La Maison Mimir, squat strasbourgeois, signera prochainement un bail emphythéotique
La mobilisation massive visant à contester la décision d'expulsion et la non-communication de la Mairie a porté ses fruits, opérant ainsi un renversement total de la situation !
Amimirs d'ici et d'ailleurs, merci pour votre soutien !
Hier soir, suite à nos courriels et à l'efferscence de la mobilisation strasbourgeoise, M. Bies (notre interlocuteur) nous avait contacté téléphoniquement pour nous donner rendez-vous aujourd'hui (lundi 11 avril) à 14h15 afin de ré-engager le dialogue entre Mimir et la Ville.
Ce matin, la conférence de presse a attiré de nombreux journalistes. Nous attendons avec impatience la sortie des différents articles et reportages.
Le rendez-vous d'aujourd'hui a permis bien plus que la simple reprise du dialogue. M. Bies s'est engagé au nom de la Mairie à signer avec l'association Mimir un bail emphytéotique (12 ans minimum) avant fin juin.
Au courant de l'après-midi, le Conseil muncipal a voté un budget de 15'000 euros en vue de la réfection d'une poutre de la bâtisse principale de la Maison Mimir.
D'ici la fin de semaine (rendez-vous par encore fixé) nous rencontrerons une cadre administratif de Habitation Moderne pour discuter au sujet du contenu du contrat de bail.
Tous ensemble nous avons prouvé que nous pouvions créer pour résister et nous organiser pour faire entendre nos voix ! Gardez l'œil sur la suite des évènements, on vous tiendra au courant !
À très bientot dans les pénates du bonheur ou ailleurs !
LE PROJET CONTINUE ET CONTINUERA ENCORE AU MOINS 12 ANS !
Chez Mimir, 11 avril 2011.
À Strasbourg, le squat Mimir balaie la menace d'expulsion de la mairie PS
Rue Prechter, jadis rue des Filles de joie, au cœur du quartier tradi-branché de la Krutenau, à Strasbourg. La menace d'expulsion ne plane plus sur la maison Mimir, un squat investi en janvier 2010 et accueilli initialement avec bienveillance par la mairie PS de Strasbourg.
Les sept occupants de la bâtisse appartenant à la ville, peuvent de nouveau penser à l'avenir de leur association. Avec une cinquantaine de membres, ils veillent à l'organisation de nombreuses activités culturelles à prix libre. Ils se chargent aussi d'aider les plus démunis comme les gens de la rue.
L'huissier, tout perdu dans le squat : «Il s'agit d'une expulsion»
Jeudi, vers 11 heures, un huissier est venu leur transmettre un commandement de quitter les lieux le mardi 12 avril. Jonathan, installé à la maison Mimir dès le début du projet, explique :
«L'huissier a débarqué en plein travaux pour construire la cuisine commune. Nous portions des masques et étions pleins de poussière. Au début, nous n'avons pas réalisé. Nous lui avons même dit de s'assoir et de prendre un café. Lui, il regardait à droite, à gauche et se demandait à qui il pouvait s'adresser. Et puis, il a fini par dire : “Il s'agit d'une expulsion.”»
Les occupants organisent aussitôt une riposte tranquille, hèlent la mairie à travers la presse locale, le tractage et les sympathisants, afin de renouer le dialogue. Celle-ci ne cède pas et entend régler des problèmes de voisinage.
Même menacée, Mimir accueille des SDF dans ses douches
Samedi après-midi, les amis de chez Mimir (les «amimirs» pour les initiés) se retrouvent dans la petite cour intérieure baignée par le soleil. Autour d'un café et d'une guitare, on ne parle que de la décision «soudaine» de la ville.
Plusieurs personnes rédigent des lettres, rassemblent les feuillets de pétition. D'autres partent acheter de la colle à tapisserie bon marché pour placarder des affiches. Certains habitants, plus anxieux que leurs colocataires, commencent à mettre certaines affaires à l'abri.
Mais il n'est pas question que Mimir ferme. «Même dehors, on continuera nos activités sociales, culturelles et solidaires», assure Renaud Tschudy, l'un des co-fondateurs du squat et porte-drapeau de la cause Mimir.
