Femmes de Fleury... et d'ailleurs
Au loin, j’ai vu un monstre.
En m’approchant, j’ai vu une femme.
De près, j’ai vu une sœur.
Nous sommes des femmes, des jeunes filles, parfois des enfants… Nous sommes nées en France ou ailleurs. Nous sommes incarcérées. Nous sommes déjà condamnées ou supposées innocentes… Même ici, à Fleury, nous sommes séparées les unes des autres. D’un côté, les prévenues, qui attendent… un jugement peut mettre quatre ans à venir. De l’autre, les condamnées, qui attendent… leur sortie, un aménagement de peine ou un transfert dans une autre prison.
Enfermées et séparées, nos paroles, nos joies, nos colères, nos cris, nos S.O.S., nos tristesses ne peuvent franchir les murs. Les murs des enceintes, entre dehors et dedans, les murs de la peur, de l’ignorance, entre vous et nous.
Nous, Femmes de Fleury, qui vivons dans cet univers clos, sans vie et sans espoir, nous avons décidé que notre parole allait franchir l’enceinte de ces murs et de ces barbelés, grâce à ce blog et grâce à chacune de nous. Car nous sommes toutes importantes et nous ne voulons plus garder pour nous nos souffrances, nos combats, nos envies… et surtout nos rêves.
Bien que coupées de vous à l’heure où la télévision regorge d’émissions et de reportages sur la prison et sur les personnes qui la vivent, nous avons beaucoup de choses à vous dire, mais aussi à partager et à construire avec vous qui nous lirez…
Nous, Femmes de Fleury, nous nous adressons aussi à toutes les autres femmes des prisons de France et d’ailleurs, car c’est ensemble et avec elles toutes que nous voulons reprendre possession de nos vies, mises entre parenthèses le temps de l’enfermement. En nous mettant en ligne, nous prenons la vie à bras le corps et nous nous raccordons au fil de l’espoir.
Rien n’est encore créé. Mais notre envie est là : se parler, s’unir, trouver des relais à l’extérieur afin d’activer les solidarités. Ici, nous déposerons des témoignages, des poèmes, des petites annonces… Beaucoup parmi nous ont besoin de correspondant(e)s, d’employeurs, d’un hébergement… parfois d’une simple main tendue… Mais nous avons toutes besoin de solidarité.
Femmes de Fleury.