Grèves dans les ports français : le conflit se durcit
«(…) il existe des secteurs plus stratégiques que d’autres. La décision de partir en grève illimitée dans des grandes usines, dans les transports (…) Bloquer les transports, par la grève, c’est bloquer l’économie, il en serait de même si c’étaient les ouvriers des raffineries, par exemple, qui se mettaient en grève illimitée.»
Camille Boudjak, Un mouvement qui s’éveille
Initiative Communiste-ouvrière, 26 septembre 2010.
Grève du port de Marseille : 37 navires toujours bloqués, le conflit se durcit
La situation s’est durcie vendredi matin sur le Grand port maritime de Marseille (GPMM), où 37 navires, pétroliers, gaziers ou chimiquiers étaient toujours au large dans l’attente d’un hypothétique déchargement, a-t-on appris auprès du port.
Le trafic d’hydrocarbures représente près de 60% du tonnage actuel du port et une rupture des approvisionnements des quatre raffineries de la zone de Marseille, qui assurent le tiers du raffinage français, est à craindre.
La CGT annonce un blocage quasi total pour vendredi et le week-end. De source syndicale, on indique que les salariés grévistes pourraient organiser en signe de protestation une action d’éclat vendredi avant 15h, heure à laquelle une conférence de presse doit être organisée. Ils réclament notamment la reconnaissance de la pénibilité de leur travail et refusent d’appliquer la réforme portuaire en cours.
Longuement réunies au siège du port, la direction du port et la CGT ne sont pas parvenues jeudi à trouver un terrain d’entente pour sortir du conflit. La situation risque d’être d’autant plus tendue que 14.000 croisiéristes sont attendus ce week-end à Marseille.
La préfecture de Corse a annoncé jeudi qu’elle avait pris des mesures de limitation de l’approvisionnement en gasoil.
Leur presse (AP), 1er octobre.
(…) Tous les accès au port de Marseille-Fos sont bloqués vendredi matin par le personnel et les dockers dans le cadre de la journée d’action contre la réforme portuaire. “On a bloqué tous les accès, c’est un mouvement à la fois contre la réforme des ports et contre le projet de réforme des retraites. On avait dit il y a quelques jours que l’on envisageait de durcir le mouvement. La situation d’aujourd’hui est une étape supplémentaire et il y aura sans doute d’autres actions dans les prochains jours”, a déclaré Pascal Galeoté, leader du syndicat CGT des agents des bassins Est et des terminaux pétroliers. Selon lui, les accès au port resteront fermés toute la journée et il n’est pas exclu que le mouvement se poursuive dans les jours qui viennent. (…)
Leur presse (AFP), 1er octobre.
Nouvelles grèves dans les ports français
Le projet de réforme des retraites complique encore la mise en œuvre de la réforme portuaire.
Le bras de fer entre la CGT et le gouvernement a repris. À Marseille, en pointe dans la contestation contre la réforme portuaire votée en juillet 2008, le trafic pétrolier du Grand Port maritime (GPMM) est paralysé depuis lundi. Plus de 30 navires sont en attente de déchargement au large. Ce mercredi, le terminal à conteneurs de Mourepiane était également bloqué par des agents grévistes pour 24 heures. «L’action la plus visible et la plus dure est celle concernant les terminaux pétroliers, mais nous n’excluons pas d’étendre le mouvement reconductible à l’ensemble du port», a indiqué ce mercredi Pascal Galéoté, secrétaire CGT du GPMM.
Par ailleurs, dans l’ensemble des ports français, grutiers et dockers, qui observaient déjà une heure de grève par service à l’appel de la Fédération nationale CGT des ports et docks (FNPD), travaillent désormais «dans le strict respect des règles de sécurité», ce qui se traduit par une chute de 50 à 60% des cadences. La situation n’est pas près de s’arranger. La FNPD durcit le mouvement et a appelé l’ensemble des ports à observer une grève de 72 heures, les 1, 2 et 3 octobre, reconductible chaque week-end.
Éviter les ports français
Deux actions syndicales se télescopent. Au niveau national, la FNPD refuse de voir enterrées les promesses de mise en place d’un dispositif de départ à la retraite anticipé en raison de la pénibilité des métiers de grutiers et de dockers, faites par Dominique Bussereau, secrétaire d’État aux Transports, lors de la signature de l’accord-cadre de la réforme des ports. Problème, le projet de loi de réforme des retraites ne prévoit pas de négociations par branche sur le sujet de la réforme portuaire. «Cela ne concerne que 2000 personnes ! La réponse est politique et non économique», s’insurge Stephan Stamatiou, secrétaire CGT des dockers de Fos.
Au niveau local, la déclinaison de la réforme portuaire déclenche d’autres actions. À Marseille, c’est la création d’une filiale pour accueillir l’activité pétrolière du GPMM qui a mis le feu aux poudres. «Le volume d’hydrocarbures traité par le GPMM va chuter de 63 millions de tonnes à 47 millions» estime Pascal Galéoté qui, du coup, émet un doute sur la viabilité de cette filiale.
Face à ces blocages et dysfonctionnements des ports, les chargeurs sont en train de s’organiser pour éviter les ports français. «De nombreux distributeurs et importateurs ont pris par précaution la décision de dérouter leurs marchandises au moins jusqu’à la fin de l’année», souligne Philippe Bonnevie, délégué général de l’association des utilisateurs de transport de fret. Les Unions maritimes de plusieurs ports ont lancé des cris d’alarme.
Leur presse (Ivan Letessier, Le Figaro), 30 septembre.