Alors, dans la maison de 600 m2, on continue d'accueillir quelques SDF venus prendre une douche, à repeindre les murs qui ont besoin d'un coup de neuf et à partager avec les visiteurs. Un vrai lieu «de passage et de philanthropie» aiment à dire les frères fondateurs. Renaud souligne :
«Chez Mimir, on a vu passer des bébés de quelques mois et notre plus vieux visiteur avait 88 ans. C'est un endroit plus ouvert que d'autres squats.»
«Pas besoin de pub, le bouche à oreille suffisait»
En un an, les initiateurs du projet n'en reviennent pas de leur réussite. Préférant le geste à la parole, des travailleurs sociaux et des anciens de la rue ouvrent le squat pour en faire une pépinière d'idées et un refuge.
Au terme «squat», «mal vu par les gens», ils préfèrent «maison» et choisissent Mimir, en référence au dieu de la sagesse dans la mythologie nordique. Christophe Grangirard, l'un des fondateurs, parti il y a un mois à Morlaix (Finistère) chercher du travail et rentré en urgence pour soutenir ses amis, raconte :
«Les gens aimaient bien dire “on va chez Mimir”, ça faisait convivial. Ils finissaient même par chercher qui était Mimir.»
L'association «a été victime de son succès», résume Renaud Tschudy. «C'est pour cela que l'on tenait à sa confidentialité. Pas besoin de pub, le bouche à oreille suffisait», ajoute-t-il.
Le collectif a démarré son activité sociale en octobre 2010 et accueilli 4000 personnes en un an. Jonathan poursuit :
«Au départ, on tâtonnait. Un jour un ami à cuisiné un mafé pour trente personnes afin de nous remercier. Quelques semaines plus tard, on organisait un repas hebdomadaire à prix libre. On accueillait plus de cinquante personnes à chaque fois.»
Ni concerts, ni travaux… et la Mairie revient sur sa décision
Tout au long du week-end, les élus locaux, leurs collaborateurs et des jeunes militants socialistes endimanchés, peu coutumiers des squats alternatifs et autogérés, défilent à la maison Mimir. Ils constatent, à la veille du conseil municipal à Strasbourg, l'urgence de la situation.
Face à la mobilisation croissante, l'adjoint au maire Philippe Bies propose une entrevue lundi après-midi. Les habitants espèrent faire valoir leur sérieux et leur motivation renforcée. Plusieurs dizaines d'«amimirs» les accompagnent en musique aux portes du centre administratif de la Communauté urbaine de Strasbourg.
À la sortie, c'est la liesse générale. Renaud Tscuhdy signale au mégaphone que la Mairie est revenue sur sa décision. Ils peuvent continuer d'occuper l'immeuble à condition de ne plus organiser de concerts ni réaliser de travaux.
Philippe Bies : «Il s'agissait de créer un électrochoc»
La ville s'engage en contrepartie à rénover les lieux et établir sur le long terme un bail. Une enveloppe de 15'000 euros s'apprête à être débloquée. Jérémy Marinello, l'un des habitants de la maison, s'exclame :
«On ne s'attendait pas à un tel retournement de situation. On pensait juste reprendre les discussions. Plusieurs d'entre nous sont sceptiques et attendent de voir un papier signé.»
Pour la Municipalité, ce contrat n'est pas un changement de position. «Il s'agissait de créer un électrochoc», estime Philippe Bies qui dit «avoir toujours cru en leur projet». Simple avertissement ou recul de la Mairie qui voulait éteindre une patate chaude, les amis de chez Mimir ne veulent pas se perdre en conjecture.
L'heure est avant tout au redéballage de cartons. «La démocratie, c'est exister et créer. Nous on ne demande justement qu'à exister et créer», insiste Renaud Tschudy qui repart célébrer la longue vie de Mimir avec ses colloc.
Pauline Croquet - Rue 89, 12 avril.
Strasbourg : Un nouvel accord entre les squatteurs de la maison Mimir et la Ville
À l'issue de leur rencontre avec l'adjoint au maire Philippe Bies lundi à 14h15, les occupants de la maison Mimir, derrière les Bains municipaux, ont passé un nouvel accord avec la Ville de Strasbourg. L'expulsion, dans l'immédiat, n'est plus à craindre.
