L'étape suivante

Publié le par la Rédaction



L’étape suivante
(Deuxième version, mars 1963)

Après les entretiens intensifs qui ont eu lieu entre le 10 et le 18 octobre 1961 à Hambourg, nous sommes parvenus à la conclusion générale que :

1. Les spécialistes de la pensée, de la logique, du langage et du langage artistique, de la dialectique et de la philosophie, avaient en gros abandonné ou n’avaient pas hérité des thèmes principaux, des résultats, des ambitions historiques, de l’audace dans la critique, des espoirs méthodiques, des rêves et des souhaits de leurs prédécesseurs ;

2. Pour ces raisons, nous avons été contraints d’adopter l’hypothèse suivante : en tout homme des pays industrialisés, on peut découvrir, sous une forme ou sous une autre, une aspiration évidente à une vie quotidienne intéressante et à la critique — par nous formulée — de sa mise en scène, même si cette aspiration et cette critique sont en grande partie refoulées.

On ne peut pas dire qu’avant octobre 1961 nous nous soyons sentis isolés, comme cela peut sembler normal pour d’autres groupes d’avant-garde. Nous avons passé ces années en bonne société, sur des positions à l’écart du monde des spécialistes (voir les numéros 1 à 7 de la revue Internationale situationniste), n’ayant eu ni plus ni moins de perspective que, par exemple, un artiste isolé, c’est-à-dire la perspective de trouver un jour un écho plus large. En octobre 1961, le degré d’espérance mathématique de nos perspectives s’est élevé brusquement, car nous avons connu et reconnu notre «isolement» comme un moment contenu dans toutes les formes du vécu. (Moment : crise, rencontre ou instant ?)

L’étape suivante de l’I.S. consiste à tirer une conclusion claire de cette transformation brusque de la probabilité.

La conclusion que nous avons tirée : si donc, malgré toute apparence et toute démonstration contraire, notre existence est démontrable, alors nous devons la démontrer et nous allons nous attacher à le faire.

Attila Kotányi
Der Deutsche Gedanke no 1, avril 1963.

Traduit de l’allemand par Luc Mercier (Archives situationnistes, vol. 1, Documents traduits, 1958-1970, Contre-Moule/Parallèles, 1997).

Publié dans Debordiana

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