Gestion de la précarité à Paris : la mairie expulse et arrête

Publié le par la Rédaction

Une centaine de personnes ont occupé cet après-midi un bâtiment vide depuis des années pour obtenir le relogement de la Cip. Alors que nous étions en négociations avec le maire du XIe arrondissement et qu'il garantissait ne pas faire appel aux forces de l'ordre ni porter plainte, le cabinet de Delanoé, sous couvert de Paris Habitat, société en charge du parc immobilier de la ville de Paris, a demandé notre expulsion immédiate. Les forces de l'ordre ont découpé au chalumeau les portes de l'immeuble et investi le bâtiment. Tous les occupants ont été évacués manu militari, gazés dans les escaliers et embarqués dans les cars de Police. Paris Habitat aurait porté plainte contre les occupants. Nous exigeons la libération immédiate de tous les occupants, le retrait de toute plainte si elle a été déposée et le relogement de la Cip.

 

CIP-IDF, 11 mars 2011.

 

 

Réponse au communiqué de la Mairie de Paris suite à l'expulsion du 63-65 boulevard de Charonne

 

Aucun dialogue n'est possible, disent-ils…

 

Rappelons les faits. Les négociations avec la mairie de Paris concernant le relogement de la Cip-idf ont commencé il y a trois ans et demi. Informés de la fin de notre convention d'occupation, nous avons nous-même pris contact avec la mairie de Paris pour trouver une solution. Suite à plusieurs réunions, une première adresse nous a été proposée, 241 avenue Gambetta. La Mairie nous proposait d'occuper le tiers d'un espace dont le reste devait rester vide. On sait que la mairie se sert des associations pour gardienner son patrimoine intercalaire, celui qu'elle veut voir rester vide en attendant d'y réaliser ses projets immobiliers. Pour poursuivre nos activités dans de bonnes conditions, nous avions besoin de la totalité du lieu. La mairie a refusé.

 

Elle nous a ensuite proposé le 106 rue Curial. Nous l'avons immédiatement refusé, estimant qu'il devait revenir aux habitants de ce quartier pauvre en équipements collectifs (nous connaissons bien le quartier : nous y sommes depuis sept ans, juste en face : quai de Charente). D'ailleurs, la mairie de Paris s'est engagée à construire sur cet emplacement un jardin collectif, à juste titre attendu par les habitants. Et nous ne voudrions en aucun cas retarder ce projet et entrer en «concurrence» avec ceux qui doivent en bénéficier.

 

Nous avons nous-même cherché des lieux vides appartenant à la mairie de Paris. Nous lui avons fait cinq propositions. Aucune suite favorable ne nous a été donnée. Et puis pendant deux ans, la mairie ne s'est adressée à nous que par le biais d'une procédure judiciaire qui a abouti logiquement à un avis d'expulsion assorti d'astreintes exorbitantes (90'000 euros à ce jour). Le 2 mars, à notre demande, pour sortir de cette situation de blocage, nous avons une nouvelle fois rencontré la Mairie de Paris. Nous avons proposé de revoir notre cahier des charges pour faciliter notre relogement. La mairie a sauté sur l'occasion pour nous proposer un espace minuscule (70 m2 de bureaux) très loin des besoins réels de la coordination.

 

Nous sommes toujours ouverts au dialogue. Encore faudrait-il que la mairie de Paris prenne en compte les besoins réels des intermittents, précaires, étudiants, retraités qui vivent, travaillent, chôment dans cette ville. Notre expulsion du 63-65 boulevard de Charonne, alors même qu'une délégation était dans le bureau du directeur de cabinet du maire d'arrondissement, nous démontre le contraire. On sait aussi que la mairie a obtenu aujourd'hui de la part du préfet l'autorisation de nous faire expulser par la police du 14-16 quai de Charente où nous sommes actuellement. Que des intermittents, des précaires, des chômeurs, des étudiants s'organisent collectivement posent les questions de revenus, de logement qu'ils rencontrent quotidiennement, pour les rendre visibles dans l'espace public semble déplaire à la majorité municipale. Que la Coordination des intermittents et précaires soit expulsée à l'heure où s'ouvrent les négociations sur l'assurance-chômage où, encore une fois, les droits des chômeurs seront à nouveau attaqués, ne semble pas déranger la mairie. Elle s'offusque de nos actions à son encontre, et semble déplorer nos méthodes, mais nous ne sommes ni des courtisans ni des partenaires sociaux. Nous sommes des intermittents, des chômeurs, des précaires, des étudiants en lutte.

 

Nous restons ouvert au dialogue, la mairie l'est-elle vraiment ?

CIP-IDF, 12 mars.

 

 

 

La CIP s'installe au 63-65 boulevard de Charonne

LA MAIRIE DE PARIS VEUT EXPULSER LA CIP DU 19e
LA CIP S'INSTALLE DANS LE 11e

 

On y est. La mairie de Paris ne voulait pas nous reloger à la hauteur de nos nécessités, de nos activités. On s'est relogé nous-même, dans un lieu appartenant bien-sûr à la mairie. Cela se trouve au 63-65 boulevard de Charonne. Il y a deux ans et demi, nous avions proposé à la mairie qu'elle nous reloge dans ce lieu. Elle avait refusé, s'obstinant à nous proposer des espaces inadéquats. Ce lieu était vide depuis. Suite à un rassemblement, nous l'avons investi avec l'intention d'y rester à moins que la mairie nous cède un lieu correspondant à nos attentes.

 

Pour rappel, la mairie de Paris nous a affirmé qu'elle n'hésiterait pas à recourir aux forces de l'ordre pour nous expulser du quai de Charentes que nous occupons depuis années. Sa dernière proposition en date est 70 m2 de bureaux.

 

Nos activités ne rentrent pas dans 70 m2 de bureaux. Nous avons besoin, collectivement, de nous organiser, de réfléchir, de faire la cuisine, de projeter des films, de fabriquer des banderoles, de venir sans rendez-vous, de résister à l’arbitraire de Pôle emploi et de la CAF, de lire, de discuter, d’écrire, de produire des analyses, d’envisager de nouvelles actions, de partager une bibliothèque, de tenir des assemblées houleuses ou pas, de prendre nos repas ensemble, d’accueillir des camarades de passage, de rencontrer d’autres luttes, de dessiner des affiches, d’échapper à l’isolement et à la platitude d’une vie tout entière soumise à la norme de l’emploi.

 

Parce que nous avons besoin de lieux pour habiter le monde, nous agissons pour le relogement de la CIP. 

 

CIP-IDF, 11 mars.

 


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