Fête de la musique : La police travaille à Poitiers
À propos des arrestations de la Fête de la musique…
Les arrestations de la Fête de la musique n’ont en soi rien d’extraordinaire si l’on se rapporte au contexte de répression que connaît Poitiers depuis un an. Pas besoin de citer une nouvelle fois ici toutes les arrestations, contrôles d’identité, procès, incarcérations, fichages, qu’ont connu depuis un an bon nombre de personnes sur cette ville. Ce qui s’est passé depuis lundi aurait pu arriver bien avant tellement la flicaille pictave «veut la peau» de ceux qu’ils caractérisent comme «anarchistes». Pour autant, même si nous connaissons ces pratiques de l’ennemi, flics et Justice main dans la main, on ne peut pas se contenter de dire «c’est normal». Tout simplement parce que le premier sentiment qui nous anime après l’incarceration de 5 de nos camarades est la rage !
Le contexte c’est d’abord une Fête de la musique complètement morte parce qu’institutionnalisée. Rues vides, concerts choisis, présence policière massive, un cocktail détonnant qui traduit exactement l’apathie de cette ville. Mais il suffira aux flics, baceux et à notre très cher commissaire Papineau de repérer une quinzaine de têtes connues pour avoir un objectif dans la soirée. Des regards échangés, des phrases lâchées, une surveillance accrue, il suffisait juste d’attendre «le bon moment». Le prétexte, ce sera une soi-disant menace accompagnée d’un pseudo-jet de canette et ça y est tout est réuni pour faire un lynchage politique Place de la Liberté. Nous n’entrerons pas dans les faits, il suffisait de voir l’état de nos 6 camarades (contusions, fatigue…) à la comparution immédiate ainsi que les sourires des flics pour comprendre «qu’ils se sont fait plaisir» tout en gérant bien leur affaire pour les envoyer au trou. Plus de 30 flics au procès, 12 se portant partie civile, un préfet qui annonce que c’est l’État lui-même qui porte plainte, des articles de journaux décrivant l’extaordinaire violence des personnes arrêtées, le chef des RG présent, un flic avec une attèle qui peine à montrer qu’il ne sait pas faire semblant de boiter, un commissaire Papineau sur son 31 faisant un entrée spectaculaire ; bref il ne manquait plus, comme le dira d’ailleurs une avocate, que la venue du ministre de l’Intérieur et la pièce du 10 octobre était rejouée. Outrage, rebellion et violence sont cités en chefs d’inculpation. Heureusement nos camarades décident de ne pas accepter la comparution immédiate, cet outil formidable de la justice pour annihiler toute possible défense, ce qui leur vaudra le renvoi du procès au 8 juillet et la détention provisoire à la prison de Vivonne pour cinq d’entre eux et un contrôle judiciaire pour la dernière.
Qu’ils se sentent aussi libres dans leurs façons d’agir n’est que la traduction d’un rapport de force en leur faveur. Grèvistes, sans-papiers ou «radicaux» en font les frais depuis trop longtemps. Plus que jamais nous appelons à ce que la peur change de camp.
Rendez-vous devant le Palais de Justice de Poitiers le 8 juillet à 16h !
Solidarité avec les incarcéré-e-s !
Nous ne nous laisserons pas abattre
car la joie et la rage animent nos vies !
Courriel, 24 juin 2010.
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Répression baqueuse à Poitiers
Les 6 copains/copines dont il est question plus bas viennent cet après-midi vers 17 heures de passer en comparution immédiate. Ils et elles refusent cette comparution immédiate. Le Procureur réclame une détention provisoire dans l’attente du jugement, on saura dans la soirée si le juge suit ou pas. Ils ont été amochés mais rien de très grave.
Il s’agit toujours des mêmes règlements de comptes de la BAC, du préfet, du commissaire Papineau avec les mêmes éléments considérés comme «anarcho-autonomes».
Dans la soirée, 5 sur les 6 ont été placé en détention provisoire dans l’attente du procès le 8 juillet.
