Journée de manif sauvage à Lons (Jura), 21 octobre
Voilà le récit d'une journée qui on peut dire a été militante de 5 heures à 18 heures !
Aujourd'hui jeudi 21 octobre 2010 à Lons-le-Saunier, après avoir décidé en A.G. de réveiller madame la préfète du Jura à 6 heures du matin, nous nous sommes réunis à 5h30 dans des locaux syndicaux. Étaient présents militants NPA, sympathisants CNT, lycéens d'organisations [indépendantes], syndicalistes FSU. 6 heures du matin : nous sommes quatorze personnes et décidons de mettre en place une table et des cafés chauds ainsi que des croissants (vu le nombre, faire du bruit nous paraissait «chaud» !) — surtout quand à notre arrivée il y avait une voiture de police, une banalisée et deux RG ! (Un sms a circulé et le Progrès avait été contacté.) Mais du coup bonne ambiance, un article dans la presse et ça nous a permis de discuter politique et luttes.
Dès 7h30 au lycée Jean-Michel en rejoignant ceux de Montciel un peu plus haut s'est faite une manif spontanée sans syndicats majoritaires ou autres formes autoritaires ! Nous avions juste deux drapeaux noirs et un CNT. Des jeunes sur-motivés et surpris d'avoir la parole par rapport au déroulement de cette manif. Car nous avons dû prendre la parole en leur nom et voté à mains levées en précisant qu'en aucun cas nous étions les chefs ou autres formes d'autorité bureaucratique. Et durant le parcours des slogans criés tels que : «Grève, grève, grève générale», «Sarko, facho, le peuple aura ta peau», «La jeunesse emmerde Nicolas Sarkozy», «Solidarité avec les travailleurs», «Sarko si tu savais … Aucune aucune hésitation … Nan nan nan … Sarko démission !»
Plusieurs votes à main levée ont eu lieu :
— Décisions d'aller au lycée Jean-Michel pour motiver ceux qui étaient restés en cours ; — Rentrer dans les cours de classe pour déranger les cours ; — Déranger l'arrivée de madame la préfète dans le lycée (deuxième tentative), car il y avait une action pour la sécurité routière.
La principale du lycée Jean-Michel qui nous dit : «Est-ce que c'est vous les représentants ou coordinateurs ?» et «Si vous ne quittez pas le lycée la police sera appelée et vous écoperez d'une amende». Ce n'étaient en aucun cas des menaces mais des avertissements. Et aussi des jeunes pions et autres formes d'autorité qui nous répétaient que nous ne contribuons pas à une image positive du mouvement ! C'est sûr me direz-vous, quand il n'y a aucun chef ou représentant qui sont là pour rentrer en dialogue avec préfet, police pour s'assurer qu'il ne se passe absolument rien ! on voit bien que la peur change de camp.
Puis nous avons décidé de nous réunir place centrale des jets d'eau pour refaire une manif à 13h30.
Après une bonne soupe de courge à la crème, nous sommes allés au rendez-vous et là, environ 200 personnes étaient présentes (chiffres donnés par trois personnes). Une fille décide d'appeler un jeune [syndicaliste] MJS qui n'était pas très loin de cette place, et lui répond que ce n'était pas une manif autorisée, et donc qu'il ne pouvait en aucun cas la faire avec nous ! La révolution se fera sûrement dans le calme, avec autorisation et en chantant avec la police !!! Puis en votant, les lycéens ont décidé de retourner au premier lycée du matin, mais sur place étaient présents CPE et principale.
Et là plusieurs votes à main levée ont eu lieu :
— Rentrer dans ce lycée par derrière ; — Aller dans un lycée privé catholique ; — Aller à la préfecture ; — À la gare SNCF ; — Aller au McDo (à côté de la gare) ; mais qui par la suite ne s'est pas fait.
Une fois derrière le lycée, vers le gymnase, une pionne nous bloque l'accès en élevant la voix. Les lycéens décident de rentrer dans le gymnase où se déroulait un cours de sport, pour le faire arrêter. Je repère un flic en civil qui regarde de très près ce qu'il se passe.
Puis suite au vote, les 200 personnes partent direction un lycée privé catholique tout en bloquant la circulation sur le périphérique de la Vache qui rit (eh oui c'est dans le Jura qu'on fabrique les portions - lol). Et là une porte de derrière qui donne accès aux cuisines est ouverte et s'en suit une dizaine de personnes qui rentrent et se font sortir direct par le chef cuisto… Un portail a côté en fer est fermé, nous tentons de l'ouvrir en force, ce qui se passe grâce un type avec des gros bras ! Mouvement de foule dans la cour de ce lycée, ils tentent de rentrer dans les salles de cours mais se font virer et la CPE, principale nous prient de partir (les flics en civil sont là, toujours un œil sur eux).
