La police travaille à Tarnac
Ce matin à 6h30, la SDAT s’est permise de procéder à une nouvelle arrestation parmi les "proches" des inculpés. Le juge Fragoli nous avait presque fait couler une petite larme la semaine dernière en se targuant, dans Libération, de procéder dans ce dossier avec toute l’"humanité" dont il était capable. Il aura, ce matin encore, fait montre de la finesse que nous lui connaissions : quinze gros malins de la SDAT pour défoncer une porte et braquer deux enfants de 4 et 6 ans dans leur lit. Tout cela afin d’interpeller une personne qui avait déjà été arrêtée le 11 novembre 2008, à partir d’éléments du dossier plus que fantasques et en leur possession depuis le premier jour.
Évidemment, nous comprenons ce qui est en oeuvre ici. Alors que les deux éléments centraux de leur accusation, à savoir la filature de Julien et de Yildune et le témoignage sous X, ont été largement balayés par des révélations récentes, les tristes clowns continuent leur fuite en avant, usant de prétextes toujours plus risibles afin de faire diversion. Il est à noter que le juge Fragoli, encore et toujours lui, aurait déclaré à des journalistes qu’il ne procéderait pas à une reconstitution de la soit-disante nuit des sabotages. Il semblerait donc définitivement vouloir couvrir ce qui, chaque jour un peu plus, ressemble à des faux réalisés par la SDAT. Souhaitons-lui bonne chance, il en aura bien besoin.
Par delà cette pathétique tentative de diversion, nous voyons une fois de plus ce que l’anti-terrorisme permet et se permet. Comme lors des deux vagues d’arrestations précédentes, des amis des inculpés sont arrêtés en pleine rue ou en plein sommeil pour subir 96 heures de garde à vue et donc de pression et d’humiliation. La démocratie ça se maintient comme ça peut.
Nous interprétons cette nouvelle tentative d’intimidation comme la seule réponse qu’ait trouvée M. Ragnoli à l’effondrement de son instruction. Gageons que les semaines à venir nous permettent de définitivement en finir avec cette farce, comme avec sa carrière.
Soutien aux inculpés du 11 novembre, 24 novembre2009.
"Groupe de Tarnac" : interpellation d'un jeune homme suspecté d'en être un proche
Un jeune homme, suspecté d'être un "proche du groupe de Tarnac" (Corrèze) auquel appartenait Julien Coupat, mis en examen dans le cadre de l'enquête sur des dégradations au préjudice de la SNCF, a été interpellé mardi matin à Tarnac, a-t-on appris de sources proches du dossier.
Le jeune homme, dont ni l'âge ni l'identité n'ont été précisés, a été interpellé "à 06H30 mardi, en son domicile", place de l'Église à Tarnac, a-t-on indiqué de mêmes sources.
Il a été interpellé par la Sous-direction antiterroriste (Sdat) de la direction centrale de la police judiciaire et placé en garde à vue, tandis qu'une perquisition de son domicile a été aussitôt entamée.
Selon les mêmes sources proches du dossier, le jeune homme "est susceptible d'être mis en cause dans la mouvance à laquelle Julien Coupat appartient, mais n'est pas soupçonné d'être complice des sabotages". L'homme, qui ferait partie du "premier cercle" gravitant autour de Julien Coupat, est notamment soupçonné d'avoir falsifié des cartes d'identité, a-t-on indiqué de source proche de l'enquête.
La justice enquête depuis le 11 novembre 2008 sur des sabotages de lignes TGV attribués à un groupe de jeunes pour la plupart basés à Tarnac (Corrèze) et réunis autour de la figure charismatique de Julien Coupat, brillant étudiant mis en examen pour des actes présumés de terrorisme. Vingt personnes avaient été arrêtées dans le cadre de l'enquête sur les sabotages, dont onze rapidement libérées.
Les neuf autres, âgés de moins de trente-cinq ans, dont trois femmes et le leader présumé du groupe, Julien Coupat, ont été mises en examen, et cinq écrouées. Elles ont été libérées les unes après les autres, au bout de quelques semaines de détention. Julien Coupat a lui aussi été remis en liberté sous contrôle judiciaire au printemps.
Plusieurs autres personnes ont également été interpellées dans le cadre de la même enquête, et rapidement remises en liberté.
Sur l'ordinateur d'une des personnes mises en cause, le police a trouvé un manuel de fabrication de bombes artisanales.
Les avocats des membres du "groupe de Tarnac" contestent depuis le début de l'enquête la qualification "terroriste" des actes et dénoncent une opération politique visant des jeunes gens soupçonnés par les enquêteurs d'appartenir à la mouvance "anarcho-autonome".
Plusieurs parlementaires de gauche, comme Noël Mamère (Verts), André Vallini (PS) et Patrick Braouezec (PCF), et les avocats des mis en examen doivent tenir une conférence de presse mercredi midi à l'Assemblée nationale pour faire le point sur le dossier. Ils entendent aussi protester contre l'utilisation des loi antiterroristes "détournées contre des militants politiques", affirment-ils dans un communiqué.
Leur presse (AFP), 24 novembre.