Organisation communiste libertaire, 23 juin.
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Rixe avec la police : cinq blessés, six interpellés
L’arrestation d’une jeune femme qui avait menacé le patron de la police a dégénéré, lundi, dans la nuit. Pris à partie, cinq policiers ont été blessés.
La Fête de la musique traîne toujours dans son sillage quelques débordements. Une vingtaine de personnes ont été interpellées pour une série de méfaits au cours de cette nuit-là.
Mais, ce qui s’est passé vers 1h30 du matin est d’un autre ordre. Ce n’est pas juste un débordement en marge des festivités musicales, mais plutôt le dernier épisode d’un jeu de provocation qui dure depuis des mois. «Une agression gratuite», résume le procureur de la République.
Des coups et des morsures
Vers 1h30 du matin, dans le secteur de la rue de la Regratterie, une jeune femme visiblement ivre apostrophe un groupe de policiers. Le directeur de la police est là. «Il est alors visé par une menace de mort», explique le procureur. «Elle lui a dit “Papineau on aura ta peau”», précise une source policière. Une menace largement diffusée par des tags sur les murs de la ville au début de l’année.
Une bouteille lancée vers le patron de la police explose ensuite à ses pieds. Le commissaire Papineau course la jeune femme suspectée du jet de bouteille. Elle est rattrapée vers la place de la Liberté.
«Au début l’interpellation se déroulait plutôt normalement. Mais, elle a commencé à se débattre quand elle a vu ses copains arriver. Il a fallu la maîtriser», explique un policier. La situation dégénère en affrontement.
Une rixe oppose les policiers et le groupe. «Ils ont reçu des coups de pieds, de poings et même des morsures», relève le procureur de la République. Cinq policiers sont blessés. Des renforts convergent alors vers la place. Au final, six personnes suspectées de violence contre les forces de l’ordre sont interpellées. «Ça a été très chaud aussi dans le commissariat. Il a fallu du monde pour les surveiller», expliquent des fonctionnaires de police. Un médecin venu ausculter un des interpellés aurait même été violenté.
Les auditions des interpellés se poursuivaient, hier, et le procureur ne se prononçait pas sur les suites judiciaires potentielles. Les interrogatoires ne portent pas seulement sur les faits de la nuit écoulée. Les enquêteurs de la PJ sont aussi intéressés par les suspects arrêtés. Ils sont en effet saisi d’une enquête concernant les menaces de mort contre le patron de la police et les tags qui avaient couvert à Poitiers.
Les syndicats de police en colère
Les syndicats de policiers sont en colère après les événements survenus. En colère face à une montée de la violence qui les touche souvent. En colère, contre le traitement qui leur est réservé au CHU. Cinq policiers ont été blessés par les coups. Trois souffrent de contusions, notamment le directeur de la police ; deux fonctionnaires font l’objet d’un arrêt de travail. Une femme a eu un doigt cassé ; un policier, plus sérieusement touché à un genou, est arrêté quinze jours.
«Ce que je trouve inadmissible», réagit Alain Pissard, secrétaire départemental du syndicat Unité police, «c’est qu’ils ont zéro jours d’ITT. C’était déjà pareil la dernière fois quand un collègue a été blessé à un bras lors de la tentative d’évasion d’un prévenu. Il a été arrêté quarante-cinq jours, mais il a zéro jours d’ITT. Je trouve cela révoltant. On a l’air de trouver cela normal que des policiers soient blessés.»
Le syndicat Alliance a réagi aux événements pour apporter son soutien aux «collègues blessés dans leur action pour assurer la sécurité des Poitevins».
Leur presse (La Nouvelle République), 23 juin.
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Rixe avec la police : six personnes jugées aujourd’hui à Poitiers
L’ambiance risque d’être électrique, cette après-midi, aux abords du palais de Justice de Poitiers. Six personnes sont jugées en comparution immédiate pour des violences contre les forces de l’ordre.