Les occupants de la maison Mimir, un squat social et culturel alternatif au 18 rue Prechter, ont obtenu satisfaction. Mardi matin, à l'heure où ils devaient quitter les lieux selon un commandement d'expulsion, ils pourront reprendre leurs activités auprès des démunis et des gens de la rue. Lors d'un entretien avec l'adjoint au maire Philippe Bies, lundi après-midi, les sept habitants de la maison ont conclu un nouvel accord avec la Ville de Strasbourg propriétaire de la bâtisse. Ils peuvent continuer d'occuper l'immeuble à condition de ne plus organiser de concerts ni réaliser de travaux. La Mairie s'engage en contrepartie à rénover les lieux et établir sur le long terme un bail.
Aujourd'hui, lors du Conseil, les élus doivent décider de débloquer 15'000 euros pour réaliser les travaux au 18 rue Prechter. «Et dans la semaine, nous devrions signer un protocole avec engagement réciproque», a assuré Philippe Bies à l'issue de l'entrevue. «Si tout se résout d'ici cet été, ce sera parfait» a-t-il ajouté.
En parallèle, lundi après-midi, les membres du collectif se sont installés place de l'Étoile pour exposer au grand public leurs activités. Une cinquantaine d'amis de la Maison étaient présents pour soutenir les occupants. La sénatrice et conseillère municipale Fabienne Keller (UMP) est allée à leur rencontre pour assurer de son soutien. «L'expulsion n'est pas une réponse» a-t-elle déclaré devant un public plutôt frileux.
Après avoir investi en janvier 2010 l'immeuble de trois étages inoccupé depuis 11 ans, les fondateurs du projet Mimir avaient passé un accord oral avec la Ville de Strasbourg pour rester et faire vivre la structure. Suite à un litige avec le propriétaire public, les squatteurs avaient reçu un commandement de quitter les lieux le 12 avril. Les membres défendent un projet culturel et social auprès des personnes dans le besoin ou à la rue. En demandant l'expulsion, la Mairie, de son côté, entendait mettre fin aux problèmes de voisinage et «créer un électrochoc», selon Philippe Bies qui dit «avoir toujours cru en leur projet».
Le collectif Mimir a reçu énormément de marques de soutien durant ces quatre jours d'incertitude. Tout au long du week-end, les occupants de la maison, la cinquantaine de bénévoles de l'association et de nombreux amis de Mimir se sont mobilisés : tracts, affiches, discussion avec le voisinage mais aussi avec quelques élus ou proches collaborateurs. Les habitants du squat ont notamment reçu la visite d'élus Verts à la Mairie venus s'enquérir de la situation avant le Conseil municipal de lundi après-midi.
Pauline Croquet
Leur presse (Dernières Nouvelles d'Alsace), 11 avril.
Strasbourg : Menaces sur la maison Mimir
Un avis d'expulsion va entrer en vigueur ce soir à minuit.
Sous peine d'être expulsé, le collectif de la maison Mimir est sommé de mettre la clé sous la porte avant ce soir minuit. Il y a quelques semaines encore, la ville envisageait pourtant de signer un bail lui permettant d'utiliser légalement la bâtisse du 18, rue Prechter. Ses occupants, qui squattent depuis janvier 2010, l'ont transformé en un espace socioculturel autogéré, comprenant un bar et une bagagerie pour Sdf. Ils y organisent des cours de couture … des soirées et des concerts.
Quid des concerts ?
«Malgré un rappel à l'ordre en décembre, ils ont continué les concerts qu'on leur avait demandé d'arrêter, explique Philippe Bies, l'adjoint au maire (PS) chargé du dossier. En outre, ils ont commencé des travaux alors qu'on leur avait dit de ne rien faire tant qu'un permis n'était pas déposé. Nous avons tenu nos engagements, pas eux. Nous étions prêts à travailler avec des gens responsables, pas avec des rigolos.»
Sur la question des travaux, Jérémy, membre du collectif, est perplexe. «J'ai jamais entendu parler d'interdiction, dit-il. Et puis, nous n'avons pas entrepris des travaux lourds mais des petites rénovations esthétiques.» S'il reconnaît qu'ils se sont «un peu égarés» pour les concerts, selon lui, aucune fête «ouverte au public» n'a été organisée depuis le 7 janvier. Déplorant «un manque de dialogue avec la mairie», le collectif refuse l'idée de quitter la maison qui a «surtout une vocation sociale». Il appelle à renouer les discussions avec la ville et à un rassemblement parc de l'Étoile, sous les fenêtres de la CUS, cet après-midi.
Leur presse (Philippe Wendling,
20 Minutes), 11 avril.