Feu aux camps ! / Incendie au centre de rétention de Marseille
À Bruxelles dans le centre fermé 127bis de Steenokkerzeel, le 13/02, une tentative d’évasion échoue : affrontements entre gardiens et détenus qui sont alors obligés de dormir hors de leurs chambres fouillées. Puis, le 15, un Égyptien sans papiers de 18 ans, venu d’Italie pour rejoindre son frère, résiste à son expulsion : quatre gardiens l’emmènent dans une cellule d’isolement, le tabassent et le torturent, en le menaçant s’il continue de résister et imagine revenir en Belgique. Une grève de la faim collective éclate, et le 20 une manif de soutien a lieu : parloirs sauvages, chambre incendiée, et un détenu qui s’évade !
À Vincennes en France, une grève de la faim éclate le 21/02. «Marre qu’on nous réponde toujours non à tout ce qu’on demande (…) non pour voir l’infirmerie, non pour tout. Et surtout, on est en grève de la faim contre les expulsions» explique un retenu au téléphone le 25. L’un d’eux se fait tabasser par les flics, et à plusieurs reprises ont lieu des descentes punitives dans le centre survolé par un hélico de la gendarmerie pour prévenir toute évasion. Les portables sont confisqués, les cabines téléphoniques mises sur écoute et filmées. Le 5/03 a lieu une manif de soutien ponctuée de parloirs sauvages.
En Italie c’est une traînée de poudre dans les derniers jours de février : à Ragusa 33 personnes s’échappent d’un centre «d’accueil» semi-fermé ; à Gradisca les enfermés détruisent toutes les chambres du centre d’identification et d’expulsion sauf une, 5 Tunisiens sont incarcérés ; à Trapani les retenus saccagent le mobilier ; à Turin une tentative d’évasion échoue mais quatre blocs d’habitation sont incendiés ; à Modena aussi une évasion est ratée, mais lors d’une manif de soutien des feux éclatent et le mobilier des chambres est sorti dans la cour aux cris de «Liberta!», 8 Tunisiens sont transférés on ne sait où ; à Bologne, le 1/03, quelques jours après qu’un Tunisien se soit cousu les lèvres pour éviter l’expulsion, des soutiens occupent et bloquent l’entrée du CIE. À chaque fois, des contacts renouvelés entre le dedans et le dehors, des infos sur les révoltes circulant entre les villes, et l’influence déterminante des sans-papiers tunisiens.
Résistons ensemble no 95, mars 2011
Contre les violences policières et sécuritaires.
Incendie au centre de rétention du Canet
Les feux sont partis simultanément de deux cellules hier, le reclassement des retenus a duré toute la nuit.
«Le Centre de rétention administratif du Canet est en l’état, totalement inutilisable», constate Bernard Reymond-Guyamier, directeur zonal de la Police aux frontières (PAF). À 17h02 très précises hier, les alarmes incendies du Centre de rétention administrative (CRA) se sont déclenchées, entraînant la mise en place du protocole d’évacuation «des zones de vie» de l’établissement.
«Un retenu intoxiqué par des fumées très noires a été emmené à l’hôpital de Lavéran en urgence absolue», précise le capitaine de frégate Yannick Martin, commandant des opérations de secours des marins-pompiers de Marseille. Les deux autres personnes gravement intoxiquées, comme les 31 retenus incommodés, étaient traitées sur place dans un poste médical avancé.
Le feu s’est déclaré dans une cellule au premier étage d’une aile avant que quelques secondes plus tard un deuxième ne démarre au rez-de-chaussée de l’autre aile. «Ces similitudes ne sont pas un hasard», suspecte Bernard Reymond-Guyamier, une enquête est ouverte auprès de la Sûreté départementale. Des couvertures amassées semblent avoir servi pour attiser les flammes.
Par propagation, trois cellules étaient entièrement détruites par les flammes ainsi qu’une salle de repos. Les murs noircis et l’air difficilement respirable rendent la rétention des 52 sans-papiers présents dans le centre impossible.
Transférés ou libérés
La préfecture de région se chargeait donc de trouver une solution pour chacun des retenus amassés sous des couvertures bleues dans un fond de cours du CRA. «Ce sont les préfectures qui ont demandé la rétention de chacun et qui décident du transfert vers d’autres CRA de la région, au cas par cas», précise Bernard Reymond-Guyamier. Or, les CRA de la région débordent pour la plupart. «Des libérations sont envisagées», confesse-t-on à la préfecture de Région. «Les décisions seront prises le plus vite possible», assure le directeur de la PAF. Transferts et libérations se sont déroulés tout au long de la nuit.
Garo Hovsépian, maire socialiste des 13e et 14e arrondissements où se trouve le CRA, est venu s’assurer du bon traitement des retenus : «Les protocoles d’évacuation ont été respectés, des médecins les prennent en charge et personne heureusement n’a son pronostic vital d’engagé.» Et de rappeler sa position par rapport aux CRA : «Il y a ici des personnes de tous âges de toutes conditions, il faudrait des CRA plus humains, plus digne.»
Celui du Canet a vu l’une de ses ailes fermée depuis quelques temps pour cause de légionellose.
Leur presse (Philippe Pujol,
La Marseillaise), 10 mars.
Incendie aujourd’hui mercredi 9 mars au Camp de rétention de Marseille (CRA du Canet) : 31 blessés, dont 3 grièvement
23 heures. Tous les retenus du CRA sont en route pour celui de Nîmes, dans un car bondé.
19 heures. Les retenus sont toujours dehors avec des couvertures sur le dos. 31 auraient été plus ou moins intoxiqués, dont 3 grièvement.
Un poste médical avancé s’est mis en place du côté de la zone d’attente. Pas d’évacuation vers hôpitaux apparemment, présence du SAMU et de nombreux pompiers. Les personnes intoxiquéeont été placées sous oxygène.
Il circule de la bouche de flics, pompiers, Forum Réfugiés sur place que l’ensemble des retenus seraient libérés ce soir !!!
Un incendie au centre de rétention administrative (CRA) de Marseille a fait 35 blessés dont la plupart ont été soignés sur place dans un centre de secours qui y a été installé.
L’incendie, maîtrisé aux alentours de 18H00 et dont l’origine est pour le moment inconnue, a également provoqué d’épaisses fumées et de nombreuses intoxications.
Au total, 31 personnes auraient été légèrement intoxiquées, quatre plus gravement, sans que l’on sache si leurs jours sont en danger, et 16 personnes sont sorties indemnes.
Fin décembre, le CRA du Canet avait temporairement fermé en raison d’un problème de légionelles, entraînant transfert et libération de détenus.
Espérons que tous les retenus du CRA du Canet vont être libérés car décidément, les conditions d’«accueil» (qui suivant les textes sont apparentées à de l’hôtellerie) laissent plus qu’à désirer !!!
Mille Bâbords, 9 mars.