Les faits se sont déroulés dans la nuit de lundi à mardi, vers 1h30 du matin, place de la Liberté. Cinq policiers ont été blessés au cours de cette bagarre.
Elle avait débuté par une menace de mort lancée par une jeune femme contre le patron de la police. Il avait aussi été visé par le jet d’une bouteille en verre. Coursée dans les rues, la jeune femme avait été rattrapée place de la Liberté. Son interpellation a tourné au vinaigre quand ses copains sont venus la rejoindre. Une bagarre a alors éclaté faisant des blessés uniquement du côté de la police, selon le parquet de Poitiers.
Six personnes sont alors placées en garde à vue. Après 48 heures d’audition, elles sont toutes jugées aujourd’hui en comparution immédiate.
Le préfet de région, Bernard Tomasini, a annoncé qu’il portait plainte au nom de l’État après ce qui s’est passé. Il l’avait déjà fait après les tags proférant des menaces de mort contre la police, en février dernier. «Je le fais systématiquement quand des fonctionnaires sont insultés, menacés et blessés. Ce qui s’est passé n’est pas neutre. Ces agissements sont le fait d’une minorité qui s’oppose à la Loi et aux forces de l’ordre. J’apporte tout mon soutien au directeur de la police et à ses fonctionnaires.»
En réaction aux événements de la nuit de lundi à mardi, une série d’affichettes ont fleuri dans les rues du centre-ville, mardi. Des affichettes photocopiées et apposées sur du mobilier urbain qui dénoncent «un tabassage gratuit par la police envers des passants est-ce normal ?» Une jeune femme de 26 ans, repérée par la police en train de les coller, a été interpellée mardi soir.
Leur presse (La Nouvelle République), 23 juin.
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Rixe place de la Liberté : cinq jeunes en détention
Cinq des six jeunes soupçonnés de violences contre la police dans la nuit de lundi à mardi sont partis en détention en attendant leur procès le 8 juillet.
«Courage, on vous soutient. Vous n’avez rien fait !»
Avant le départ pour la prison, familles et amis se manifestent
quand les policiers embarquent les cinq prévenus vers Vivonne.
Une bouteille qui éclate au pied du patron de la police. C’est le point de départ d’une folle soirée en marge de la Fête de la musique dans les rues piétonnes de Poitiers, de la rue de la Regratterie à la place de la Liberté. Une soirée qui se termine par une bagarre entre des policiers et un groupe de jeunes qui veulent s’opposer à l’interpellation de leur copine, Nina, soupçonnée d’avoir jeté la bouteille et d’avoir prononcé la phrase fatidique : «Papineau on aura ta peau !»
Résultat des courses : six interpellations, cinq policiers blessés, des jeunes contusionnés. Et un nouvel épisode des relations tendues entre militants locaux, la police, la justice et la presse. Une mayonnaise qui rappelle furieusement l’épisode des comparutions immédiates après les violences du 10 octobre. La référence est dans tous les esprits.
La douche froide du délibéré
Hier, le parquet décidait de juger en comparution immédiate les six jeunes de 19 à 24 ans arrêtés au cours de la nuit de lundi à mardi après la rixe. Ils sont soupçonnés des mêmes faits. La justice reproche à Nina, Adrien, Sami, Clément, Yvane et Medhi d’avoir lancé une bordée d’injures sur les policiers, de leur avoir porté des coups et de s’être rebellés lors de leur interpellation. Douze policiers se sont constitués partie civile dans ce dossier. Au procès marathon de l’après 10-Octobre, les avocats, ont préféré laisser passer du temps. À tour de rôle, les six prévenus répètent la même phrase : «On demande un délai.»
«Oui, nous le demandons pour plusieurs raisons. Nous considérons que les conditions ne sont pas requises pour un procès serein et équitable et ils ne sont pas en état d’être jugés aujourd’hui, regardez-les», tempête Simone Brunet au nom de ses cinq collègues avocat de la défense.
