Émeutes de la faim réprimées au Mozambique
Mozambique : au moins quatre morts après les manifestations protestant contre la hausse des prix
Des coups de feu retentissaient encore jeudi à Maputo, après la mort d’au moins quatre personnes mercredi tués lors d’émeutes entre la police et des manifestants qui protestaient contre l’augmentation des prix au Mozambique.
Un porte-parole du ministère de la police Pedro Cossa a précisé à l’AP que quatre personnes avaient été tuées, dont deux manifestants abattus par la police, et 26 autres blessées. Deux policiers avaient été frappés la veille par la foule en colère.
D’après la chaîne de télévision privée, S-TV qui cite des sources hospitalières, sept personnes ont été tuées, dont deux enfants pris dans les violences à la sortie de l’école.
Plusieurs milliers de manifestants, essentiellement des hommes jeunes, ont défilé mercredi dans les rues de Bagamoyo, un quartier pauvre situé dans le nord de Maputo. Ils appelaient à manifester à nouveau jeudi et vendredi, des manifestations déclarées illégales par la police.
Le prix du pain a augmenté de 25% en un an au Mozambique. Les prix de l’essence et de l’eau ont aussi enregistré une hausse.
Dans une déclaration radio-télévisée mercredi soir, le président Armando Guebuza a demandé aux Mozambicains de ne pas protester jeudi, assurant que son gouvernement ferait de son mieux pour baisser les prix. Il a précisé que le Mozambique ne produisait que 30% du blé nécessaire au pays et importait le reste.
Leur presse (AP), 2 septembre 2010.
L’armée se déploie sur fond d’émeutes au Mozambique
Le Mozambique a déployé des troupes jeudi afin d’enlever des barricades dressées à Maputo où, pour le deuxième jour consécutif, des habitants ont bloqué des rues avec des pneus en feu et pillé des boutiques pour dénoncer un relèvement des prix du pain.
Le gouvernement s’est réuni en séance extraordinaire et a lancé un appel au calme. Son porte-parole, Alberto Nkutumula, a déclaré que les troubles avaient fait sept morts et 280 blessés.
«Nous condamnons les actes de violence et exhortons tous les citoyens à garder leur calme», a-t-il dit.
La police a fait savoir que l’armée avait été envoyée dans la capitale pour enlever des barricades érigées dans les rues par des milliers de manifestants.
«L’armée a été mobilisée pour débarrasser la ville (des barricades), pas pour rétablir l’ordre et la sécurité publique», a dit Pedro Cossa, porte-parole du commandement général de la police, à la télévision nationale (TVM).
Deux enfants figurent parmi les sept personnes tuées mercredi. La police avait ouvert le feu au cours des incidents les plus graves observés depuis les «émeutes de la faim» de 2008 dans l’ex-colonie portugaise d’Afrique australe.
Pauvreté
Ces violences ont coïncidé avec l’entrée en vigueur d’une hausse de 30% du prix du pain dans l’un des pays les plus pauvres du monde. Ce relèvement s’ajoute à une flambée des prix de l’essence et d’autres produits de première nécessité. Environ 70% des habitants vivent au-dessous du seuil de pauvreté.
Le gouvernement a fait savoir jeudi qu’il ne reviendrait pas sur le relèvement des prix.
«Les hausses de prix sont irréversibles», a déclaré Alberto Nkutmula aux journalistes après la réunion du cabinet.
Les écoles et la plupart des commerces étaient fermés jeudi et les habitants formaient de longues files d’attente devant les rares boulangeries ouvertes.
Le ministre de l’Intérieur, José Pacheco, a indiqué jeudi qu’une enquête était ouverte en vue d’identifier la source des courriels et SMS diffusés depuis mardi qui invitent la population de la capitale à rallier les manifestations.
Il a aussi assuré sur la chaîne privée STv que les forces de l’ordre qui ont ouvert le feu sur les manifestants n’avaient pas reçu l’ordre de tirer à balles réelles.
Selon des responsables de la police, des balles réelles ont bien été tirées mercredi en certains points de la capitale par des policiers à court de projectiles en caoutchouc.
Le Mozambique, qui souffre encore des effets de la longue guerre civile qui l’a déchiré entre 1976 et 1992, est tributaire de ses importations en provenance d’Afrique du Sud, dont le coût a augmenté récemment en raison de la hausse du rand.
En 2008, des «émeutes de la faim» contre le coût de la vie et la hausse du prix de l’essence avaient fait au moins six morts. Le gouvernement avait accepté de baisser le prix du diésel pour les taxis minibus.
Leur presse (Reuters), 2 septembre.
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