Sabotages SNCF : un suspect interpellé
Un homme a été interpellé ce matin à Tarnac (Corrèze) dans le cadre de l'enquête sur les sabotages des lignes SNCF, a-t-on appris de sources proches de l'enquête. Âgé de 33 ans, ce suspect ferait partie de l'entourage de Julien Coupat, mis en examen dans cette affaire.
Il a été placé en garde à vue et devrait être transféré dans les prochaines heures au siège de la Sous-direction antiterroriste (SDAT) en charge de l'enquête à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
L'homme est soupçonné d'avoir fabriqué de faux documents d'identité. Il est le conjoint d'une femme déjà mise en examen dans le cadre de ce dossier.
Leur presse (AP), 24 novembre.
Tarnac : arrestation et perquisition
Un jeune homme a été interpellé mardi matin par la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire.
L'interpellation a eu lieu place de l'Église à Tarnac, à 6h30 du matin, au domicile d'un suspect considéré par les enquêteurs comme un "proche" du groupe auquel appartenait Julien Coupat.
Selon un témoin, les enquêteurs auraient enfoncé la porte. Christophe, âgé d'une trentaine d'années, a été interpellé. Il est père de deux enfants de 3 et 5 ans. Sa compagne, Manon, faisait partie des neuf mis en examen. Une perquisition de son domicile a été effectuée. On le soupçonnerait d'avoir falsifié des documents d'identité. Vingt personnes avaient été arrêtées le 11 novembre 2008. Toutes sont aujourd'hui libérées. Et tous ceux qui ont été placés sous contrôle judiciaire dans l'attente de leur jugement se disent victimes d'un procédure menée par le gouvernement parce qu'ils incarneraient une menace terroriste d'ultra gauche. Mercredi des avocats des suspects et des parlementaires de gauche doivent s'exprimer à l'Assemblée nationale. Dans un communiqué, ils protestent contre l'utilisation des lois antiterroristes "détournées contre des militants politiques". Ils parlent de diversion médiatique et de dossier vide.
Leur presse (Christian Belingard, France 3 LPC), 24 novembre.
Tarnac : "Les policiers ont braqué un enfant de quatre ans"
L'avocat de Christophe B..., interpellé ce matin à Tarnac, dénonce les méthodes de la police antiterroriste.
Jérémie Assous est l'un des avocats qui assure désormais la défense des «Neuf de Tarnac». Manon G..., l'une des mis en examen dans cette affaire, lui a demandé d'assurer la défense de Christophe B..., son mari, interpellé ce matin à Tarnac. Ce dernier ne pourra voir son avocat qu'à l'issue de sa garde à vue dont la durée a été fixée à 72 heures.
Que savez-vous sur l'arrestation de ce matin ?
Ils (les policiers de la sous-direction antiterroriste, NDLR) ont cassé la porte de l'appartement ce matin à 6h30. Ils ont procédé au placement en garde à vue de Christophe B... Ils ont procédé à une perquisition lors de laquelle ils ont tout retourné dans l'appartement. Face à la peur et à l'angoisse des enfants, notamment du petit de 4 ans, ils ont eu comme réaction pour le calmer de le braquer. Comme si braquer un enfant de 4 ans pouvait le calmer. C'est la deuxième fois qu'ils procèdent de la sorte alors que les coordonnées de M. B..., ils les ont dans le dossier depuis de nombreux mois. Une simple convocation aurait permis d'obtenir le même résultat.
Cette interpellation n'est pas un hasard, selon vous ?
Ce qui est intéressant, c'est que ça tombe pile la veille d'une réunion où nous sommes, nous avocats de la défense, invités par certains députés à l'Assemblée nationale [...] Pile la veille d'un article qui devrait être publié demain dans le Canard Enchaîné qui met en cause la version policière. Mais aussi, l'avant-veille d'un article qui doit être publié dans le Nouvel Observateur. Et surtout, un mois presque, jour pour jour, après qu'on ait déposé sur le bureau du juge d'instruction, une note qui démontre le fait que Julien Coupat et Yldune Lévy n'étaient pas présents à Dhuisy là où l'une des voies ferrées du TGV est a été sabotée.
La réaction du juge Fragnoli, plutôt que d'instruire à décharge et d'exploiter les éléments qu'on lui soumet, c'est de procéder à de nouvelles arrestations. C'est strictement similaire à ce qui s'est passé plus tôt cette année à la suite de certaines remises en liberté avec l'arrestation de "proches" de Julien Coupat [Ce fut le cas notamment de Tessa, membre du comité de soutien de Paris, interpellée le 28 avril, puis relâchée sans qu'aucune charge ne soit retenue contre elle].
Le juge Fragnoli n'est pas prêt à procéder à une reconstitution de la nuit des événements, les lieux étant soi-disant trop loin. Mais il est prêt à envoyer des policiers à 430 km de Paris pour placer quelqu'un en garde à vue !
Pour vous, tout cela est ridicule ?
Quand on pense qu'on en est à auditionner, notamment la jeune fille au pair que Julien Coupat a eu, il y a 22 ans [...] Si on en est là. Si une instruction antiterroriste ne propose rien d'autre, mieux vaut effectivement la suppression du juge d'instruction.
Propos recueillis par Mickaël Nicolas
Leur presse (La Montagne), 24 novembre.