Elle donne une couleur politique au dossier : un harcèlement contre des jeunes connus pour leur militantisme. Et elle évoque, tour à tour, l’article paru hier sur l’affaire, la présence policière au tribunal, une instruction bâclée, une enquête confiée à la PJ, une référence constante au 10-Octobre dans les auditions et un simple «copier-coller» des faits reprochés. «Comme s’ils avaient dit ou fait les mêmes choses au même moment !»
Le procureur défend pied à pied cette conviction. «Ils ont tout fait en coaction, chacun a une responsabilité dans le tout», résume Laurent Roulaud. «Ce sont des personnes qui ont toujours nié les faits, qui ont été violentes et qui ont proféré énormément de menaces.» Il réclame leur maintien en détention dans l’attente du procès.
«Mais que voulez-vous qu’ils aillent faire à Vivonne ? C’est de la vengeance publique !», s’exclame Malika Ménard, avocate de Nina. «Le commissaire dit qu’il n’a pas vu qui a jeté le projectile. Après, il a vu Nina, alors, nécessairement, c’est elle, c’est bien connu il n’y a qu’elle de connue pour ça !» Les avocats pilonnent à tour de rôle les réquisitions de mandat de dépôt.
À 19h30, le délibéré prend la salle à froid. Cinq des six prévenus partent quinze jours en détention en attendant leur jugement, programmé le 8 juillet. Seule Yvana ressort libre, sous contrôle judiciaire, dans une ambiance tendue. Les slogans entendus en octobre dernier viennent de reprendre du service.
Le préfet porte plainte et soutient la police
Le préfet de région, Bernard Tomasini, a annoncé qu’il portait plainte au nom de l’État après ce qui s’est passé dans la nuit de lundi à mardi. Il l’avait déjà fait après les tags proférant des menaces de mort contre la police et son directeur, en février dernier. «Je le fais systématiquement quand des fonctionnaires de police sont insultés, menacés et blessés. Ce qui s’est passé n’est pas neutre. Il y a eu une menace de mort contre le directeur de la police, le commissaire Papineau, et des violences.»
Interrogé sur la personnalisation, localement, d’un conflit entre le patron de la police et certains groupes locaux, le préfet affiche son soutien aux forces de l’ordre.
«Le climat actuel n’est pas le fait des forces de l’ordre, elles font leur travail conformément à la déontologie. Ces agissements sont le fait d’une minorité qui s’oppose à la loi et à l’ordre.
J’apporte tout mon soutien au directeur de la police et à ses fonctionnaires. Les citoyens respectueux des règles n’ont pas cette attitude envers la police, tout ceci est le fait d’une partie marginale de la population.»
La plainte du préfet, au nom de l’État, a fait l’effet d’une bombe parmi les avocats des six prévenus, hier. «C’est du jamais vu», s’est emportée l’avocate Simone Brunet. «On veut faire pression sur les magistrats. On veut prendre la justice en otage !»
Arrêtée après avoir collé des affiches dénonçant un «tabassage gratuit»
Après la rixe survenue dans la nuit de lundi à mardi entre des policiers et un groupe venu soutenir une jeune femme en cours d’interpellation, des affichettes ont fleuri dans la ville.
Mardi soir, une jeune femme est repérée en train de coller sur tous les supports possibles, bancs, poteau, armoires électriques, des affichettes photocopiées. Le titre «Fête de la musique» n’a pas grand-chose à voir avec le reste du texte. Il dénonce ce qu’il qualifie de «tabassage gratuit de la police envers des passants Place de la Liberté», le tout sous la direction du patron de la police. «Est-ce normal ?», conclut l’affichette. Le procureur de la République parlait bien, lundi, d’une «agression gratuite» contre les forces de l’ordre et non l’inverse. Il assurait qu’aucun des interpellés n’avait été blessé.
La jeune femme de 26 ans, repérée par la police en train de coller les affichettes en ville, a été interpellée puis relâchée après quelques heures de garde à vue. Le parquet indique qu’il n’a pas pris de décision sur son sort judiciaire.
Leur presse (Emmanuel Coupaye, Centre Presse), 24 juin.