Et là, direction la pref' (troisième tentative pour essayer de la déranger - lol). Mais la pref' était fermée, nous tentons de passer par derrière, mais là le portail était en train de se refermer avec deux policiers prêts à intervenir.
C'est là qu'en voyant la gare SNCF, et suite au vote, nous partons bloquer la gare. Et arrivés à l'immense carrefour où il y avait beaucoup de circulation, un blocus spontané se fait. 15 minutes plus tard des immenses bouchons s'aperçoivent (bien que des voitures font demi-tour ; mais pour les poids lourds c'est impossible). Une voiture de police arrive et descendent des agents de police avec un en civil assez jeune, habillé à la mode, avec une matraque et crâne rasé (franchement ce type nous a pas inspiré confiance) et du coup on a hurlé pour que le monde bouge pour aller dans la gare foutre un bordel monstre avec nos sifflets et slogans : «Grève, grève, grève générale», «Solidarité avec les travailleurs / salariés». Les gens ne bougeaient pas et étaient très surpris de notre arrivée. Quant aux cheminots, ils étaient à 200% avec nous !! Et en parlant avec le chef de gare, il nous dit qu'à la gare de Besançon un blocage a lieu ! Nous partons sur les rails mais une partie avait peur d'y aller dû au fait de se faire écraser, du coup on leur explique que les trains ont été arrêtés. 10 minutes plus tard les mêmes flics arrivent fin chauds pour nous péter la gueule ! (du moins c'est l'impression qu'on a eu). Et là, mouvement de panique : tout le monde court hors de la gare et les flics se sont donc calmés et ont donné aucun coup ni même de lacrymo.
De nouveau un vote a lieu, cette fois juste entre lycéens (c'est magnifique l'autogestion quand ça fonctionne !!). Ils décident d'aller dans un lycée agricole, mais là moi je me retire discrètement avec mon drapeau noir en évitant les flics car en voyant ces jeunes autogérés, motivés, ne voulant ne pas s'arrêter juste sur une réforme, mais voulant comme nous tous, virer ce gouvernement raciste et avoir une société plus juste.
Sur le chemin du retour j'ai eu droit à un fuck de la part d'un type dans sa voiture avec sa femme… Certes… P.-S. : Une journaliste est venue me voir et m'a demandé qui on était et pourquoi on manifestait. Je lui ai répondu que nous manifestions déjà contre la réforme des retraites pour être solidaires avec les salariés et d'autre part contre ce gouvernement, sa répression, la politique de Sarkozy et que la jeunesse en avait ras le bol pour rester poli. J'ai signé par «des camarades», mais en regardant sur le site du Progrès aucun article. À vérifier — beaucoup de RG / flics en civils présents, mais qui en aucun cas nous ont manqué de respect ou provoqué (étrange me direz-vous, mais c'est mieux ainsi) et aucun débordement a eu lieu ou n'a été à signaler, enfin de ce que j'ai pu voir.
Je tiens à dire que suite à une A.G. intersyndicale avec entre autres la FSU, qui a eu lieu mardi soir, nous étions une petite dizaine : du privé non syndiqués, lycéens d'organisation [indépendante], sympathisant CNT. Et qu'en écoutant leurs bilans du Jura on a tous eu l'impression qu'ils nous endormaient ! Alors j'ai levé la main et j'ai demandé pourquoi on avait toujours l'impression que c'était toujours eux les chefs ?? Et là genre, on m'a gentiment dit qu'il n'y avait pas de chef - lool. Et d'autres lèvent la main : C'est au peuple de gérer les A.G. et non les syndicats ! Et la réponse a été : Le peuple c'était tout à l'heure dans la rue. On a parlé de la lutte anti-CPE et on nous a répondu que cette lutte-là n'a rien à voir avec aujourd'hui !!
Puis on leur a demandé s'ils comptaient que sur le nombre de manifestants dans les rues pour faire tomber ce gouvernement ?? Et la réponse a été que oui et qu'en aucun cas il faut sortir du cadre de la légalité !
Puis on a eu droit à des morales syndicalistes majoritaires d'un homme et d'une femme qui du coup nous a endormi et pris du temps sur nos discussions ! Pour finir au moins quatre sont partis à leurs réunions privées puis on a pu quand même émettre une liste d'actions à faire.
SI JE PEUX ME PERMETTRE :
JE VOULAIS JUSTE DIRE AUX SALARIÉS OU LYCÉENS DE FAIRE GAFFE AVEC CES SYNDICATS MAJORITAIRES QUI COLLABORENT DIRECTEMENT AVEC LA POLICE / PRÉFECTURE ET LE POUVOIR EN PLACE DE SARKOZY ET QU'EN AUCUN CAS ILS ONT PARLÉ D'ALLER PLUS LOIN QUE CETTE RÉFORME.
NOUS VOULONS UNE SOCIÉTÉ PLUS JUSTE ET LA DÉMISSION DE N. SARKOZY
Des jeunes précaires de France,
vendredi 22 octobre 2010.