explique-t-elle en référence aux évènements du 6 mars. Elle poursuit : «Ma réaction a été un mélange de colère et d’incompréhension. La réponse des policiers a été totalement disproportionnée pour un simple tag.»
Quelques mètres plus loin, deux hommes sont en pleine discussion. Pour Jean-Philippe Ternon et Xavier Charet, leur présence à cette manifestation est avant tout «un geste de solidarité élémentaire face à la violence policière». Les deux hommes soutiennent activement la cause de femmes : «Nous sommes de la génération 1970. Par essence, nous sommes féministes», insiste Jean-Philippe.
Nouveau rendez-vous

Huées dans l’assistance. Comme pour se donner du courage, les manifestants scandent en chœur : «So-so-so, solidarité, avec les femmes du monde entier !»
Les féministes ne se laissent pas abattre. Rendez-vous est pris pour une nouvelle manifestation dans les prochains jours. Un mouvement qui pourrait bien prendre de l’ampleur.
Leur presse (Boris Marois,
Actu Toulouse), 19 mars 2010.